Quelques notes de violoncelle et puis Stéphan Eicher chantait :
"Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent...
Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde
Elle m'a dit qu'elle voulait, si le permettais, déjeuner en paix."
C'était en 1991...
Automne 2012, après quelques années d'absence, le chanteur suisse revient avec un nouvel album : "L'envolée". Déjeuner en paix, il semble qu'il ne le peut plus. Les nouvelles du monde se sont infiltrées insidieusement dans ses chansons. Si le violoncelle accompagne encore parfois ses compositions, les guitares électriques de la grande époque ont été quelque peu mises de côté. Peut être une question d'âge? De maturité et de sagesse certainement.
"L'envolée" est un album court renfermant treize petites chansons (dont 3 en bernois, variante de suisse alémanique), ciselées comme des petits bijoux que l'on aimera conserver précieusement. Si l'amour, l'absence, la tendresse, thèmes centraux de toujours de son répertoire, restent présents dans les textes écrits avec Philippe Djian, Fred Avril ou Miossec, la réalité du monde y a maintenant sa place, parfait contrepoint pour évoquer la difficulté de vivre dans un univers impitoyable. On trouve ainsi au gré de quelques chansons des mots comme licencier, agence de notation, rideau de fer (formidable chanson qu'est "Disparaître" sur des paroles de Miossec), marchandises, ouvriers (dans "Envolées") ou humanité/duplicité (sur "L'exception"). Cela donne une tonalité pas forcément engagée mais d'une noirceur inattendue. Et en homme talentueux, Stéphan Eicher a su enrichir et habiller ses chansons d'arrangements somptueux, mélangeant avec bonheur instruments à vents éclatants et cordes délicates, ambiances minimales et envolées rocks.
Le résultat est absolument renversant de finesse et de lucidité et il nous livre ici un album comme on n'osait l'espérer. C'est la divine surprise de cet automne. Il est évident que cette "envolée"ne retombera pas de si tôt et prendra une place de choix dans nos ipods, aux côtés d'"Engelberg" et "Carcassonne" ses deux albums mythiques.
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