mercredi 17 janvier 2018

Festival Premiers Plans 30 ème ...la suite





Vent de folie lundi à Angers ... la météo n'était pas clémente et les parapluies s'envolaient sous les bourrasques. Et ce vent avait gagné la grande salle du palais des congrès où allait avoir lieu la présentation du jury de ce trentième festival. Bondée comme jamais, la salle bruissait d'impatience, commentant déjà la venue de la présidente de ce jury : Catherine Deneuve. Comme l'attente fut un peu longue, les bavardages allaient bon train,  la star se trouvant au centre d'une actualité polémique ( heureusement un peu désamorcée par une lettre publiée le jour même dans Libération). Les avis divergeaient allant de la défense inconditionnelle à des propos plus graveleux de certains mâles sur la conduite qu'ils auraient s'ils croisaient notre icone nationale dans un couloir ( du palais...y'a pas de métro à Angers...). Avec presque une heure de retard, le jury a fini par entrer dans la salle et s'installer à sa place sous les flashes des photographes mais aussi des centaines de portables qui n'auraient pas voulu rater pareille aubaine. Petite originalité cette année, le jury n'est pas monté sur scène, nous nous sommes contentés d'un petit coucou de la main depuis leur fauteuil... Peur des sifflets de la part de la présidente ? Je ne sais. En tous les cas, elle a eu tort car elle fut acclamée ( mais Agnès Varda, présente elle aussi, fut longuement ovationnée) et il n'y eut aucun sifflet. On sait faire la part des choses à Angers...
Mais ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas ces figures de légende du cinéma mais plutôt les jeunes talents à découvrir. Pour cette séance de gala, nous fûmes projetés en Ukraine dans un long-métrage que sa réalisatrice a qualifié de "quiet" ( tranquille). Et pas un vain mot. Ce fut tranquille, peut être même un peu trop. Malgré une formidable et magnifique jeune actrice, Dasha Piahtiy , "Strimholov" de Marina Stepanska qui brosse le portrait de jeunes adultes cherchant à se faire une place dans une société hébétée par la guerre et l'alcool, a un peu peiné à passionner une salle attentive et attentionnée.
Nous étions nettement moins nombreux à la séance suivante ( les invités et le troisième âge se couchent tôt !) pour le film danois "Winter brothers" de Hlynur Pàlmason, œuvre froide et grise se déroulant dans une mine en hiver et dans les Algeco glauques prêtés ( ou loués ) aux ouvriers. Sur fond de mésentente  fratricide et d'alcool frelaté, le réalisateur construit un véritable pont entre ces installations vidéos que nous proposent les musées d'art contemporain et le cinéma. Une certaine beauté plastique teigneuse et hyper réaliste irrigue ce film rude et prenant.
La journée de mardi fut consacrée ( pour moi qui n'avait pas choisi de revoir des œuvres du patrimoine)  à une palanquée de courts métrages dont je peux dire qu'ils semblent plus prometteurs que l'an passé ( mais l'année 2017 n'était-elle pas au niveau cinéma assez moyenne? ) . La compétition s'est poursuivie le soir avec tout d'abord ( et en présence de Catherine, pas du tout en retard ) un film luxembourgeois ( oui, il existe un cinéma luxembourgeois !) , Gutland de Govinda Van Maele, chronique noire, campagnarde lorgnant vers le thriller, sur les thèmes de la transformation ou de l'intégration dans une société fermée. La longue et hésitante mise en place de l'histoire est tout juste rattrapée par un final un peu plus prenant, sans pour autant m'enthousiasmer ...loin de là.
C'est un peu dépité, mais plein d'espoir que je me suis installé pour le dernier film du jour de la compétition, le film norvégien "The rules for everything" de Kim Hiorthoy.  Et là, bingo encore un choc esthétique et cérébral ! De l'humour, de la finesse, un peu d'absurde, la mort, la vie, les marchands de bonheur, une petite fille philosophe, le deuil, l'amour, l'humour, tout se côtoie, se mélange dans ce long métrage totalement bluffant par ses points de vue, sa construction, ses plans décalés, son montage original. Même si une petite baisse de régime se fait sentir à l'amorce du dernier  tiers, ce film fut une bouffée d'oxygène dans une sélection comme souvent plombante. Et encore une fois, on retrouve dans ce cinéma scandinave l'apport des plasticiens et autres créateurs du milieu artistique contemporain qui donne un souffle nouveau à un cinéma innovant et fichtrement intéressant.
Je ne sais pas comment sera la suite de la sélection, mais à Angers, les bons films passent à 21h45. Alors, je m'adresse à Catherine ( oui, elle lit mon blog !) , si vous voulez voir un bon film en soirée, loin de cette foule curieuse  aux regards insistants, honorez-nous de votre présence à la dernière séance, votre amour du cinéma sera récompensée.






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