samedi 17 novembre 2012

Le poivre d'Olivier Bouillère


Ca démarre plutôt pas mal :  Arcachon, une jolie villa vieillotte au bord du bassin et à l'intérieur trois femmes, cinquantenaires, dont une ancienne star de la chanson et du cinéma, Lorraine Ageval. Un peu dépressive suite à la séparation d'avec son richissime mari pour lequel elle avait interrompu sa carrière quinze ans plus tôt, elle semble sur le point de lâcher prise. Dans une ambiance un poil surannée, nous sommes dans les années 90, le temps s'écoule doucement entre dîners dans les villas voisines et journées interminables sous le soleil estival.
Malgré quelques raccourcis pas très clairs (on ne sait pas toujours qui parle à qui et de quoi), Olivier Bouillère  plante une ambiance évanescente qui correspond bien à la personnalité de son héroïne, chose fragile et vaporeuse, qui erre, chic et distinguée, dans un monde qui lui échappe déjà. Mais voilà qu'apparaissent deux personnages masculins. Le premier est un jeune cinéaste underground qui va faire tourner Lorraine dans un film expérimental voué à l'échec. Le deuxième est un tout jeune homme indolent qui va devenir l'ombre de l'ex star, sa doublure aussi bien lumière que corps. Comme tous les deux sont gays, leurs ébats glauques au bois de Boulogne ou avec des types tordus vont nous être décrits avec précision. Cela n'apporte pas grand chose à l'intrigue. Ca nous rend seulement ces deux personnages vite insupportables, surtout Iohan, le jeune homme, sorte de sex-toy sans affect que l'on trainera jusqu'à la fin. Sont-ils là pour mettre un peu de poivre (du titre) dans cette histoire ? Peut être...
Heureusement, le personnage de Lorraine est plus réussi. Ethérée, à demie vivante, elle va tenter un come-back, portée par sa vieille amie Io, sorte d'attachée de presse sur le retour. Naviguant entre souvenirs de sa gloire passée et futur nébuleux, elle a la grâce de certaines héroïnes de Marguerite Duras mais perdue dans un univers balzacien.
Au final, que penser de ce roman ? A mon avis, à demi réussi, un poil trop long, bizarrement construit comme si on voulait à tout prix faire original, il possède toutefois des qualités d'écriture indéniables. Il parvient à enfermer le lecteur dans une atmosphère cotonneuse comme s'il était sous l'emprise de médicaments pour neurasthénique. C'est particulier, je vous l'accorde, mais suffisamment intrigant pour que je guette avec intérêt le prochain livre d'Olivier Bouillère.


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