samedi 2 septembre 2017

Demain sera tendre de Pauline Perrignon

" Demain sera tendre" partait pour moi avec un handicap. Non pas que je n'aime pas les premiers romans ( loin de là même !), mais quand soyons franc, Pauline Perrignon fait le portrait de son père ! Encore une qui doit avoir des vieux comptes à régler sous le tapis ! Je soupire, lève les yeux au ciel, prend un double mojito, et la mort dans l'âme, je me plonge dans sans doute une énième resucée de " Papa était dur, taiseux, violeur, absent, drôle, barré, formidable, suicidaire, infidèle, alcoolique, collabo, manipulateur, bipolaire, schizophrène, héroïnomane, homosexuel, zoophile " ( barrez les mentions qui ne conviennent pas). Il faut bien le dire des portraits de père par fifille, on les compte par semi-remorques entiers ! Alors en route pour pour une psychanalyse sur papier... Au début, comme je n'étais pas des plus réceptifs, j'ai parcouru les premières pages un peu sceptique...voire même un poil agacé quand on s'aperçoit que le papa en question était un journaliste un peu connu en son temps, engagé et qui avait quelques amis célèbres ( Albert Du Roy, journaliste, homme de télévision ) ou Edmond Maire ( CFDT ). Et puis, et puis, malgré tout, l'écriture s'impose petit à petit, sensible, percutante parfois. Le récit de cette vie, les sentiments qu'elle porte à cet homme de conviction apparaissent bien vite comme le miroir d'une époque aujourd'hui bien lointaine mais aussi comme un beau portrait vibrant et généreux.J'ai assez vite oublié tous mes griefs et me suis laissé porter par ce récit formidablement bien écrit, ni gnangnan, ni revanchard, ni geignard, simplement d'une belle lucidité, pour finir par me dire en refermant le livre que décidément Pauline Perrignon avait un sacré beau brin de plumes ! Il faut que je fasse un aveu, il y a un long passage sur "Le matin de paris", journal de gauche aujourd'hui défunt dont j'ai été durant sa belle époque un fervent lecteur. Son évocation en plus de m'intéresser mais aussi ( sans doute ) de m'émouvoir, m'a fait faire un retour arrière personnel des plus agréable, revoyant sa typographie, ressentant même son odeur d'encre toute particulière. Merci Pauline Perrignon pour ce petit retour en nostalgie mais, je le répète, ce n'est pas la seule raison pour laquelle on peut se jeter dans ce premier roman, la belle évocation de cette figure paternelle signe également la naissance d'une belle écrivaine.

1 commentaire:

  1. Résumons,un double mojito et soirée lecture sera tendre?:-)

    RépondreSupprimer