vendredi 19 janvier 2018

La ballerine aux gros seins de Véronique Sels


Le titre, un peu racoleur, laissait présager un roman comique, impression accentuée par le dessin de couverture, joliment minimal, presque cartoonesque. Quand on plonge dedans,  il s'agit d'une toute autre histoire. En gros, Barberine l'héroïne aime la danse comme nombre de petites filles. Les tutus, les chaussons roses Repetto la font rêver comme d'autres les dauphins et les chevaux. Elle s'imagine sylphide, légère et bondissante. Pas de chance, le monde de la danse classique est impitoyable, son carcan n'admet pas les gros seins ...comme ceux qui pointent désormais sur le buste de notre héroïne. Heureusement, la danse contemporaine, plus libre, moins formaliste va lui permettre d'essayer de vivre sa passion de la danse.
Traité plutôt sur un mode dramatique, le récit court sur une vingtaine d'années, des premiers pas dans un cours de danse lambda jusqu'au New-York des chorégraphes contemporains et de la maternité de l'héroïne. Pas de quoi fouetter un chat niveau romanesque, sauf que, pour pimenter le récit, et sans doute faire preuve d'originalité, l'auteur double chacun de ses chapitres par un "bis" . Et ce bis, est un peu comme une suite de l'histoire mais vue par les deux seins de Barberine, bizarrement nommés Dextre et Sinistre. Cela aurait pu être  sympa, sauf qu'ici cela ne fonctionne pas du tout. Autant le récit de la jeune fille peut intéresser ( quelques jolis paragraphes sur la danse et la découverte de sa version contemporaine), voire toucher, autant l'autre partie, totalement artificielle, ampoulée, devient totalement agaçante par l'emploi ininterrompu d'énumérations. Les deux mamelles, malgré leur vocabulaire fourni,  n'évitent pas les clichés (l'absence de forme, leur poussée, la chirurgie esthétique, ...) et subissent les errements de leur propriétaire en pleurnichant sans qu'ils aient eu de ma part la moindre compassion.
On peut me rétorquer que ce sujet est essentiellement féminin, que moi, homme, je ne peux voir que l'aspect érotique de ces seins offert à ma curiosité, biaisant peut être ma lecture ... C'est réducteur, comme réduire une femme à la grosseur de ses seins ou un homme à la taille de son pénis.  En tant que lecteur, je n'y ai lu qu'un essai un peu raté de vouloir raconter une histoire avec originalité. Hormis l'effet d'annonce, le roman peine à convaincre par manque de lien entre les deux narrations.

Roman lu dans le cadre de Masse Critique de Babelio

1 commentaire:

  1. Je vais donc commencer sans plus attendre un régime littéraire sans "sels"

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