dimanche 18 juin 2017

Sharko de Franck Thilliez



Il faut bien qu'il y ait un début pour moi, je n'avait encore jamais plongé le nez dans l'oeuvre de Franck Thilliez pourtant fort d'une bibliographie déjà bien fournie puisque le rythme de parution est annuel depuis plus de dix ans.
Sans rien connaître de ses héros récurrents que sont Lucie Hennebelle et Franck Sharko, j'ai découvert ce maître du suspense à la française que l'on m'avait maintes fois recommandé... avec raison.
Ce nouvel opus démarre tambour battant avec un homme dévoré par des requins devant les yeux horrifiés des visiteurs de l'aquarium de Brest. Les squales ont plus vite digéré le plongeur que le lecteur cette mise en bouche gore, que la suite, en  trois brefs chapitres, nous plonge, non pas dans un bassin chloré d'un quelconque Marineland mais dans une intrigue avec pour point de départ un assassinat maquillé car commis par l'héroïne de l'ouvrage, policière au 36 quai des Orfévres. Bien évidemment, une enquête s'ouvre et le lecteur, jolie originalité, voudrait bien qu'elle n'aboutisse pas, l'empathie avec la si sympathique épouse  Sharko jouant à plein. Heureusement, le défunt, une ordure de la pire espèce, membre d'une secte peut être satanique, grand amateur de sang qu'il prend en boisson ou comme  aphrodisiaque en s'en tartinant le corps, embarque les policiers dans des zones sombres, très sombres. En leur collant à leurs Rangers, nous découvrons les agissements particulièrement morbides d'une bande de tarés. Cependant, en parallèle, un policier suspicieux flaire l'anguille sous roche et, malgré une accumulation de victimes, s'approche de plus en plus de la vérité que l'on veut camoufler. Double suspens rondement et magistralement mené qui fait tourner les pages avec avidité.
Ecrit sans aucune fioriture ni prétention littéraire,  recherchant uniquement l'efficacité, "Sharko" après une première partie haletante, s'oriente ensuite vers le thriller scientifique. Les personnes sensibles à la vue du sang en verront de toutes les couleurs, peut être jusqu'à la nausée car l'imagination de Franck  ne s'embarrasse d'aucune limite. De son cerveau, que j'espère dans la réalité porté dans la réalisation de canevas de biches se désaltérant au soleil couchant, jaillissent des situations ébouriffantes à base de tortures et d'assassinats via des transfusion sanguines. Heureusement, cette franche noirceur, limite malsaine, est contrebalancée par une documentation sans faille sur le circuit mondial du sang. Il nous brosse un état des lieux de cette industrie de ce que l'on appelle désormais l'or rouge, parfaite illustration de ce que racontaient les époux Pinçon-Charlot dans leur dernier ouvrage (Les prédateurs au pouvoir ).
Aussi inquiétant que diaboliquement composé, aussi passionnant que remarquablement documenté, jouant avec nos peurs, "Sharko" entre dans la catégorie des bouquins que l'on ne lâche pas jusqu'à la dernière ligne. Et même si parfois l'on frissonne de dégoût, on reste scotché par les talents de conteur d'un virtuose de l'intrigue. 

lundi 12 juin 2017

Une soeur de Bastien Vivès


Contrairement à ce qu'annonce le titre et ce que laisse supposer la couverture avec ce couple s'ignorant sous le soleil d'une plage, aucune soeur dans ce délicat portrait d'un éveil adolescent à la sexualité... ou tout du moins pas réellement car sont évoquées quelques aînées possibles si le sournois malheur de la fausse couche n'avait pas joué son trouble-fête.
Toutefois, Hélène, contrainte de suivre une mère déboussolée psychologiquement suite à une grossesse interrompue à trois mois, échoue dans la résidence de vacances où Antoine, 13 ans, Titi, 10 ans et leurs parents passent leur été. Obligée de partager le quotidien de ces deux jeunots , de supporter leurs jeux mais aussi leurs regards timides, la belle adolescente du haut de ses 16 ans, semble contempler ce petit monde avec dédain. Son physique avantageux, ses airs délurés, quoique mystérieux, en imposent à Antoine. Mais les apparences sont trompeuses... Petit à petit la promiscuité obligée de ce séjour créé des moments de tension érotique. Un jeu troublant va s'immiscer dans les rapports entre Antoine et Hélène, la jeune fille prenant en main cette lente montée vers le plaisir...
Il n'y a rien de plus casse gueule qu'un récit autour de l'éveil des sens et des premiers émois sexuels. Avec "Une soeur", Bastien Vives prouve une fois de plus que non seulement son regard possède la justesse et la sensibilité nécessaires pour un tel sujet mais qu'en plus son dessin si particulier, traduit parfaitement, sans esbroufe et sans une once de vulgarité, les situations les plus délicates. Son art précis du récit, allié à une illustration beaucoup plus douce que dans "Polina ", dont les yeux souvent absents des personnages semblent enlever à cette histoire tout côté voyeur, sait parfaitement retranscrire la tension et les non-dits. Il n'a pas son pareil pour suggérer les mots que l'on ose pas prononcer face à cette énorme nouveauté qu'est l'attirance pour le corps de l'autre, sur cette irrésistible envie de caresses, sur ces gestes que l'on ne fait qu'esquisser timidement face à l'objet de son désir.
Cette  jeune demoiselle, qui passe aux yeux des inconnus pour la soeur des deux frères, peut apparaître parfois comme un tantinet perverse et inquiétante, mais ressemble aussi à l'apparition d'un ange tentateur permettant la plongée d'un jeune garçon dans ce passage si troublant, si mystérieux qu'est la sexualité. Sous les serviettes de plage de la couverture, se cache donc un troublant roman graphique dont la sensibilité et l'authenticité ne laissera personne indifférent.




jeudi 8 juin 2017

La daronne de Hannelore Cayre


Ce polar est un véritable bonheur ! Mais d'ailleurs est-ce réellement un polar ? J'opterai plutôt pour une variation croustillante autour du trafic de drogue...et des EPAD. Oui vous avez bien lu, la maison de retraite, le mouroir, l'antichambre de la mort ou la résidence senior se retrouve au centre du roman mêlé avec toute une bande de petits dealers mous du bulbe mais à l'appétit pour le fric sans limite. Je vous rassure, nos foyers logements aux noms poétiques ne sont pas des plaques tournantes de cannabis directement reliés avec le Maroc ( pays au climat propice à la production d'herbes qui font rire). C'est juste notre héroïne, qui passant beaucoup de temps auprès de sa mère dans un de ces sinistres lieux, en profite pour nous dresser un état sans concession de ces autres machines à fric ! ( Mais qu'est-ce qui à notre époque ne doit pas être d'un bon rapport pour actionnaires toujours plus gourmands ? ). Le gros de l'histoire, une fois sortie de ces couloirs fleurant bon le vieux potage et le désinfectant, se déroule plutôt à Paris où notre brave traductrice pour la police judiciaire se retrouve à passer de l'autre côté de la route. A force de traduire des conversations de petites frappes parlant arabe, on accumule des connaissances , des renseignements, et des opportunités pour finir par cacher dans la cave du sous-sol de son immeuble plus d'une tonne de cannabis. En route pour devenir ce que ses "clients" vont nommer " La daronne" tellement avec sa cinquantaine mémère, elle en impose à ses petits jeunes avec sacoche Vuitton et Porsche.
Loin des petits Balzac du polar, dont les ouvrages font au minimum 350 pages, Hannelore Cayre continue à nous offrir de récits assez courts ( 170 pages pour celui-ci) mais à l'humour et à la densité peu communes dans ce milieu de plus en plus formaté. Dire que c'est un régal reste un peu en-dessous du plaisir énorme que l'on prend à découvrir cette histoire assez amorale mais ô combien réjouissante. Ne nous y trompons pas. En plus d'une intrigue parfaitement maîtrisée, c'est en creux un superbe et grinçant portrait d'une société où l'argent règne en tyran de nos vie. On sent que l'auteur connaît parfaitement ce qu'elle décrit et nous livre, sous couvert de ce roman, le fruit de son regard et de ses analyses, avec une subtile acidité doublée d'un humour ravageur.
Quand récit parfaitement agencé et écriture impertinente et drôle se marient de cette façon, on se retrouve réconcilier avec un genre qui se prend de plus en plus au sérieux et emballe de moins en moins. "La daronne" parvient à marier le côté sociétal noir du polar français et l'implacable drôlerie  des meilleurs pamphlétaires. Un régal ! 

mardi 6 juin 2017

Les prédateurs au pouvoir de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon


Voici un tout petit livre, vite lu, pas cher ( 8 euros) et qui vous en donne plus que 25 ouvrages sur l'économie et 25 autres essais politiques d'hommes de pouvoir visant leur élection. L'économie est énorme et le bénéfice intense ...mais pas pour votre moral.
Comme le livre, je vais être court et précis, ce qui nous attend, nous peuple lambda ne faisant d'aucune façon partie des gens riches de la planète, c'est juste une courbure encore plus prononcée de l'échine. En gros, moins de service public, une planète qui sombrera dans la pollution, de plus en plus de populations paupérisées. Mais qui diable nourrit de tels desseins pour l'avenir ? L'argent tout simplement ou plutôt cette frange finalement très réduite d'hommes et de femmes qui en possède beaucoup et qui veut augmenter toujours plus son magot. Sur ces transats au soleil,  nous trouvons tous ces multimilliardaires connus ou plus discrets qui, à la tête de groupes ou d'entreprises, se partagent le monde avec voracité. A ceux-là, il faut rajouter des demi-sels zélés, un peu vautours, un peu cyniques, bavant d'envie devant quelques billets ( en grosse coupure bien sûr), espérant grappiller quelques petits profits personnels. Ce sont souvent des petits chefs, des veinards qui ont pu ou su s'emparer d'une toute petite part du gâteau, des politiques bien entendu ( Fillon, Le Pen, Macron,...) qui, grâce à une connaissance parfaite du système, du lobbying et des renvois d'ascenseur, peuvent trouver une petite place au soleil.
Aucune théorie du complot là dedans ! Juste la morgue violente de tous ceux qui se shootent aux théories ultralibérales et pour qui l'argent est un sésame pour justifier les pires comportements. Ainsi, et aux hasards des quelques exemples cités par les auteurs, nous constatons l'absolue inconscience écologique des trusts pétroliers ou charbonniers qui ne changent rien et continuent à polluer malgré les accords de Kyoto ou la COP 21. On a juste créé pour eux des produits financiers qui donnent le droit de polluer ( nommés Crédits Carbones). Je vous laisse découvrir, (si vous ne le savez déjà) comment fonctionnent ces  délicieux fossoyeurs de planète mis en place par les riches ! Je peux citer aussi la nouvelle marchandisation de l'humain avec un pays " producteur" de sang à bas prix : les Etats-Unis ! Ou comment une population appauvrie ( et votant pour un tortionnaire encore plus sanguinaire idéologiquement) vend son sang pour survivre, sang racheté en Suisse et revendu à prix d'or. Un petit exemple qui en dit long sur ces riches dont le pouvoir a quasiment gagné insidieusement les esprits.
Même si au final on n'apprend pas réellement grand chose pour peu que l'on soit vigilant à l'actualité, le fait de compiler quelques éléments saillants nous rend cette lecture encore plus effrayante que 1984 car nous ne sommes plus dans la fiction. Comme quelques courageux lanceurs d'alerte, Monique et Michel ( je les appelle par leur prénom car je les aime de faire des livres simples, clairs et pragmatiques) tirent la sonnette d'alarme ! L'argent est une arme de destruction massive. Mais, dans le coffre fort supersonique qui nous sert de voiture ( et dont je n'ai aucune clé)  j'ai bien peur qu'il n'y ai plus de freins. Il fonce de plus en plus vite vers des lendemains qui déchanteront ( cf la magnifique manoeuvre politique actuelle en France...) ...mais pas pour tous !


lundi 5 juin 2017

Monteperdido de Agustin Martinez


Un village isolé des Pyrénées espagnoles se voit le théâtre d'une disparition qui fait froid dans le dos. Deux fillettes de onze ans ont mystérieusement disparu. Recherchées mais jamais retrouvées, cinq années ont passé. Les parents d'Ana et Lucia, voisins d'un lotissement, n'ont pas baissé les bras et continuent à croire à l'impossible : on les retrouvera ! Aucune nouvelle piste n'est pourtant apparue depuis l'enquête sans doute un peu bâclée par la police. Mais voilà qu'Ana, est extraite d'une voiture accidentée. Le conducteur ayant rendu l'âme, la désormais jeune fille, conduite à l'hôpital pour soigner quelques contusions, attise la curiosité et relance bien sûr l'enquête. Que sait-elle ? Connaît-elle son ravisseur ?  Où se trouve sa copine ? Deux inspecteurs madrilènes sont envoyés sur les lieux, à la fois pour mener l'enquête à son terme mais également essayer de calmer les nerfs d'une population soudain bien excitée. Mais rien n'est simple dans cette affaire où tout le monde dissimule quelque chose...
Des histoires de fillettes enlevées et maintenues prisonnières, voilà un thème guère original pour un polar, genre qui se nourrit amplement depuis quelques années de toutes ces affaires de séquestrations. Seulement, ici, pour son premier roman, Agustin Martinez arrive à surprendre le lecteur et à le tenir en haleine durant presque 470 pages. Dès le départ, le genre vole en éclat, l'intrigue tissant petit à petit des liens bien plus complexes qu'il n'y paraît. On comprend très vite qu'à l'image des deux enquêteurs aux rapports intenses mais troubles, rien ne sera aussi simple que pouvait le laisser présager la réapparition de l'une des deux disparues.
La première moitié du roman prend son temps. Elle s'accroche aux nombreux personnages et leur donne une épaisseur. Le retour dans sa famille d'une des deux enlevées nous entraîne tout de suite dans l'action. L'auteur entremêle habilement rebondissements et profondeur psychologique pour nous conduire ensuite vers une deuxième partie plus intense, au suspens bien mené.
Histoire d'enfermement ( physique pour les jeunes filles mais aussi géographique pour les habitants de cette bourgade montagnarde dont l'unique accès se fait par un tunnel étroit), "Monteperdido" attrape le lecteur par son intrigue bien ficelée qui surprend jusqu'au bout. Ce premier roman prometteur, noir et oppressant, se déroulant dans un cadre grandiose mais inquiétant, saura passionner les fans d'intrigues complexes et psychologiques.


dimanche 4 juin 2017

Marie-Francine de Valérie Lemercier


Nous avions laissé Valérie Lemercier avec le très raté " 100 % cachemire", film aux idées satiriques qui virait étrangement cucul la praline. Cette fois-ci avec "Marie-Francine" elle assume complètement son virage vers la comédie romantique et disons-le, ça se laisse regarder.
Même si l'idée du retour chez ses parents d'une grande dadette de 50 ans se révèle plutôt rigolote, Marie-Francine ne sera pas la Tanguy des années 2010. Le sujet finalement assez proche du film de Chatilliez emprunte des chemins nettement moins grinçants, préférant s'intéresser à l'histoire d'amour entre l'héroïne et un cuistot portugais. Le premier tiers, qui sert à exposer la situation, peine à sortir des ornières rebattues d'un cinéma comique français lambda. Malgré l'évidente présence de la comédienne/réalisatrice, un manque de rythme flagrant nuit au démarrage et nous fait craindre le pire.  Mais lorsque Hélène Vincent ( formidable dans une quasi reprise du rôle qu'elle tenait dans "La vie est un long fleuve tranquille") et Philippe Laudenbach ( tout aussi pittoresque) apparaissent avec leurs personnages ultra typés, le film commence à prendre un petit essor assez croquignolet. Il faudra cependant attendre l'arrivée de Patrick Timsit pour que le film nous accroche un peu plus. Bizarrement, ce ne seront pas les situations comiques ( assez téléphonées) qui nous séduiront, mais bien le jeu d'approche entre les deux acteurs, qui, dans un presque contre-emploi s'avèrent particulièrement touchants en quinquas redécouvrant l'amour. Oui, Patrick Timsit est formidable dans un rôle où il n'a aucune répartie cinglante, (presque) aucun jeu de mot, jouant le gentil nounours fou d'amour. On croit complètement à ce coup de foudre et c'est sans doute l'intérêt majeur de ce film qui surfe encore une fois sur la vague des bons sentiments, mais sans que ceux-ci dégoulinent trop.
Loin d'être la comédie de l'année, "Marie-Francine" fait malgré tout passer un agréable moment grâce à toute une pléiade de bons acteurs. Les fans de Valérie Lemercier version trash en seront sans doute pour leur frais car l'ensemble joue la sagesse et la bienveillance. Trop peut être ?



samedi 3 juin 2017

Drôles d'oiseau de Elise Girard


Ce film restera dans la mémoire de ceux qui l'ont vu  comme une curiosité plus qu'un chef d'oeuvre absolu ou même un bon film.
Déjà le générique détonne par un certain éclectisme : entre Lolita Chammah qui s'extrait peu à peu de l'image de fille d'Isabelle Huppert, Jean Sorel, qui, l'âge ayant été avec lui plutôt clément, gagne enfin son combat face à Delon, Virginie Ledoyen qui se fait rare ou qui essaie de l'être moins et Pascal Cervo, figure inévitable d'un certain cinéma art et essai français, la singularité est conviée pour un univers à la douce poésie décalée.
Nous sommes à Paris. Mavie, une jeune tourangelle est hébergée chez une amie aux ébats amoureux nombreux et très bruyants. Chance pour elle, un logement dans un studio s'offre à elle en échange de quelques heures de présence dans une librairie de livres d'occasion où jamais personne n'entre. Elle est tenue par un vieux monsieur encore bien de sa personne, ermite chic au passé sans doute trouble. Entre eux deux une douce amitié amoureuse va naître...
L'histoire un peu improbable, ...disons très romanesque, se déroule comme une variante d'une éducation sentimentale au charme suranné. Le film semblerait un peu pâlichon, si dans les interstices du récit ne se glissaient divers éléments incongrus ou piquants. Les mouettes qui semblent avoir envahi Paris tombent parfois raides mortes aux pieds des passants, la presse se passionne pour une sombre histoire de hackers irlandais ou Mavie rencontre un jeune homme prénommé Roman ( Ma vie est un roman ? ). Une musique fantaisiste voire bancale s'insinue souvent de façon impromptue, ajoutant une touche supplémentaire d'étrangeté.
Sans être totalement passionné, mais intrigué par cet attelage frôlant parfois le burlesque, j'ai suivi la sautillante Lolita Chammah et le curieux Jean Sorel dans ce film inclassable. Tout cela demeure joli, charmant, finalement original par son refus de modernité. En préférant distiller une poésie du quotidien à une trépidante intrigue amoureuse, "Drôles d'oiseaux" emprunte le chemin peu fréquenté de la chronique douce amère dans laquelle, si l'on se laisse aller, le spectateur glissera doucement dans un gentil univers à la finesse mélancolique.



vendredi 2 juin 2017

L'amant d'un jour de Philippe Garrel


Comme sur l'affiche qui a un côté très rétro, pour moi un mélange de Bergman et, je ne sais pourquoi, de "L'éternel retour", le nouveau Philippe Garrel semble renouer avec un cinéma post nouvelle vague. Avec son noir et blanc, un décor assez intemporel qui pourrait situer l'action il y a cinquante ans s'il n'y avait la façon très actuelle des comédiennes de s'exprimer et une voix off vieillotte,  "L'amant du jour" enveloppe le spectateur dans une douce nostalgie qui accompagne joliment ces jeux de l'amour et du calcul.
La situation de départ joue beaucoup sur le hasard : Jeanne se fait larguer par son amoureux et atterrit chez son père, faute d'autre endroit où dormir. Mais son père vit avec Ariane, une étudiante du même âge que sa fille. Les hasards de la vie les mettent donc en relation. Pas facile pour les deux jeunes femmes d'accepter cet état de fait qui ne gêne nullement le père. De cette cohabitation à trois, Philippe Garrel et ses scénaristes ( Arlette Langmann, Jean Claude Carrière et Caroline Deruas) vont en profiter pour leur faire jouer une très jolie variation autour de la fidélité, de la jalousie, de la confiance mais aussi de la perfidie.
Sur un mode gracieux et mais loin d'être mièvre, les deux héroïnes vont se rencontrer, se confronter à l'état amoureux, l'explorer pour finir par trouver un point d'équilibre. Sans jamais alourdir le trait, en laissant des zones d'ombre propices aux interprétations, le film nous propose une balade dans une carte du tendre très contemporaine, délicatement empreint d'une jolie poésie. Les deux jeunes comédiennes épatantes, Louise Chevillotte et Esther Garrel ( oui, oui, la fille du réalisateur, la soeur de Louis, la petite fille de Maurice !), apportent une vraie fraîcheur et un naturel confondant à un film pourtant très écrit et aux péripéties parfois un peu forcées.
Il ne faut pas se laisser influencer par une critique qui s'ingénie à replacer ce film dans la filmographie de l'auteur, cherchant les points communs, les avancées et le plaçant ainsi dans un créneau bobo/intello/chiant. Il n'en est rien, "L'amant d'un jour" se regarde sans que l'on ait besoin de toutes ses références. Je dirai même, que pour ma part, c'est sans aucun doute le film de Garrel, le plus abordable, le plus frais, bref le plus réussi depuis des décennies.



jeudi 1 juin 2017

Winter is coming de Pierre Jourde

Il fait beau , on est en forme et passer un moment tranquille dans un transat avec un bon livre devient très tentant. Hélas, pour vous, en cette période de week-ends prolongés, je ne suis pas certain d'arriver à vous convaincre de passer deux ou trois heures avec le dernier ouvrage de Pierre Jourde.
"Winter is coming" n'est absolument pas un mauvais livre, loin de là, mais son sujet a tout du repoussoir, puisque l'auteur raconte les onze derniers mois de son fils Gabriel atteint d'un cancer aussi incurable que rapide. Pour se détendre, on peut trouver mieux. Je sais que beaucoup évitent ce genre de sujet. On peut les comprendre. Je défie quiconque de rester insensible à ce récit, nous renvoyant à la figure nos peurs, nos doutes et notre mort prochaine. Certains pourraient même aller jusqu'à dire que ce genre de peine, de chagrin, doivent rester personnels, que ce dévoilement de l'intime a quelque chose d'exhibitionniste. Je ne partage pas du tout ce point de vue. Il est même important, nécessaire, intéressant, que nos auteurs exercent aussi leur acuité sur ce terrain là.
Bien sûr, nous sommes loin de la lecture plaisir. Ce témoignage est rude, jamais exhibitionniste, juste le ressenti d'un père qui voit se produire sous ses yeux ce qui ne devrait jamais arriver, la mort de son enfant. Alors on lit ce texte teinté de colère devant un sort aussi injuste. On lit le désarroi d'un homme qui essaient de croire à une guérison tout en voyant son fils s'affaiblir, maigrir, passer d'un énergique et beau musicien prometteur à un malade affaibli et souffrant. On y trouve aussi la description impitoyable d'un milieu médical qui l'est tout autant avec ses pontes au-dessus de la souffrance humaine, froids techniciens de nos corps ou ses médecins empathiques aux discours rassurants quelque soit l'avancée de la maladie. Partagé entre l'envie de croire des paroles d'espoir et la colère que suscitent les moments d'attentes innombrables et les mots francs qui foudroient, Pierre Jourde creuse au plus profond de lui pour nous livrer ses pensées les plus intimes. Cela a le mérite de la franchise. L'homme blessé  n'a plus aucune pudeur. Chacun réagissant selon un parcours bien particulier, son histoire, très personnelle, ce partage de souffrance, d'incompréhension parfois, touche l'universel. Et tant pis si le père apparaît aussi avec quelques remords de moments violents, quelques regrets d'absence ou quelques réflexes de classe intellectuelle parisienne aisée avec amis bien placés, le récit nous touche par son absolue  sincérité.
Pas la peine d'en dire plus long sur ce texte admirablement écrit, sa lecture sera le fruit ou du hasard ( comme moi) ou d'un intérêt tout personnel pour ce genre de sujet. Je voudrai juste terminer par un dernier hommage au héros involontaire de ce livre, Gabriel Jourde ( pseudo Kid Atlaas), musicien en devenir, dont le morceau "Winter is coming " qu'il a composé donne le titre au livre.  Je vous invite à l'écouter.


samedi 27 mai 2017

L'amant double de François Ozon


"L'amant double" se révèle la quintessence du cinéma de François Ozon à la puissance 10. Tout ce qui en fait l'intérêt, à savoir les portraits fouillés de femme, son amour absolu pour les grands cinéastes du passé, ce jeu constant avec le spectateur sur les apparences, les images trompeuses qui montrent tout en suggérant autre chose, se trouve réuni dans ce thriller érotique.
En se basant sur un roman de Joyce Carol Oates que celle-ci a écrit sous le pseudo de Rosamond Smith, on sent déjà la duplicité qui unit les deux artistes, ce jeu de miroir qui est leur quotidien. Pourtant, le thème du roman comme du film, la gémellité , reste un sujet rabâché auquel le réalisateur va y accoler un exercice de style autour du désir féminin.
Sur cette histoire de femme fragilisée par des maux de ventre et dont l'analyse va tourner court pour cause de passion amoureuse entre patiente et thérapeute, François Ozon  plaque une palanquée de références cinématographiques aussi chics que parfois inutiles ( Polanski, l'inévitable Hitchcock, de Palma, Bunuel, Lang, ...), ainsi qu'une image ultra léchée qui magnifie des décors géométriquement pensés au millimètre. Tout cela en impose beaucoup, trop peut être, surtout que l'histoire se complexifie un peu plus à chaque scène. Le jeu de miroir ( au propre comme au figuré ), imposé par un scénario énigmatique rend le tout un peu plus lourd encore. A trop vouloir charger la barque psychanalytique de symboles variés, on frise l'indigestion. Trop beau ? Trop pensé ? Trop ambiguë ? trop clinquant ? Oui, sans hésitation, même si le film demeure toutefois agréable à regarder, une jolie lumière accompagne de beaux acteurs parfaitement convaincants.
Un petit détail cependant m'a fait plaisir. J'ai retrouvé le François Ozon de ses débuts, le frondeur, celui qui osait un peu défier la bien pensance ambiante. On trouve dans "L'amant double" des scènes de sexe comme on voit rarement dans ce genre de productions plutôt grand public. Sans les dévoiler, disons que le deuxième plan du film, gonflé et pour moi inédit, nous fait pénétrer très profondément dans l'intimité de son personnage féminin et une scène de sodomie, qui a fait rire nerveusement quelques spectateurs présents et fait sortir d'autres de par sa proposition, fait passer celle du beurre du dernier tango pour une bluette.
Cependant, malgré ce petit retour à l'insolence, "L'amant double", trop copieux, et trop maniéré, avec sa conclusion un peu décevante, fait figure de demi-réussite.



vendredi 26 mai 2017

Passages du désir de Cécile Huguenin



Cela aurait pu s'intituler "Tintin à Zanzibar" sauf que le jeune héros, en plus de n'être point accompagné d'un animal à quatre pattes, se prénomme Titus. Cela y ressemble un peu mais l'histoire ne nous dit pas si, en plus des ses désirs de voyage dans cet archipel de l'océan Indien, il a le crâne surmonté d'une petite houppette. Je parle de Tintin, car Cécile Huguenin y fait souvent référence, les nombreuses péripéties du récit ( parfois un peu grosses) possèdent ce charme romanesque un peu naïf des aventures du célèbre reporter belge.
Plus sûrement, le titre aurait pu être également " La vieille femme indigne" sauf qu'il est déjà pris et reste scotché à un beau film des années 60. Mais, en 2017, "indigne" est un adjectif que l'on n'accole plus aux personnes âg... aux seniors ...pardon... C'est d'ailleurs le thème principal de ce roman feel good. Quand on souffle sa soixante dixième bougie comme l'héroïne, la vie est loin de s'arrêter et si l'on ouvre bien  ses cinq sens, tout peut arriver !
Alors, comme Clara, l'intrépide héroïne, jetez au vent léger tout ce que la société avec son regard formaté et obsédé de jeunisme tente de vous imposer! Vivez, voyagez, rencontrez, échangez, soyez enfin vous-même et faites l'amour ! Ecoutez votre corps, laissez-le  faire et  dicter sa loi. Bien sûr, les extrémistes de tout poil ( et pas que ceux auxquels on pense en premier ) vous guettent et leur vision minimale du monde tellement  bousculée que vous les retrouverez inévitablement sur votre route, même à Zanzibar ! Mais la vie, surtout mature et libre c'est un combat !
'"Passages du désir" ( Pas sages ? ) raconte ce parcours hors-norme d'une femme au destin tout aussi particulier et qui découvrira de nouveaux plaisirs physiques très tardivement. Ce roman forcément optimiste, écrit simplement et librement, se propose d'être un booster de vie pour humains qui pourraient penser que l'âge arrivant, tout est fini !
Cécile Huguenin, auteure de la génération de son personnage principal,( pour rappel 70 ans !)  fait bien plus fort que Brigitte Macron, puisqu'un jeune homme de vingt-trois ans tombe raide dingue d'elle. Si l'on prend pour adage que "La vie est un roman", (  elle l'est,  et bien plus originale que dans les livres, tous les romanciers vous le diront), alors ce récit vous donnera une pêche d'enfer, surtout si vous êtes porteur de la carte vermeil.
Malgré quelques facilités narratives, "Passages du désir" pourrait devenir un best-seller dans toutes les villes balnéaires du sud de la France voire initier le vidage quelques EPAD, tellement leurs résidents auront envie de prendre la poudre d'escampette après avoir connu les amours de Clara et Titus.

Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson et au site BABELIO pour la lecture de ce roman.


jeudi 25 mai 2017

Festival de Cannes 2017 ...vu du Mans (4)



Suivre le festival de Cannes de chez soi, à la différence du fan de tennis qui suit Roland Garros, c'est essayer de s'intéresser à un tournoi dont on ne verra quasi aucun match. ( Cette année seuls deux films français nous font l'honneur d'une sortie concomitante à leur présentation ). Cela peut apparaître frustrant voire complètement idiot. pourtant il doit bien y avoir un nombre assez important de cinéphiles en France à suivre cette course à la palme si l'on en juge par la place qu'elle prend toujours dans la plupart de nos médias. Remplissage ? Exception culturelle imposée à un public qui se moque de ce jeune réalisateur bosniaque et de son film narrant les émois d'un jeune migrant paraplégique et transexuel en voie de radicalisation  car préférant se ruer sur le cinquième volet des aventures d'un pirate surmaquillé ? Jolis espaces annuels offerts à notre industrie du cinéma , terre d'accueil bienveillante  pour cinéastes intellos en recherche de financement ?
Sans doute un peu tout cela. Mais vraiment, au fil des années, il me devient de plus en plus difficile de me passionner pour ce marché du film où se mélangent starlettes sponsorisées par des marques de luxe, critiques bouffis de leur supposée importance ( pas tous heureusement!) et chipotant sur des films dont ils camouflent avec art le côté abscons et des journalistes tenus d'afficher un enthousiasme démesuré pour des oeuvrettes qu'ils n'ont même pas vu ( eux non plus!) mais dont il faut tresser les louanges car produits ou en partenariat avec le support qui les emploie. Chaque mois de mai, pour peu que l'on soit attentif, les commentaires ne surprennent plus, proches du copier/coller.
Cette année, peut être plus que d'autres, un ronron lénifiant suinte de partout. Problème des sélections de moins en moins surprenantes ( difficile de trouver des films alliant créativité et rentabilité ?  ). Manque de piquant des oeuvres projetées ? Usure de cette représentation d'un monde si triste, qui s'étale à longueur de séance alors qu'il fait beau au dehors ? Flemme ...parce que bon, coco, il fait méga beau cette année, on va pas non plus passer nos journées enfermés dans notre chambrette, on a du métier, on ressort les archives ! ? Je ne sais.
C'est ainsi que l'on a retrouvé peu ou prou les mêmes remarques concernant l'un des chouchoutes des sélectionneurs, à savoir la réalisatrice japonaise Naomi Kawasé. L'ennui distingué qui semble se dégager de son dernier opus " Vers la lumière"  provoque les mêmes commentaires qu'il y a trois ans pour "Still water" ( mais on me dit que cette année, on évitera une longue séance de coupe de légumes, car, ouf, Naomi a découvert enfin les légumes en sachet ! Et je rassure ses fans, ils ne seront pas outre mesure déboussolés par ce changement radical, la mère mourante est toujours présente !)
La venue de Hong Sangsoo, cinéaste minimaliste rohmérien coréen, a fait ressortir in extenso les dithyrambes habituelles que l'on nous sert à chacune des sorties de ses nombreux films. Comme il n'a jamais été récompensé, les critiques espère que leurs louanges atteindront le jury qui ne voit peut être pas que ce cinéma assez répétitif mérite récompense. Vu de ma chaise, " Le jour d'après"en se présentant dans un beau noir et blanc ( Avez-vous déjà lu ou entendu quelqu'un au 21 ème siècle parler de noir et blanc moche ? ) innove dans l'image. c'est déjà ça, mais pas sûr que l'habituel marivaudage, souvent alcoolisé, me surprenne énormément. ( désolé, je ne suis pas un fan de HSS). Par contre, je me réjouis de retrouver dans un autre film du maître présenté cette semaine cette chère Isabelle Huppert qui m'avait fait mourir de rire ( involontairement ) dans "In another country". Il semblerait qu'elle ait troqué la tente Quechua pour, cette fois-ci, un ravissant bob prolo du plus bel effet !
Nous avons beaucoup vu aussi les protagonistes des " Proies" la dernière minauderie de Sofia Coppola ( je suis injuste, je ne l'ai pas vu !). Evidemment la cinéaste la plus mondaine du cinéma mondial attire les flashs, les compliments au mètre ( il suffit de ressortir ceux de la fois précédente) mais aussi, et c'est nouveau ( enfin!) quelques bémols, comme si l'insignifiance de son univers chichiteux commençait à traverser les lunettes de soleil de la critique.
Au milieu de tous ces habituels propos, deux comédiennes ont sensiblement émergé du lot ( et du coup deux films). Marina Fois d'abord, encore une fois parfaite dans le dernier Laurent Cantet et Laëtitia Dosch qui paraît illuminer de sa présence " Jeune femme" de Léonor Serraillle. Pour le reste le flot de films italiens, brésiliens, mais aussi vénézuéliens ou slovaques font figure de prétendants intéressants mais voués à une sortie confidentielle, et forcément inratable, dans une seule salle parisienne en novembre ou janvier. D'ici là, on aura largement oublié leur présence sur la Croisette. Même Vanessa Paradis, dans le film lituanien ( peut être un second rôle) de Sharuna Bartas n'a pas fait le buzz ! A quoi ça sert que notre star aille se geler en plein hiver en Ukraine pour récolter une telle apathie ?
Le festival avance, la fin est proche. il n' y aura plus que les pronostics d'un palmarès pour réveiller un peu tout cela.... Mais j'ai bien peur que tout se termine comme souvent, avec les mêmes commentaires d'incompréhension d'un jury bien sûr pas à la hauteur... 

mercredi 24 mai 2017

Rodin de Jacques Doillon


Et voici sur les écrans français un premier film en compétition à Cannes ! Doillon derrière la caméra et devant Lindon... de quoi faire monter le palmomètre de trois crans ! Alors une palme d'or  pour ce film ? ...J'espère que non mais en cherchant bien, s'il faut lui donner un prix, il va bien lui trouver quelque chose...
On pourrait, et ce serait mérité, lui attribué la palme de la plus belle photographie car, chaque scène baigne dans une atmosphère grisâtre qu'une lumière rasante vient magnifier, donnant aux personnages et aux sculptures une densité et un relief du plus bel effet.
Le tombé magnifique des blouses de travail de Rodin et de Camille Claudel, ce froncé dans le dos et aux épaules pour Vincent Lindon et cette coupe froncée près du corps pour Izia Higelin, façonné sans doute dans un vieux métis usé donnent à leurs mouvements une allure lourde et douce de grands animaux mélancoliques mérite la palme du plus beau vêtement de travail.
En cherchant bien, on peut lui trouver d'autres récompenses à ce film, car plus on y réfléchit, plus s'en présentent à l'esprit :
Palme du borborygme, du dialogue marmonné et rendu incompréhensible par une barbe fournie à Vincent Lindon pour son interprétation très intérieure de Rodin !
Palme de la comédienne dont on ne croit pas une seconde au personnage à Izia Higelin, peu crédible en Camille Claudel.
Palme de la comédienne portant le plus mal le costume d'époque à Séverine Caneele pour son rôle de Rose Beuret, qui a tout le temps  l'air de se rendre à bal costumé.
Palme du rendu passionnel raté à Jacques Doillon, où en accolant des bouts de vie de Rodin dans des cadres, certes hyper bien éclairés, mais dont la froideur annihile complètement toute la passion qui devrait s'y trouver, il n'arrive jamais à faire ressentir quoique ce soit, ni l'amour ou la détestation entre les êtres, ni la passion de Camille Claudel pour son art. Seul peut être Lindon, massif et modelant la terre, arrive à donner une sensation rentrée de grand sculpteur.
Palme de l'ennui Cannes 2017 ( bon, là, c'est peut être injuste, il y a peut être pire mais comme je n'y suis pas...) à Rodin de Jacques Doillon dont on ne voit plus le bout, tellement tout cela suinte le biopic chichiteux, intello et bavard dont on se demande quel est le but.
Vous l'aurez compris, "Rodin " est un film à palme mais pas forcément d'or...