En ouvrant ce roman, à la fin du premier chapitre de deux pages, j'ai été arrêté par ceci : "On en avait assez de nos vies Télérama, la fermeture des bars, couchés à pas d'heure. On voulait construire une famille. Sans le savoir, on allait vivre une expérience radicale. " Ce doit être les mots "Vies Télérama " qui m'ont harponné et puis "expérience radicale" était tentant...
La lecture ne fut pas tout à fait au niveau espéré. Cela démarre comme de la chick-lit. Quelques trentenaires parisiens, ayant un bon job, font le point sur leur vie : Les amants, les maîtresses, le temps qui passe, l'horloge biologique, le désir d'enfant.... Tout cela est classique, habituel, un rien gonflant...
Puis, l'histoire prend une autre tournure, plus sentimentale lorsque la Gabrielle du titre rencontre Hortense de 19 ans son aînée et en tombe raide dingue. Beaucoup d'allers et venues entre les deux femmes, entre Paris et Genève, une âpreté du désir d'être ensemble et Gabrielle sentant grandir soudain en elle le désir d'élever un enfant... Mais la différence d'âge, la distance, le passé d'Hortense mettront à mal leur amour. Gabrielle ne renoncera pourtant pas à vouloir donner la vie...
Le thème de la parentalité promis au début du roman, vite transformé en homoparentalité, se trouve différé à cause du développement du récit des amours de Gabrielle et accessoirement de Malik et François, autre couple gay gravitant dans le cercle d'amis. L'auteur se perd pas mal dans des évocations un tout petit peu encyclopédiques des différentes villes visitées, avec un côté guide gay parfois. Tout cela est mené avec habileté mais prend un peu trop d'importance surtout que la dernière partie, celle qui traite enfin de l'homoparentalité, finalement très intéressante, m'a paru un peu bâclée. Agnès Vannouvong nous propose pourtant une jolie mais courte réflexion sur les tenants et les aboutissants de la venue d'un enfant au sein des couples homosexuels. Elle interroge et questionne son lecteur en présentant le couple, le mariage, comme une instance uniquement sociétale et offre de faire exploser cette notion aujourd'hui ringardisée par la loi du mariage pour tous en nous faisant réfléchir sur d'autres modèles "familiaux". C'est diablement réjouissant mais arrive beaucoup trop tard dans le livre... ou alors il ne fallait pas nous appâter au début...
Pour conclure, un joli essai pas totalement convaincant mais qui surfe joliment sur un fait de société qui risque de bouleverser pas mal de repères dans les années qui viennent. En se jouant de quelques clichés et ne rêvant d'un monde plus libre d'esprit, Agnès Vannouvong nous interpelle et donc nous intéresse.
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