mercredi 14 novembre 2012

La chasse de Thomas VInterberg


Thomas Vinterberg dans son film "Festen" en 1998 parlait déjà de pédophilie en nous dressant le portrait effrayant d'un ignoble patriarche. Après quelques films moins remarqués, il revient en fanfare, enfin, disons un peu sur le devant de la scène, avec "La chasse", long métrage présenté à Cannes en sélection officielle et qui a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine pour la prestation tout à fait convaincante de Mads Mikkelsen. Il joue Lucas, un éducateur de jeunes enfants accusé d'exhibition sexuelle par une petite fille. Très vite, il deviendra le bouc émissaire de toute une communauté. Il est totalement innocent, nous le savons et le film nous retrace son calvaire.
Le film démarre bien, avec des scènes d'exposition à la lenteur étudiée qui créent un climat intéressant et posent le problème de la parole de l'enfant avec autorité. Mais très vite, la mécanique s'enraye. Assez manichéen dans sa construction, le film avance avec une succession de scènes qui, prises séparément sont toutes fortes et bien rendues mais, qui, mises bout à bout, forment un tout indigeste parce que sans équivoque et surtout sans surprise. Aucun poncif ne nous est épargné : les pierres lancées dans la maison, l'animal domestique tué, les commerçants qui refusent de servir... A la fin, on n'y croit plus guère malgré une jolie photographie automnale et un acteur magnétique qui mérite sa récompense cannoise.
Cependant, il y a une chose qui a retenu mon attention : le portrait en creux d'une société danoise, loin des idées progressistes que l'on nous renvoie souvent. Repliée sur elle même, très fortement alcoolisée, elle est présentée ici sous son plus mauvais jour. Les hommes sont de gros lourdauds avinés qui sont chasseurs pour prouver que ce sont de vrais mecs et dont les épouses, soumises et compréhensives, acceptent avec douceur tous leurs excès. Vous apprendrez qu'au Danemark, les garçons deviennent de vrais hommes à 16 ans. Ce jour là, on leur offre un fusil (à lunette) pour leur première chasse. Un rituel viking sans doute ...qui ne nous dit pas si pour les filles de 16 ans, on leur offre leur premier livre de cuisine pour qu'elles concoctent leur premier civet... Bien qu'armés, tous ces mâles habitent dans des maisons qui affichent toutes le sigle d'une société de surveillance... Peur de l'autre vraisemblablement mais, point positif, pas d'auto-défense malgré leur artillerie...
Ceci dit, ce n'est hélas pas l'essentiel du film qui sombre assez vite dans la facilité et la caricature du lourdaud ordinaire. Pas facile de vouloir dénoncer l'imbécillité humaine en enfilant les poncifs comme des perles....



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