A l'heure des accords d'Europe Ecologie et du PS, où l'avenir du nucléaire semble réduit à un marchandage politique inquiétant et qu'au Japon, le drame de Fukushima est enterré sous la chape de plomb de la désinformation gouvernementale, je n'ai pas résisté à l'envie de me plonger dans "La centrale", le roman d'Elisabeth Filhol qui a obtenu l'an dernier le prix France Culture/Télérama.
Plongé est un bien grand mot car, ce texte qui nous raconte le quotidien d'intérimaires du nucléaire chargés des pires travaux de nettoyage de nos centrales, est un peu difficile d'accès. L'écriture, aussi glaciale que le coeur du réacteur peut être brûlant, nous garde à distance des personnages. Et nous avançons dans ce roman, lestés par une combinaison anti-radiation, suivant le travail terrifiant de ces hommes qui, pour un salaire dérisoire, prêtent leur vie à faire un sale boulot qui fait d'eux des nomades, sans famille, sans maison et presque sans amis.
La mise en évidence de ces soutiers du nucléaire est un bon sujet mais, ici, traité de façon tellement froide, que je n'ai jamais vraiment été en empathie avec le personnage principal, ni avec ses camarades de galère.
On reste à distance, on ne connaît rien de leur passé, de leurs pensées. On a l'impression que ces hommes sont entrés en religion et que leur vie ne tourne qu'autour des centrales qu'ils visitent annuellement, au gré des différents arrêts de tranche.
Cependant, pour ses descriptions réalistes de ces centrales et de leur environnement, pour ses détails techniques égrenés au fil des pages et pour son évocation de ces précaires du nucléaire, ce roman est bien entendu à lire par respect pour ces hommes qui risquent leur vie, en silence, dans l'indifférence générale.
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