C'est avec curiosité que je m'y suis rendu, me demandant de quel côté j'allais pencher : le rejet total (comme pour le navrant "Petits mouchoirs") ou l'emballement, larme à l'oeil comprise ?
En fait, ni l'un ni l'autre. C'est un film pas trop déplaisant, bien joué mais filmé comme un vulgaire téléfilm et bien sûr bourré de clichés, plaie semble-t-il inévitable dans ce genre de production.
Si vous n'êtes pas rebuté par cet éternel concept de la grande bourgeoisie (ici handicapée) qui croise le bas peuple (ici un noir, le thème est donc en version démultipliée), "Intouchables" vous fera passer un agréable moment, pourra même vous faire couler une ou deux larmes.
Omar Sy, en jeune délinquant sans complexe et au grand coeur, force bien sûr la sympathie. On le retrouve comme dans ses sketches sur Canal, souriant de toutes ses dents après une bonne vanne. François Cluzet, en richissime handicapé, amateur d'opéra, de poésie et de peinture contemporaine (quand je parlais de clichés...), arrive à nous émouvoir avec un jeu très minimaliste.
Je rajoute une mention pour les deux seconds rôles féminins : Anne le Ny, parfaite comme à l'habitude et Audrey Fleurot, tellement délicieuse et piquante que j'espère la revoir bien vite.
Mais, une fois les lumières rallumées, que reste-t-il du film? Produit de grande consommation, parfaitement marketé pour plaire à un vaste public, jouant lourdement avec le politiquement ultra correct, il sera vite balayé par un autre film que la force de vente saura hisser au firmament du box office. Les rapports vaches mais finalement emplis de tendresse entre ce tétraplégique et cette racaille rigolarde seront vite oubliés au profit d'un autre duo peut être moins émouvant, peut être plus drôle mais aussi parfaitement calibré pour plaire au plus grand nombre.
C'est là où pêche le film (comme "Polisse" il y a 15 jours), tout pétri de bons sentiments qu'il est, il oublie, dans sa volonté de séduire, qu'une dimension moins manichéenne lui aurait donné un vrai supplément d'âme.
A voir, pour faire comme tout le monde, mais pas indispensable.
Je disais donc, mais j'ai dérapé avant de cliquer...
RépondreSupprimerque moi qui ai la larmichette facile au cinéma, n'avais jamais été émue par contre j'ai énormément ri.
Les réalisateurs peuvent dire un grand merci à Omar.
revenons aux critiques de télérama et surtout celles des inrocks, qui sont mes revues de chevet, et qui m'ont pourtant passablement énervées sur le coup.... pierre Murat parle d'absence de mise en scènes pour ce film comme pour la guerre est déclarée et polisse, et je ne suis pas du tout d'accord pour ces 2 derniers films, où il ya un vrai regard de metteur en scène, et pas du formalisme sans aucune émotion, comme chez Garrel ou Dumont, ses réalisateurs de chevet... pour une comédie comme Intouchables, je demande pas à ce qu' un maitre du cinéma soit aux manettes, mais que les réalisateurs savent insuffler du rythme au récit et de l'humanité aux personnages...
RépondreSupprimerQuant à la critique de JM Lalanne des inrocks, leur équation fédérateur= démago qu'ils ressortent à toutes les sauces m'a encore plus irrité et continuent pour moi de creuser ce fossé sans cesse plus grand entre la critique dite institutionnelle et le grand public... un film qui traite du handicap et des jeunes de banlieue est forcément à leurs yeux pojadistes, sauf s'il est fait par un type comme emmanuel mouret ou alain giraudie, cad traité de facon totalement abstraite et surannée...
désolé d'utiliser ton blog pour ma tribune coup de gueule,mais ce genre de critique me donne envie de résilier mon abonnement, comme je l'avais fait pour les cahiers du cinéma dont l'exigence tournait à la condescendance...
Merci pour ton coup de gueule salutaire et compréhensible.
RépondreSupprimerMais quand on aime le cinéma comme tu as l'air de l'aimer, on fait fi de ces critiques d'intellos de salon, on se cale dans son siège et on se laisse porter (ou pas).
Quant à Télérama et les Inrocks, ils sont parfois énervants mais générateurs de découvertes, non?