Derrière cette affiche girly, se camoufle un premier long-métrage étonnant ou tout du moins original. Elsa Amiel, la réalisatrice, fine jeune femme ( dans tous les sens du terme) plonge le spectateur dans un univers très rarement utilisé au cinéma : le monde du culturisme féminin. Il y a du gloss, des paillettes, des bikinis mais aussi des corps de jeunes femmes bodybuildées à l'extrême, des êtres aux apparences musculeuses qui n'arrivent pas à masquer une certaine masculinité ou tout du moins celle que l'on peut donner aux hommes puisque les biceps et autres pectoraux développés peuvent faire partie de la panoplie du mâle. Mais, quelque soit le genre, sous cette force apparente, se cachent des êtres souvent faibles, aux nombreuses fêlures tant narcissiques que psychologiques. En glissant sa caméra dans les coulisses d'un championnat de culturisme, la réalisatrice aurait pu se contenter d'une histoire proche du documentaire tant le déroulé des épreuves tient du suspens. De la préparation avec son entraîneur, à la fois gourou et "père" incestueux, en passant par les jalousies, les vacheries déstabilisantes et jusqu'au résultat, la caméra a de quoi capter. Seulement, Elsa Amiel désire porter sa réflexion plus loin, vers un sujet plus dérangeant qui a à voir avec le genre et qui interroge la maternité et son soi-disant instinct. En flanquant dans les jambes de son héroïne toute à son concours, un fils qu'elle n'a pas vu depuis des années, le scénario prend un relief différent. Sans jamais s'appesantir, la caméra nous donne vraiment à ressentir avec ces plans de cette femme hors norme ( regardez comme ce terme ressemble visuellement à hormones) prenant dans ses bras son petit garçon, voire même ceux du générique de début où ses muscles filmés au plus près de la peau pourraient très bien être ceux d'un homme. Nous sommes très loin des représentations, de la femme, de la maternité diffusées depuis des siècles. Il y a comme une perte de repère voulue, assumée, qui fonctionne très bien.
Ce premier film, sortant des sentiers battus, assez abouti ( avec une gestion du temps et des espaces pas trop crédible lorsque Pearl sort du lieu de concours) étonne par son ambition, son regard. Elsa Amiel a des choses à dire, à montrer et pour une fois que ce n'est pas du narcissisme auto-biographique, ayez la curiosité d'aller à la rencontre de Pearl, vous devriez ne pas le regretter.
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