L'éditeur Albin Michel, instigateur d'une des premières collections de polar en grand format avec "La nuit du renard" de Mary Higgins Clark en 1980, possède dans cette collection "spécial suspense" une liste impressionnante d'auteurs à succès. Hélas, trois fois hélas, elle n'a inscrit à son tableau (si je ne m'abuse) aucun auteur scandinave à succès, ce qui, par les temps qui courent est, soit une faute de goût, soit une catastrophe industrielle si l'on en croit les tirages importants de tous ces écrivains vikings chez les concurrents. Avec les meubles IKEA, on a l'impression que l'auteur suédois est le deuxième produit d'export du pays du groupe Abba. A croire que c'est une passion locale que d'occuper ses longues nuits hivernales à concocter des polars durs et froids aux personnages imbibés d'aquavit.
Ayant raté (ou pas vu ) Henning Mankell, Stieg Larsson et Camilla Lackberg, les éditions Albin Michel sont fières d'annoncer cette rentrée la parution de "La reine de la Baltique" d'un nouvelle venue nommée Viveca Sten, suédoise pur jus. Mais attention pas n'importe laquelle des auteures suédoises, une nouvelle reine du best-seller. Sa série mettant en scène le bel inspecteur Andreasson ( Thomas pour les intimes) et son amie Nora, experte financière, connaît un succès phénoménal dans son pays d'origine. "Un million d'exemplaires vendus !" annonce un bandeau rouge aguicheur sur la couverture, soit, s'il s'agit uniquement de la Suède, un suédois sur 10 a un livre de l'auteur chez lui... Ca laisse rêveur.. Et pour mieux enfoncer le clou, une phrase au-dessus déclare : "Mieux que Camilla Lackberg !".( pour les non spécialistes, c'est l'auteure suédoise qui cartonne en ce moment en France chez Actes Sud). Si avec tout ça , ça ne fonctionne pas ...
Donc, amateur de polar, j'ai ouvert avec gourmandise cette "Reine de la Baltique". J'ai lu et je peux affirmer que, pour moi, c'est nettement moins bien que Camilla Lackberg qui était déjà nettement en-dessous de Larsson et de Mankell ( mais il est vrai dans un autre genre de polars). J'ai eu droit à une enquête on ne peut plus quelconque mêlée aux insipides problèmes de couple de l'héroïne. Ce n'est jamais passionnant mais surtout écrit à la truelle. Là où Camilla Lackberg instillait un peu d'humour dans les rapports très sitcoms de ses personnages qui dénouaient une intrigue assez inventive, ici, tout est plat et quelconque, sans une once d'imagination ni d'épaisseur. Ca ressemble à un téléfilm standardisé pour chaîne de la TNT cherchant à combler le vide d'audience, un lundi après-midi.
Les suédois ont l'air d'aimer... il en sera peut être pareil chez nous car c'est très, très facile à lire. Pour moi, c'est vraiment trop banal et j'en viens à me demander s'il ne serait pas plus judicieux d'aller plonger dans le patrimoine du polar suédois et de rééditer Maria Lang, publiée dans les années 70 au Masque et que je lisais adolescent entre un Exbrayat et un Agatha Christie. J'en garde le souvenir plaisant d'intrigues bien fichues et efficaces... Mais cela a peut être vieilli...
Foin de nostalgie, "La Reine de la Baltique" n'a de royal que son titre et, pour moi, entre Camilla Lackberg et Viveca Sten, je choisis sans l'ombre d'un doute....Henning Mankell !
Livre lu dans le cadre de l'opération coup de coeur des lecteurs organisée par la librairie DECITRE et son site de lecteurs ENTREE LIVRE
Excellent avis, et l'introduction est juste magique :-D
RépondreSupprimerChronique détaillée et bien argumentée, franchement j'ai énormément aimé.