jeudi 1 novembre 2012

Treize chansons de Barbara par Daphné


Cette semaine sort un nouveau disque de Daphné, chanteuse talentueuse mais quelque peu confidentielle malgré un succès critique grandissant. Pour exister sur la scène de la chanson française en manque d'inspiration, les artistes donnent en ce moment dans la reprise, phénomène de mode qui peut rapporter gros (voir Nolwenn Leroy et ses chansons bretonnantes). Cette rentrée Francis Cabrel chante Bob Dylan, Mireille Matthieu et Patricia Kaas hurlent du Piaf et Robert (oui, c'est une chanteuse) susurre façon Mylène Farmer les chansons du patrimoine genre "A la claire fontaine". Et Daphné reprend Barbara. Cela aurait pu être Sheila ou Sylvie Vartan (en version décalée comme Julien Doré sur le "Lolita" d'Alizée), mais non, c'est la grande Barbara qui est l'heureuse élue. Les puristes, les aficionados de la grande dame brune crient au scandale, se bouchent les oreilles et ne décolèrent pas que quelqu'un puisse commettre un tel sacrilège.
A bien y réfléchir, s'il y a un chanteuse qui pouvait s'atteler à un tel challenge, c'était bien Daphné. Sa voix, haut perchée et magnifique, rappelle bien souvent sa vénérable ainée. Et quand elle déclare à la presse que l'idée de reprendre ce répertoire ne l'avait jamais effleuré, j'ai du mal à la croire. Et quand j'écoute le résultat, je félicite Thierry Lecamp d'Europe1 d'avoir été l'initiateur de ce petit bijou. Pour moi qui ne pouvait écouter en entier un disque de Barbara, crispé par son interprétation trop maniérée à mon goût et pleine d'afféteries, ce disque est une vraie réussite, un plaisir d'écoute absolu. La voix de Daphné, belle, cristalline, redonne un lustre inattendu à tous ces classiques de la chanson française, réorchestrés avec simplicité et magnifiés par une interprétation remplie d'émotion et de talent.
On notera également la présence de trois duos de haut vol : avec Jean Louis Aubert sur "Gottingen", où le timbre hésitant de l'ex chanteur de Téléphone rend parfaitement perceptible la fragilité des sentiments de paix évoqués dans la chanson, avec Dominique A sur "La dame brune" et surtout avec Benjamin Biolay sur "Dis, quand reviendras-tu ?", une pure merveille que je me passe en boucle depuis hier.
Pour l'anecdote, vous trouverez bien sûr une version de "L'aigle noir", mais augmentée d'un couplet inédit.
Moi qui était plus fan de Daphné que de Barbara, mon scepticisme quant à l'intérêt de cette production a volé en éclats à l'écoute de ces treize titres, tous plus beaux les uns que les autres. C'est du travail d'artiste, certes à partir d'un remarquable canevas, mais le résultat est au-delà de ce que l'on pouvait attendre. Un seul mot : BRAVO!


Et bien sûr, je ne résiste pas à l'envie de vous mettre le duo Daphné/Benjamin Biolay magnifiant (est-ce possible ?) "Dis, quand reviendras-tu ?"


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