vendredi 13 septembre 2013

Palmer en Bretagne de Pétillon


Le premier des nombreux gags de cette nouvelle aventure de Jack Palmer est dans le titre : "Palmer en Bretagne". La couverture nous présente le fameux détective sur un rocher bien breton. Joli clin d'oeil en forme d'hommage, car il y restera toute l'histoire sur son bout de caillou. Coincé par la marée haute, il attendra le reflux, devenant un personnage plus que secondaire. 
Une fois débarrassé de son encombrant héros, Pétillon peut s'éclater dans un récit où le jeu de massacre est ici porté à son paroxysme. Sur une île bretonne, le temps d'une marée, il réunit tout ce que notre époque peut engendrer de sots pétris d'orgueil et de bêtises. Invités par une bourge clinquante mais désargentée, deux présidents (pas de la république, plutôt de grands groupes industriels, genre Pinault et Arnault ) qui se détestent, vont entretenir leur rivalité tout en s'ignorant. Suivis par une flopée de parasites tous plus fats les uns que les autres, ils vont se battre pour acheter une croûte sans valeur, pendant qu'autour d'eux, invités et autochtones vont se déchirer dans une atmosphère empuantie par la fermentation des algues vertes. Quand l'esprit parisien du 16ème rencontre la Bretagne travailleuse, ça fait des étincelles (et ici un feu d'artifice d'humour).
Cet album me semble le plus réussi de la série des Jack Palmer. Pétillon et son humour corrosif s'en donne à coeur joie. De la première à la dernière case, pas un temps mort, aucune baisse de tempo, ça file à cent à l'heure et c'est tout simplement réjouissant. Des nouveaux riches, au maîtres du CAC40, des journalistes au mareyeurs bretons, des attachés de presse aux éleveurs de porcs, tout le monde passe par la moulinette grinçante et ô combien sarcastique de Pétillon qui semble ici au sommet de sa forme. Avec une mécanique impeccable proche de Feydeau mais excitée par l'air iodé (et puant) breton, cette pseudo enquête, qui épingle en même temps le marché de l'art,  est un régal d'humour vache et  le premier vrai éclat de rire  de cette rentrée. 




jeudi 12 septembre 2013

Tip top de Serge Bozon

(Voix de Julien Lepers)
"Top ! Je suis un film français sorti en septembre 2013. En mettant en scène un couple de fliquettes barges, je joue avec l'absurde, le non-sens et les nerfs des spectateurs. Encensé jusqu'à l'orgasme par une certaine presse, j'ai participé un peu plus à creuser le fossé qui sépare le public de la critique. Je suis, je suis.... "Tip Top" de Serge Bozon ..."

Rentrée faste pour le cinéma français, cette semaine encore un film qui fera regretter d'avoir payé 10 euros...  Pourtant le spectateur, alléché par les têtes d'affiche, avait lu, ici que c'était un polar déjanté et hilarant, là une réflexion intelligente et pugnace sur l'intégration algérienne en France et ailleurs un pied de nez au cinéma bien-pensant et formaté, où chaque scène était un délice d'absurdité, de non-sens et de pétage de plomb sublime.
Tout cela n'est pas totalement faux, tout ce qui est indiqué précédemment se trouve bien dans "Tip Top". Seulement, c'est, hélas, comme ces pubs pour les films dans la presse. Quand vous voyez écrit en gros : "Sublime" (Libération)  ou " Pure merveille" (Le point), en fait le publicitaire, malin, extrait ces mots du contexte qui disait en fait : "Sublime de bêtise " ou " Comment gâcher cette pure merveille qu'était le roman de..." Oui, c'est bien absurde, quelquefois gonflé, souvent décalé mais c'est surtout raté  car absolument pas maîtrisé. Et les quelques petits moments originaux qui parsèment çà et là le film, ne sont pas assez nombreux pour faire de cet essai soi-disant corrosif , un film réussi.
Entre une intrigue policière obscure dont le réalisateur se contrefiche très vite, les scènes inutiles dont on se demande ce qu'elles fichent là (et notamment celles avec l'excellente Karole Rocher qui à l'air de s'ennuyer ferme), le jeu improbable de la plupart des seconds rôles, une photographie moche et aux éclairages alléatoires et un montage cahotique, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à trouver le résultat passionnant. François Damiens disait dans une interview qu'il n'avait rien compris à ce qu'il jouait... Qu'il soit rassuré, moi non plus je n'ai pas compris, mais cela a-t-il réellement de l'importance ? Le but du film est de dynamiter le système ronronnant de la comédie commerciale. Manque de chance, ils ont tourné dans le Nord de la France. Il a plu, la mèche n'a jamais réussi à s'allumer...
Le grand intérêt du film est son couple vedette, le duo Huppert/Kiberlain. Si la première surjoue de façon peu crédible une scène sur trois, la deuxième est étonnante de drôlerie. Pas une mimique, pas un geste, pas une réplique qui sonne faux. Dans un univers en roue libre, Sandrine Kiberlain est la seule qui s'en sorte avec les honneurs, sauvant le film de l'ornière dans laquelle il flirte constamment. En flic nunuche et voyeuse, elle se révèle un clown hors pair. Du grand art ! Elle est, à mon avis, la seule bonne raison d'aller passer 1h40 devant un écran.


mercredi 11 septembre 2013

Une histoire d'hommes de Zep


Pour l'Ecole des Loisirs  lançant à son tour une collection BD, nommée Rue de Sèvres, il fallait un album choc pour ses débuts, histoire de se frayer un passage dans un secteur fortement concurrentiel. Le roman graphique sérieux et adulte de Zep qui paraît aujourd'hui, est un coup de maître commercial qui engendrera curiosité et vraisemblablement bonnes ventes. Mais le passage de Titeuf à cette histoire de quadragénaires est-il un essai réussi ? Le virage est risqué, d'autant plus que le thème abordé est un peu casse-gueule car maintes fois abordé au cinéma et en littérature: les retrouvailles, vingt ans après, d'une bande de copains (sans compter sur la couverture un peu austère et pas vraiment réussie à mon avis).
Sans que cette histoire d'anciens membres d'un groupe de rock qui a explosé suite à la bévue de son batteur ne soit réellement originale et ne sorte guère des sentiers bien balisés déjà empruntés par d'autres, Zep arrive à toucher le lecteur et donc à emporter le morceau avec talent. On sent que l'auteur y a mis beaucoup de lui même, de ses goûts, de son humour mais aussi de sa tendresse.
Nous sommes dans le monde de la musique qu'il connaît bien (musicien lui-même dans diverses formations), il en profite pour casser quelques mythes, voire jouer la commère (pour notre plus grand plaisir d'amateurs de potins peoples). On retrouve aussi son humour un peu potache qui, ici, allège juste comme il faut la tension omniprésente du récit de ces retrouvailles. Même si l'histoire flirte avec les clichés du genre, Zep arrive à émouvoir, voire surprendre son lecteur. La mise en images, avec ces cases aux coins arrondis, donne une sensation de douceur et sensibilité que des tons pastels, un peu tristes, tirent un peu plus vers l'émotion. Les personnages ont juste ce qu'il faut de différence pour conférer au récit le dynamisme idéal et permettre une parfaite identification. On est tellement pris par l'histoire que c'est avec regret que l'on referme l'album. Je serai bien resté un peu plus longtemps dans cette belle demeure anglaise de rock star vieillissante...
Construction sophistiquée, coup de crayon réaliste du plus bel effet, mise en page recherchée, intrigue joliment nostalgique et vivante, ce coup d'essai est une réussite et attirera peut être de nouveaux lecteurs vers le roman graphique, genre qui, à quelques rares exceptions, n'a pas encore réussi à truster les premières places des meilleures ventes de bandes dessinées. Alors, bravo et merci à Zep pour ce bel album !




mardi 10 septembre 2013

Qu'est-ce que je m'ennuie de Christine Naumann-Villemin et François Soutif

Si vous avez un enfant qui a la chance de s'ennuyer, c'est que vous êtes de sacrés bons parents le savez-vous ? Cela signifie qu'il n'est pas trimballé d'activités sportives en activités artistiques, devenant improductives à force d'accumulation. S'ennuyer de temps en temps est bon pour son développement, son imaginaire. C'est idéal également pour casser les  pieds aux parents qui doivent supporter les lancinants : "Je m'ennuie....j'sais pas quoi faire". Ca peut mettre les nerfs en pelote, l'entourage à cran. C'est le bon moment pour dégainer "Qu'est-ce que je m'ennuie" le formidable album de François Soutif et Christine Naumann-Villemin qui , en plus de passionner votre progéniture à l'humeur sombre, va en plus la faire réfléchir...
Le héros, est un garçon boudeur (il semblerait d'ailleurs que les filles sont moins sensibles à l'ennui). Il cherche l'activité, rien ne l'intéresse. Cracher sur des escargots, faire des trous, peigner un hamster se révèlent rasoir. Rien n'y fera, morose il est, morose et dans l'ennui il finira. Seulement, l'album, malin comme tout, propose au lecteur une vision autre. Chaque jeu délaissé, chaque occupation lâchée en cours, cache un intérêt que le petit garçon, peu curieux, ne voit pas. Il ne remarque pas les fleurs fantastiques qui poussent après ses crachats, les personnages fantastiques qui naissent dès qu'il tourne le dos, le trésor qui apparaît dans les trous qu'il a creusé. Englué dans sa morosité, il laisse de côté un monde merveilleux que le lecteur, lui, apprécie doublement car ce sont les seuls représentés avec des couleurs éclatantes.
La force de cet album sont les illustrations de François Soutif, à la fois poétiques, humoristiques, fourmillantes de détails piquants. La richesse du dessin est épaulée par un texte plus minimaliste, mais tout en efficacité (Ah! l'invention des gros mots !), surtout non redondant, et dont le décalage permet au lecteur de se sentir l'observateur privilégié et gentiment supérieur.
Cet album est une vraie réussite, dans lequel les enfants aiment revenir encore et encore, découvrant à chaque lecture un détail qui leur avait échappé. "Qu'est-ce que je m'ennuie" risque de devenir un incontournable dans la bibliothèque de nos petits. Il allie humour, finesse, imaginaire, philosophie et plaisir de lecture. Vous en  connaissez beaucoup  ayant autant d'atouts ?
A partir de 3/4 ans et édité chez Kaléidoscope.
ATTENTION : ce coup de coeur de la rentrée ne sera en librairie qu'à partir du 17 octobre 2013

lundi 9 septembre 2013

Cent quarante signes d'Alain Veinstein



Sois branché mon vieux, écris ta critique sous forme de tweets, c'est dans l'air du temps et bon pour rajeunir ton image !

Un livre de 408 de tweets, Alain Veinstein l'a fait, Grasset l'a publié mais les tweetophages de rueront-ils sur le livre ? Et les lecteurs de roman, de poésie ?

Lire une compilation de tweets en 2013, c'est comme lire un recueil de télégrammes en 1960 sans les "stop" ? Les maximes de La Rochefoucauld au 17 ème ?

Vouloir lire 408 pages de tweets d'une traite est une pure folie.

408 pages de tweets écrites par un poète amoureux des mots reste quelque part de la poésie.

408 pages de tweets d'un vrai écrivain gazouillent bien plus joliment que 408 pages de Katherine  Pancol.

Sous 408 pages de tweets, la vie, la vraie.

Au fil des tweets, un homme apparaît, avec ses doutes, ses peurs, ses rêves et son chien.

Les tweets d'Alain Veinstein sont-ils des cousins occidentaux des haïkus ?

Lire 408 pages de tweets, c'est un peu comme lire l'intégrale de Peanuts, les images dans la tête.

Qui aurait cru que dans la lecture de 408 pages de tweets, l'émotion gagnerait le lecteur ?

408 pages de tweets lues et certains relus plusieurs fois... pour le plaisir.

Il faut savoir reposer les tweets d'Alain Veinstein, pour respirer un peu.

Même sous forme de tweets, le monde d'Alain Veinstein reste celui d'un humain qui doute, qui s'interroge et qui observe le monde.

Rêve : tous les livres sont écrits désormais sous forme de tweets. Réveil en sueur. c'était un cauchemar.

Avenue Mitterrand : ma voisine qui gazouille pourtant beaucoup n'est même pas abonnée à Twitter.

2013 a la poésie qu'elle mérite : le tweet.

Ecrire un livre de 408 pages de tweets est une prouesse, en terminer sa lecture en est-elle une ?

Lire 408 pages de tweets oblige le lecteur à s'interroger sur son rapport à la lecture, aux mots.

140 signes d'Alain Veinstein n'est pas du tout ce qu'il paraît être : anecdotique.

Refermer 140 signes d'Alain Veinstein et penser que cet homme s'est totalement dévoilé.

Refermer 140 signes d'Alain Veinstein et penser que la vie est peut être contenue dans un seul tweet.

Refermer 140 signes d'Alain Veinstein et se sentir libérer de la lecture en pointillé d'une drôle de  poésie.

Aller jusqu'au bout du processus et tweeter tous les tweets de ma critique.

Ne pas oublier de tweeter que 140 signes d'Alain Veinstein est un livre hors norme et diablement intéressant.

Tweeter aussi, qu'ouvrir 140 signes d'Alain Veinstein et lire au hasard peut être un vrai bonheur.

Conserver 140 signes d'Alain Veinstein dans sa bibliothèque car il contient un gros bouquet de tweets qui touchent en plein coeur.

Dans ce que je lis se croisent les fils de pensées qui me sont étrangères, mais que je laisse entrer en moi pour me reposer de ma vie.
(Celui-ci n'est pas de moi mais d'Alain Veinstein, voyez la différence !)

Un clavier, un écran, des tweets et pourtant la vie jaillit quand c'est Alain Veinstein qui gazouille.

Livre lu dans le cadre de l'opération coup de coeur des lecteurs organisée par la librairie DECITRE et son site de lecteurs ENTREE LIVRE (Ce n'est pas un tweet !)



dimanche 8 septembre 2013

Tirez la langue, mademoiselle d'Axelle Ropert



La très jolie affiche de "Tirez la langue, mademoiselle" est sensée attirer le spectateur vers l'histoire de deux frères médecins amoureux de la même femme. 
Disons d'emblée c'est quand même un film raté mais quelque part sympathique.
La colonne "ratés" est très longue : 
- Un scénario accumulant des situations improbables comme la pratique en doublette des deux frères médecins ou une soupe partagée à 6 heures du mat' dans un restaurant chinois bondé (mais je ne suis pas parisien et je ne connais pas les coutumes du 13 ème arrondissement). Et je peux en citer d'autres comme la consultation sans ausculter le patient vomissant pourtant tripes et boyaux ou les nombreuses rencontres dues au hasard qui font avancer l'histoire de façon romanesque mais à la façon roman de gare du début du siècle dernier. (C'est dingue comme Paris est parfois un petit village, où l'on rencontre toujours les mêmes personnes surtout si celles-ci sont nécessaires au scénario...)
- Des dialogues lourdingues, très appuyés ou un peu décalés, placés sans finesse au hasard d'une scène.
- Des comédiens pas très bons (surtout les seconds rôles).
- Une symbolique lourdement cinématographique, un peu obscure, qui n'apporte pas grand chose à l'histoire, sauf à ce que le spectateur se demande pourquoi toutes ces portes qui s'ouvrent, se referment, se rouvrent, inlassablement durant tout le film ? Ou quand elle est évidente, en devient sursignifiante comme tous ces rideaux ou stores vénitiens qui montrent bien l'enfermement amoureux, familial dans lequel vivent les deux médecins. Je ne parlerai pas de la doublette des médecins ( en fait une seule et même personne ? ) mais je pourrai ajouter aussi le choix de la palette des couleurs pour chaque personnage. A Louise Bourgoin et sa fille, le rouge de la passion et du désir et aux deux frères, les tons froids dans les bleus/gris/verts. Mais à l'oeil, ce parti-pris est plutôt joli et réussi.
Cependant, malgré ces défauts, nombreux, qui viennent avec acharnement gêner la crédibilité du propos, j'ai éprouvé un certain attachement à ces personnages, surtout avec celui de Boris, interprété par Cédric Kahn, pourtant moyennement à l'aise dans son rôle. Je me l'explique difficilement et je ne sais si c'est dû à son interprétation malhabile et touchante ou à au talent de la réalisatrice ou tout simplement à une identification toute personnelle. 
Quoiqu'il en soit, ce film bourré de défauts n'est pas totalement désagréable, ni ne donne envie de fuir la salle dans lequel on le projette comme j'ai lu ici ou là... Il n'est pas pour autant le film du mois comme le claironnent quelques magazines branchouilles (connivence sûrement, Axelle Ropert la réalisatrice est par ailleurs critique...), juste une de ces productions françaises un peu fragile que l'on on arrive encore à produire, et c'est tant mieux.




samedi 7 septembre 2013

Le plus joli des rêves de Nathalie Brisac


C'est toujours difficile de donner son avis sur un roman écrit pour la jeunesse. "Le plus joli des rêves" de Nathalie Brisac me laisse un peu sceptique. Si je me place du côté "enfants qui aiment déjà lire seuls" comme le dit l'éditeur, je pense que certains y trouveront leur compte. (leur conte ? ). Nous sommes dans la structure classique du conte philosophique et symbolique. Un méchant qui souhaite posséder quelque chose d'inaccessible, un valeureux qui va être amené à se questionner pour résoudre des énigmes et au bout, une jolie morale sur l'importance du rêve dans la vie et la pureté des coeurs de ceux qui rêvent toujours. Le texte, d'une écriture classique, un soupçon ampoulée, a le même côté rétro  que les jolies illustrations de Rascal qui m'ont rappelé certains livrets de textes d'élèves imprimés dans les années 60 par les écoles. Je pense toutefois que certains enfants bons lecteurs pourront y trouver un petit plaisir de lecture.
Cependant, l'adulte que je suis, cotoyant dans sa vie professionnelle beaucoup d'enfants, s'interroge un peu sur cette parution. Ce conte souffre de deux défauts : sa lourdeur symbolique, trop souvent présente dans la littérature jeunesse, comme si on bâtissait des histoires uniquement dans le but de promouvoir des idées bien pensantes, et son manque d'originalité. Les histoires dont le héros doit répondre correctement à des énigmes pour arriver à atteindre son but, sont nombreuses et un grand nombre de fort réussies jalonnent la littérature depuis des siècles. Ici, dans un récit qui est sensé promouvoir le rêve, les réponses aux trois énigmes sont quand même assez décevantes car peu propices à occasionner une quelconque rêverie au jeune lecteur. A la question posée : Qu'y a-t-il dans cet oeuf ?  (le rêve montre un bel oeuf blanc avec des taches vertes), la bonne réponse est : un crocodile car, ne l'oublions pas, les bébés crocodiles sortent d'un oeuf... Pour une réponse de rêveur, je la trouve bien terne ou terre à terre. J'aurai proposé quelque chose de plus merveilleux : un petit bonhomme orange avec un bec de canard et qui chante Verdi ou un oiseau qui parle en murmurant aux oreilles des hommes des mots pour lui donner envie de rendre le quotidien plus beau, n'importe quoi qui fasse un peu rêver le lecteur. Je ne divulgue pas les réponses des deux autres questions auxquelles les personnages doivent répondre, mais les bonnes réponses sont d'une platitude totale, allant je trouve, à l'opposé du propos. Du coup, le message final tourne vire un peu cucul, rappelant les textes bourrés de bons sentiments que l'on faisait ingurgiter aux enfants au milieu du siècle dernier.
Loin de moi l'idée qu'il ne faut pas de morale dans la littérature jeunesse, mais un peu d'inventivité et de finesse me semble nécessaire si l'on veut faire passer le message. Je ne suis pas sûr que "Le plus beau des rêves " soit le plus beau des livres, mais peut être n'ai-je plus une âme d'enfant ....
Quoiqu'il en soit, je pense qu'il trouvera des lecteurs et des défendeurs... Permettez-moi de préférer une littérature un peu plus moderne et un soupçon plus impertinente.

vendredi 6 septembre 2013

Grand départ de Nicolas Mercier


Pas faciles les thèmes abordés par "Grand départ" : la démence sénile, la rivalité entre deux frères que tout oppose, l"adulescent en mal de choix de vie. Nicolas Mercier, pour son premier film en tant que réalisateur, n'a pas choisi la facilité et a retroussé les manches en concoctant également le scénario dans lequel il essaie d'injecter sa petite touche drôlatique qui avait fait merveille dans la série télé "Clara Sheller".
Hélas, le résultat n'est pas très convainquant. J'ai eu l'impression d'assister à la projection d'un téléfilm. Il m'a même manqué, lorsque la salle s'est rallumée, le petit débat sociétal qui aurait pu suivre si j'avais été devant mon petit écran.
On ne reprochera rien aux acteurs qui font ici bien leur job. Par contre, l'intrigue un peu mollassonne manque sérieusement de piquant. Cela ronronne doucement sans jamais vraiment nous accrocher et les dialogues, écrits visiblement pour être mordants, restent un brin trop sages. La mise en scène quant à elle, s'éparpille pas mal entre une pseudo modernité dynamique, jouant sur l'accélération de certains plans et une succession d'autres beaucoup plus basiques et plan-plan. 
On ne passe pas, malgré tout, un mauvais moment dans son fauteuil, mais est-ce nécessaire de payer 10 € (sauf pour les possesseurs de cartes d'abonnement) pour un genre de téléfilm projeté sur grand écran ? Autant attendre son passage à la télévision, pour lequel il semble vraiment formaté (et je ne dis pas ça parce que l'on y retrouve Charlotte de Turckheim / Madame le proviseur dans un petit rôle).
Premier essai pas vraiment transformé, "Grand départ" garde le mérite de se coltiner un sujet assez âpre sans pour autant parvenir à le rendre intéressant. Aidé par des comédiens bien castés, il reste cependant un peu trop sage et diffuse somme toute, et étrangement,  une morale un peu trop bien pensante : pour vivre heureux, choisissez la normalité...  




jeudi 5 septembre 2013

La dernière danse de Charlot de Fabio Stassi


La première chose que j'ai pensé en refermant "La dernière danse de Charlot" est :"Quel joli livre !" Il mérite amplement le succès obtenu en Italie, son pays d'origine, et l'on comprend aussi, comme le mentionne l'éditeur, la dizaine de traductions en cours de part le monde. 
Fabio Stassi nous offre une fantaisie romanesque autour de Charlie Chaplin. Nous le retrouvons un 24 décembre, dans son bureau. Il a 82 ans et la mort, venue le chercher, est assise en face de lui. Désireux de voir encore un peu grandir son dernier fils Christopher, il arrive, facétieux, à passer un marché avec la grande faucheuse. S'il la fait rire, il gagne un an de vie. Le grand acteur, diminué,  arthritique, arrivera six Noël de suite à éviter la route du néant. Il profitera de ces années pour écrire une longue lettre à son plus jeune enfant, racontant sa jeunesse, années de formation qui seront le ciment de son art. 
Jonglant avec les lieux, les époques, les anecdotes véridiques et les inventées, Fabio Stassi recrée un Charlie Chaplin plus vrai que nature même si  héros de quelques aventures nouvelles. Se référant avec sensibilité à ses grands films, il propose, au fil de péripéties issues de son imagination féconde, de nouveaux éléments propres à enrichir le plaisir que nous avons à voir ou à revoir les grands films de l'artiste. Ou comment à partir d'une oeuvre filmée, réinventer la vie de son créateur. 
Là où le talent de l'écrivain apparaît, c'est qu'il ne noie jamais le lecteur peu cinéphile. Ses pistes sont amenées avec subtilité et légèreté. Même en ne connaissant pas sur le bout des yeux la filmographie du créateur de Charlot, le lecteur prend grand plaisir à cette évocation des débuts d'un génie. Après avoir tâter une dizaine de métiers, on retrouve Mr Chaplin dans l'effervescence créatrice que sont les premiers balbutiements du cinéma. Et quand l'anecdote tourne au conte avec les amours d'une écuyère et d'un garçon de piste noir, possible inventeur de la photo qui bouge, le roman prend un tour sérieux et très émouvant, lui donnant de superbes pages sur le désir, la force et le tragique des clowns. 
Agréable surprise que ce premier livre de Fabio Stassi traduit en France. Roman d'initiation autant que d'invention, "La dernière danse de Charlot" a la politesse des grands clowns. Il s'adresse à tout le monde, sachant parfaitement que derrière la puissance romanesque et le spectacle, se cache toujours la fragilité des choses et des hommes. 

Livre lu dans le cadre de l'opération coup de coeur des lecteurs organisée par la librairie DECITRE et son site de lecteurs ENTREE LIVRE .

mercredi 4 septembre 2013

Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre

Tout ce que vous pouvez lire ici ou là sur ce premier roman classique de Pierre Lemaitre est vrai. C'est un sacré bon livre que vous ne lâcherez plus une fois ouvert. Je le dis sans connivence aucune. Non, il ne m'a pas été offert gracieusement par l'éditeur, ni l'auteur car j'ai acheté moi-même " Au revoir là-haut", uniquement par envie de savoir comment l'auteur avait sauté la barrière qui sépare le polar, dans lequel il officie habituellement, du roman classique. François Bunel, qui ne sort visiblement jamais des sentiers très balisés de la littérature, a qualifié Pierre Lemaitre d'auteur inconnu dans son édito du magazine LIRE de septembre! Le pauvre, il a raté quand même de bons moments de lecture.... mais s'est rattrapé avec celui-ci, en le qualifiant roman de la rentrée.
Et il n'a pas tort pour une fois, de tresser ses inlassables louanges pour ce récit haletant  qui fait merveille tout en se jouant avec maestria d'une intrigue imparablement tricotée. Et comme le roman se double d'une fresque documentée et impitoyable sur l'après grande guerre, où comment des rescapés du front vont vivre ce retour à la vie normale dans une France qui panse ses plaies, on reste scotchés, sans voix, tout entier  au plaisir de la lecture.
En suivant la destinée de trois hommes, nous revivons intensément cette période ô combien édifiante, révélant le cynisme des hommes et illustrant à merveille cette phrase reprise sur la quatrième de couverture ; " Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. " Les trois protagonistes principaux de cette histoire sont les rares survivants d'une attaque à quelques jours de l'armistice. Bien que victorieuse, elle a quand même viré à l"hécatombe. Henri fringuant lieutenant aussi beau à l'extérieur que pourri à l'intérieur sera le parfait exemple du profiteur. Albert miraculeusement épargné, ne retrouvera pas sa place de comptable et survivra grâce à des petits boulots sans intérêt, tout en s'occupant d'Edouard, son sauveur, bourgeois en rupture de banc mais surtout vraie gueule cassée, au visage atrocement amoché.
Dans cette France qui ne sait que faire pour honorer ses morts plutôt que de s'occuper des vivants, nos trois héros vont utiliser l'air ambiant, odeur de charogne planant sur les nombreux lieux de combats, pour monter des affaires douteuses, loin des vertus patriotiques prônées. S'enrichir va s'avérer facile pour peu que l'on ait un esprit commerçant ou que la filouterie de haut vol ne vous répugne pas. En inventant des escroqueries autour des cadavres des poilus morts pour la patrie, Henri, Edouard et Albert sont de vraies crapules dont deux toutefois seront sympathiques au lecteur, parce qu'estropiés, parce que pauvres, parce prêts coûte que coûte à maintenir leur tête hors de l'eau. Le troisième, figure on ne peut plus noire, n'aura d'aucune façon notre compassion, devenant LE méchant de l'histoire.
Avec un début totalement haletant, mettant en scène avec un réalisme sidérant la violence de l'attaque pour la cote 13 et jusqu'au final lyrico/mélodramatique, il n'y a aucun temps mort. "Au revoir là-haut" est un véritable tourne pages qui se joue avec brio d'une ou deux facilités romanesques grâce à un agencement futé et au talent de conteur hors pair de l'auteur, qui manie avec un art confirmé, grande et petite histoire.
Certaines pythies littéraires prédisent un grand succès à ce roman, voire même des  prix... Ce ne serait que justice. On parle aussi d'un best-seller à la "Harry Québert" la saison dernière. Là aussi on espère que cela se produira. Mais entendons-nous bien, avec " Au revoir, là-haut" nous sommes cent coudées au-dessus du roman de Joël Dicker, lequel en lisant cet ouvrage prendra à coup sûr quelques leçons de narration et de construction.
Même si ce n'est pas le chef d'oeuvre de l'année, je me joins au choeur des enthousiastes pour saluer cet excellent roman, vraiment tous publics, qui ouvre avec flamboyance les commémorations pour le centenaire de cette guerre 14/18.


mardi 3 septembre 2013

Le crépuscule d'un monde d'Yves Turbergue



Décrire au travers d'un roman la chute du monde ouvrier de 1968 à nos jours est un projet ambitieux. Dans "Le crépuscule d'un monde", Yves Turbergue s'y attelle sur plus de 400 pages dans un mélange quelquefois hasardeux de romanesque et d'étude sociologique et politique.
 J'ai lu ici ou là, qu'un livre publié en septembre en France, aux yeux des critiques noyés dans le maelström des parutions, pouvait voir son sort jeté dès la première phrase. Un peu plus persévérant tout de même, il a failli en être de même pour moi à cause du premier chapitre. Le livre s'ouvre en mai 68 pour nous décrire de façon âpre et désenchantée une manifestation dans laquelle se trouve Claude Martin, ouvrier métallurgiste, qui sera abattu par un CRS. Il deviendra dès lors la figure fantomatique  de ce roman. En plus d'un ton lucide mais un peu pontifiant, quand en page 16, l'auteur fait entonner aux manifestants "Le chiffon rouge " de Michel Fugain, chanson écrite en 1973, je n'étais plus dans les meilleures dispositions pour la suite.
C'est peut être pour ça, et malgré une conviction très forte de l'auteur et une analyse très précise de ce déclin, que j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman. Mais la persévérance paye parfois, et malgré les considérations politiques, syndicales et sociologiques  pertinentes qui ont quand même un peu de mal à se mélanger avec l'intrigue qui du coup n'avance guère, une belle humanité se dégage de l'ensemble. Si l'on balaye les quelques clichés (Ah, le nombre de coups de foudre qui se sont produits le soir du 10 mai 1981 !) et certaines facilités romanesques, on retiendra tout même une très intense évocation du milieu ouvrier, ses doutes, ses galères, ses peurs, ses combats et cette lente descente vers un déclin inexorable de la classe laborieuse balayée par " les exigences ... toujours plus impérieuses des maîtres des forges et de leurs valets politicards". On trouve au fil des pages des paragraphes magnifiques sur ces vies balayées par l'argent roi.
Devant la conviction éminemment sympathique et l'implication profonde de l'auteur, "Le crépuscule d'un monde" reste un ouvrage digne d'intérêt dont on devrait surement pas mal parler, ne serait-ce que parce il empoigne un sujet bien peu traité dans notre littérature embourgeoisée à l'extrême.

Livre lu dans le cadre de l'opération "On vous lit tout", organisée par le site Libfly et le Furet du Nord. Qu'ils en soient ici remerciés !

lundi 2 septembre 2013

La Reine de la Baltique de Viveca Sten



L'éditeur Albin Michel, instigateur d'une des premières collections de polar en grand format avec "La nuit du renard" de Mary Higgins Clark en 1980, possède dans cette collection "spécial suspense" une liste impressionnante d'auteurs à succès. Hélas, trois fois hélas, elle n'a inscrit à son tableau (si je ne m'abuse) aucun auteur scandinave à succès, ce qui, par les temps qui courent est, soit une faute de goût,  soit une catastrophe industrielle si l'on en croit les tirages importants de tous ces écrivains vikings chez les concurrents. Avec les meubles IKEA, on a l'impression que l'auteur suédois est le deuxième produit d'export du pays du groupe Abba. A croire que c'est une passion locale que d'occuper ses longues nuits hivernales à concocter des polars durs et froids aux personnages imbibés d'aquavit. 
Ayant raté (ou pas vu ) Henning Mankell, Stieg Larsson et Camilla Lackberg, les éditions Albin Michel  sont fières d'annoncer cette rentrée la parution de "La reine de la Baltique" d'un nouvelle venue nommée Viveca Sten, suédoise pur jus. Mais attention pas n'importe laquelle des auteures suédoises, une nouvelle reine du best-seller. Sa série mettant en scène le bel inspecteur Andreasson ( Thomas pour les intimes) et son amie Nora, experte financière, connaît un succès phénoménal dans son pays d'origine. "Un million d'exemplaires vendus !" annonce un bandeau rouge aguicheur sur la couverture, soit, s'il s'agit uniquement de la Suède, un suédois sur 10 a un livre de l'auteur chez lui... Ca laisse rêveur.. Et pour mieux enfoncer le clou, une phrase au-dessus déclare : "Mieux que Camilla Lackberg !".( pour les non spécialistes, c'est l'auteure suédoise qui cartonne en ce moment en France chez Actes Sud). Si avec tout ça , ça ne fonctionne pas ...
Donc, amateur de polar, j'ai ouvert avec gourmandise cette "Reine de la Baltique". J'ai lu et je peux affirmer que, pour moi, c'est nettement moins bien que Camilla Lackberg qui était déjà nettement en-dessous de Larsson et de Mankell ( mais il est vrai dans un autre genre de polars). J'ai eu droit à une enquête on ne peut plus quelconque mêlée aux insipides problèmes de couple de l'héroïne. Ce n'est jamais passionnant mais surtout écrit à la truelle. Là où  Camilla Lackberg instillait un peu d'humour dans les rapports très sitcoms de ses personnages qui dénouaient  une intrigue assez inventive, ici, tout est plat et quelconque, sans une once d'imagination ni d'épaisseur. Ca ressemble à un téléfilm standardisé pour chaîne de la TNT cherchant à combler le vide d'audience, un lundi après-midi. 
Les suédois ont l'air d'aimer... il en sera peut être pareil chez nous car c'est très, très facile à lire. Pour moi, c'est vraiment trop banal et j'en viens à me demander s'il ne serait pas plus judicieux d'aller plonger dans le patrimoine du polar suédois et de rééditer Maria Lang, publiée dans les années 70 au Masque et que je lisais adolescent entre un Exbrayat et un Agatha Christie. J'en garde le souvenir plaisant d'intrigues bien fichues et efficaces... Mais cela a peut être vieilli...
Foin de nostalgie, "La Reine de la Baltique" n'a de  royal que son titre et, pour moi, entre Camilla Lackberg et Viveca Sten, je choisis sans l'ombre d'un doute....Henning Mankell !

Livre lu dans le cadre de l'opération coup de coeur des lecteurs organisée par la librairie DECITRE et son site de lecteurs ENTREE LIVRE

dimanche 1 septembre 2013

Les renards pâles de Yannick Haenel


Expulsé de son appartement, un homme décide de vivre dans sa voiture garée dans une rue parisienne. C'est l'été, il s'organise tant bien que mal et observe le monde autour de lui. Au fil de ses déambulations, il croisera des personnages décalés, en marge comme lui. Et puis, il sera attiré par un étrange symbole, tracé sur un mur situé impasse Satan, évoquant à la fois l'insecte et le poisson. Fasciné par ce dessin, il va finir par rechercher l'auteur et finalement se rapprocher d'un groupuscule d'agitateurs d'origine malienne. Sorte d'anonymous aux masques Dogons, ils traverseront Paris en un cortège grossissant, rassemblant tous les exploités et les laissés-pour-compte d'un siècle d'esclavagisme et de d'exploitation libérale.
Après le succès critique de "Jan Karski" (prix Interallié 2009); Yannick Haenel s'attaque à un sujet sensible dans nos sociétés occidentales : l'exclusion, sociale bien sûr, mais aussi économique et politique. Sujet fort qui lui vaut les honneurs de la presse, souvent sous la forme d'un rapprochement avec d'autres auteurs traitant peu ou prou du même thème. 
Cependant, et malgré cette thématique hautement sensible, je n'ai pas vraiment été emballé par le traitement romanesque qu'il en a tiré. Sa belle écriture n'est jamais arrivée à me passionner. Il a beau rameuter Beckett ou J.J. Rousseau à la rescousse, la sauce n'a pas pris du tout. La faute en premier lieu, à mon avis, à cette galerie de marginaux, pas vraiment surprenante, déjà vue ailleurs et surtout assez improbable. Ensuite, même si l'on trouve le postulat de départ intéressant, les idées humanistes et politiquement intenses, le traitement choisi, lourdement symbolique et agrémenté  de phrases sentencieuses, plonge l'ensemble dans un ennui distingué. Le mélange discours militant et manif de la deuxième partie a beaucoup de mal à s'amalgamer, hésitant constamment entre roman et essai, sans jamais réellement convaincre malgré la diatribe irréprochable du propos. 
J'ai pu admirer le style, la générosité du propos, mais tout cela m'est passé à côté, noyé par ce traitement trop irréel pour acquérir mon adhésion. Tiré un sujet aussi dense vers l'allégorie était risqué. Yannick Haenel s'y est essayé et un peu perdu je pense. Le soufflé, pourtant bien parti, s'effondre assez vite, me laissant lourdement déçu par cet essai raté de faire percevoir le monde impitoyable d'aujourd'hui par le biais d'une fiction romanesque.