dimanche 1 février 2015

"Tu seras un raté mon fils" de Frédéric Ferney


A l'heure du cinquantenaire de la mort de ce redoutable homme politique qui a marqué le siècle précédent, le livre de Frédéric Ferney est assez singulier. Malgré un titre qui laisse présager une évocation du leader conservateur sous le prisme de sa relation avec son père, "Tu seras un raté mon fils" n'est pas un essai sur les ressorts intimes de cet ogre de la vie politique anglaise. Si le poids du père a eu de l'importance pour Churchill dans sa façon de s'approprier son destin, c'est bien parce que l'auteur nous le serine de chapitre en chapitre sans pour autant y approfondir spécialement cette assertion. Cet ouvrage n'est pas non plus une biographie, de nombreuses années sont laissées dans l'ombre, parfois sur un bon quart de siècle. Frédéric Ferney s'est juste attaché à quelques moments fondateurs qui l'ont inspiré parce qu'allant vaguement dans le thème de son propos. Historiquement on n'apprend pas grand chose, et aucune mise en perspective de ses agissements violents, de ses coups tordus n'est faite. 

Mais alors d'où vient le plaisir que j'ai éprouvé à la lecture de ce livre ? Tout simplement à l'écriture ! On sent l'auteur très enthousiaste face à cet homme fantasque. Churchill, sous la plume de Ferney, devient presque lyrique, personnage hors du commun qui ne se déplaçait pas sans son tub, sa bouilloire géante et surtout du champagne par malles entières, même dans les tranchées en 1916.  Les mots accompagnent avec brio  son amour des batailles autant politiques que guerrières. Ca file à cent à l'heure, virevolte, tourbillonne comme dut l'être cet homme aux mille idées, prêt à tous les défis. Oui, l'écriture est exaltée, comme pour mieux nous faire pénétrer dans le cerveau de ce redoutable tacticien. Ca se lit comme un roman et ce n'est que dans un dernier chapitre que personnellement j'ai trouvé formidablement bien écrit, que le style se calme petit à petit pour accompagner Winston jusqu'à la mort. Et je ne résiste à l'envie de reproduire cette phrase : " Ce qui est odieux quand on vieillit, c'est qu'on reste jeune !". 
Je n'attendais rien de ce livre, ni éléments biographiques pointus, ni même à être passionné et finalement j'ai été emporté par la faconde de l'auteur. Pas sûr que "Tu seras un raté mon fils" plaise aux historiens, aux assoiffés de connaissances, mais qu'il est agréable de lire écrit avec un plaisir évident et qui réussit à nous faire partager la formidable énergie d'un homme qui a laissé une empreinte ineffaçable dans le XXe siècle. 

2 commentaires:

  1. Oups l'ENORME bourde...et pourtant j'avais relu ! merci pour cette remarque pertinente ! ô combien !

    RépondreSupprimer