Depuis quelques années, je lis de moins en moins de polars, ne trouvant plus dans ce genre aimé des auteurs ne cédant pas à la mode du gore ou du toujours plus cruel. Le serial-killer sadique étant de plus en plus l'élément indispensable si l'on veut voir son roman noir, très noir, publié et étalé sur les tables des libraires. Voulant remettre le nez dans un roman policier, j'ai choisi, à l'aveugle et sans lire la quatrième de couverture, un polar français dont le titre m'inspirait : "La ville des serpents d'eau" de Brigitte Aubert. Malgré sa production importante depuis vingt ans, je n'avais jamais lu un ouvrage de cette dame, presque une reine du crime à l'instar de Fred Vargas.
Une chose est évidente après ma découverte de son dernier opus paru au Seuil, Brigitte Aubert a du métier et de l'imagination. Elle sait trousser une histoire, gérer le suspense et tenir en haleine son lecteur.
Elle a situé son récit dans un gros bourg des Etats Unis, avec sa population essentiellement composée de blancs à l'abri du besoin et, bien sur, son serial-killer qui a enlevé six petites filles de six ans dont cinq ont été retrouvées noyées et éventrées. L'affaire est vintage, treize ans d'âge, et le coupable court toujours. C'est lui que nous retrouvons dans le premier chapitre car il tient séquestrée une des six fillettes enlevées. Devenue son objet sexuel, elle croupit dans sa cave insonorisée avec le fruit des viols de son geôlier, une petite fille de cinq ans. Cette dernière réussira à s'enfuir par une bouche d'aération, avec pour mission de trouver quelqu'un qui se chargera de prévenir la police. Y arrivera-t-elle avant que le violeur de sa mère y mette la main dessus ? C'est tout l'enjeu du livre et je peux vous dire que c'est mené de main de maître. Pleine de rebondissements, cette traque haletante accroche le lecteur jusqu'à la dernière page et ce, malgré une galerie de personnages un peu trop typés, qui donnent, hélas, un côté série télé américaine de moyenne gamme. Car la population de cette petite ville est constituée de femmes désespérées (depuis Desperate housewives, c'est très à la mode), alcooliques ou nymphomanes, d'un ex policier très imbibé mais encore bel homme, d'un rappeur à demi paralysé, d'un curé père de famille, d'un clodo géant mais demeuré, ... Bref un petit monde un peu trop cliché pour être vraiment attachant. Et puis, il y a le personnage de la petite fille auquel je n'ai pas cru une seconde. Elle voit le monde réel pour la première fois, ayant passé ses cinq années de vie avec sa mère dans une pièce sans fenêtre. Elle arrive à le décrypter sans problème, sans étonnement majeur et sans presque aucune crainte, tout ça grâce aux quelques livres illustrés que lui a lu sa maman. C'est un peu dommage d'autant plus que l'écriture, légèrement ironique, semble vouloir faire un jeu de massacre avec cette petite société amerloque de province, bien pensante et confite dans ses habitudes. C'est, un peu décalé sans l'être vraiment et la fin, très bien fichue, montée comme un vaudeville très très noir, est une réussite. L'intrigue ayant avancé à cent à l'heure, on pardonne volontiers les petits défauts cités plus haut. A l'arrivée, on a passé un bon moment et c'est déjà ça (comme dit Souchon).
J'adore Brigitte Aubert, et je viens de découvrir la réédition d'un de ses livres que j'avais adoré et dont je ne retrouvais pas le titre. Elle l'a sorti en numérique: L'ange du mal
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Je me suis marré. Rien à voir avec ses autres livres; C'est de la pure parodie déjantée.