En prenant son temps (trop peut être), Matteo Garrone suit son poissonnier qui tombe dans la paranoïa puis dans la folie douce. Son monde va s'amenuiser à mesure que son obsession pour ce divertissement minable va s'installer dans se tête. Satire de l'impact de la télé sur une population démunie, "Reality" brosse un tableau émouvant de l'Italie du Sud. Bien que fellinesque, la famille du poissonnier est filmée avec respect et tendresse, comme les victimes involontaires d'un système qui les dépasse. Ils veulent le quart d'heure de gloire factice promis par Andy Warhol, comme si c'était l'unique espoir d'une vie de sacrifiés. Seulement la machine médiatique, cynique et impitoyable, les broiera tous dans une indifférence carnavalesque.
Le film, sur ce plan là, est réussi en grande partie grâce à un scénario efficace, mélange de tension sociale et de comédie grinçante. Je reste toutefois réservé sur la dernière partie, plus relâchée et nettement moins convaincante, avec le retour d'une église catholique aux abois et un personnage principal devenu quasi illuminé, la critique mordante laissant la place à une imagerie un peu sulpicienne.
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