Martine de Rabaudy évoquait pour moi "Le masque et la plume" qu'elle préparait pour France Inter et dont le nom était cité à chaque fin d'émission. J'avais également dû lire quelques articles dans "Elle" ou dans "L'express", journaux pour lesquels elle a longtemps travaillé.
"Electrochocs" aurait pu être un livre de souvenirs, tant cette femme a rencontré, côtoyé toutes les figures majeures du milieu culturel français. C'est en partie cela mais c'est surtout le récit de sa vie auprès de ses parents, sa mère en particulier. Cette dernière, psycho-maniaco-dépressive (PMD), a, tout au long de sa longue vie, séjourné dans des cliniques psychiatriques, subissant de lourds traitements à base d'électrochocs accompagnés d'une quantité phénoménale de psychotropes, antidépresseurs et autres pharmacopées destinées à calmer ses nombreuses crises délirantes.
D'une écriture fluide et plaisante, teintée d'un humour salvateur, "Electrochocs" est un témoignage émouvant et précieux, sur la folie mais aussi sur les rapports parents/enfants. Martine de Rabaudy a soutenu sa mère contre vents et marées durant des dizaines d'années, devenant une pro des maisons de repos spécialisées mais également des traitements pour les PMD. C'est aussi un vibrant hommage à la littérature qui l'a accompagnée durant toutes ces années, puisant des forces dans les textes, les poèmes, les essais de tous ceux qui ont été ou qui ont eu à leurs côtés une personne atteinte mentalement : Louis Althusser, Fitzgerald, Sylvia Plath, Virginia Woolf, ... abondamment cités.
Cependant, on sent bien que Martine de Rabaudy, grâce à son travail dans la presse, a bien envie de raconter un peu de cet univers professionnel prestigieux, lui ayant permis des rencontres avec tout un tas de gens de haute volée. Les quelques digressions laissent penser que bientôt viendront quelques souvenirs moins sombres.
Très belle leçon de vie, d'amour, de résistance, ce récit peut apparaître dur et âpre, ce qu'il est, mais il se dégage de ces lignes une luminosité propre à soulager ceux qui vivent de telles situations.
Une lecture enrichissante qui rappelle par moment le dernier roman de Delphine Le Vigan.
Ce que Martine de Rabaudy devait comprendre et faire comprendre est non pas que la PMD = la Folie pour tous les gens qui en souffrent de la bipolarité, mais que chacun vit cette maladie à des degrés de souffrance et de manière tout à fait différente. Réduire la bipolarité à la folie est fausse et une tare sans appel pour ceux qui tentent de s'intégrer et qui arrivent à une stabilization sans electro chocs ni traitements de cheval.
RépondreSupprimerUne britannique vivant en France depuis 30 ans
ça ne coûte pas cher de prendre un tel titre pour un livre qui au passage avalise toutes les thèses mortifères de la psychiatrie. C'est un peu comme si on évoquait les chambres à gaz comme un mal nécessaire pour traiter la judéité des personnes concernées. Criminel.
RépondreSupprimer