jeudi 31 janvier 2019

Festival Premiers Plans Angers 2019



Rien ne vaut le festival Premiers Plans d'Angers pour saisir l'air du temps saisit par des jeunes talents actuels qui font ici leurs premiers pas. 
Paradoxalement, le public, fort nombreux, se compose, en grande partie de troisième âge... gourmand, curieux mais aussi  vindicatif voire agressif envers quiconque veut s'installer sur les places qu'ils estiment les meilleures et qu'ils réservent pour leurs copains arrivant en retard ! 
Si en soirée, le public jeune est encore moins nombreux, ce n'est pas le cas en journée où, drivé par quelques profs surmenés ou stoïques, il emplit les salles, mettant de l'ambiance mais aussi croquant sans vergogne des chips durant les séances ou gloussant en choeur dès qu'un peu de nudité ou de sexe apparaît à l'écran. 
L'ambiance reste toutefois joyeuse malgré, il faut bien le dire, une sélection qui risque de mener au suicide quelques spectateurs dépressifs venus au festival pour se changer les idées. Qu'est-ce qu'ils sont pessimistes ces jeunes réalisateurs !!!  Pour le moment, à moitié festival,  pas un émule de Buster Keaton ou de Jerry Lewis en vue! On lorgne plus vers Haneke ou Tarkovski et donc vers la possibilité d'être surtout vu en festival, et si par bonheur un distributeur ou la presse s'emballe, peut être dans les salles. Malgré tout, la sélection se révèle de bon niveau, plombante, formellement pas bien originale mais avec une certaine qualité narrative. Les grands thèmes du moment sont là : L'immigration et ses multiples effets, présente dans au moins trois films ( dont  "Saf" du turc Ali Vatansever, âpre et prenant et l'étouffant et sans concession "Cutterhead"  du danois Rasmus Kloster Bro ), le harcèlement des femmes ( dans le réussi "Comme si de rien n'était " de l'allemande Eva Trobish), les méfaits de l'ultralibéralisme ( " Ceux qui travaillent" du Suisse Antoine Russbach). Les jeunes cinéastes européens donnent leur vision d'un monde qui bouge. Seule la réalisatrice russe Nataliia Meshchaninova avec le gadouilleux " Core the world" a irrité une bonne partie du public en présentant des écologistes dans le rôle des méchants, face aux bons chasseurs utilisant les animaux de façon assez bestiale. Ce film a au moins le mérite de nous présenter une autre vision de ce cinéma qui est loin d'être uniquement composé de réalisateurs " bien pensants" ( et souvent produit par l'Europe). Côté français, seuls deux films nous ont été présentés et bizarrement ayant le même point de départ : la sortie de prison d'un jeune adulte. Si " L'ENKAS" rate son objectif avec un scénario mal ficelé et des dialogues pas toujours audibles ( mais son réalisateur voulait donner un rythme hip hop!) le public semble s'être emballé pour l'étonnant "Les drapeaux de papier" du surprenant Nathan Ambrosioni, 19 ans ( chic nous avons notre Xavier Dolan !), qui, même s'il n'évite pas quelques facilités, surprend par sa maturité et par sa direction d'acteurs avec les éblouissants Noémie Merlant et Guillaume Gouix. Et, si j'en juge par les commentaires que n'arrêtent pas de s'échanger les festivaliers dans les files d'attente, le film roumain de Loana Iricaru "Lune de miel", sur le difficile parcours d'une romaine pour obtenir un Green Card aux USA, a, très justement, ému et séduit. 
A priori , on ne s'amuse pas beaucoup dans la salle un peu glaciale du Quai où se déroule cette année le festival , mais heureusement la musique d'Amadou et Mariam ( "Sabali") qui accompagne le clip de présentation chauffe de plus en plus le public avant la projection ! 




1 commentaire:

  1. Vais attendre patiemment que le drapeau passe au vert le 13 février!

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