jeudi 24 mai 2012

Tanger 54 de Mona Thomas


Le point de départ de ce livre est un rêve de chineur : trouver un dessin qui est peut être réalisé par un grand artiste et que l'on achète trois francs six sous sur un vide-grenier. C'est ce qui arrive à l'acteur Gérard Desarthe, sur le marché de Beuzeville. Il déniche un portrait au pastel sur lequel est écrit, comme une signature, Will.S Burroughs - Tanger 54. La critique d'art et auteur de ce livre, Mona Thomas déjeune ce dimanche là chez l'acteur et est tout de suite intriguée par ce dessin. Elle décide par passion mais aussi par amitié de trouver qui a bien pu exécuter ce pastel. Commence alors une longue enquête qui va nous mener dans le Tanger trouble de l'après-guerre et dans le Londres de Francis Bacon.
Cela aurait pu être un polar haletant et passionnant dans le milieu de l'art qui, de découvertes en découvertes, nous aurait conduit vers le peintre inconnu. Cela ne l'est pas, l'auteur profite plutôt de ses recherches pour nous raconter le Tanger mythique des années cinquante avec ses artistes vivant leur homosexualité (voire leur pédérastie) sans contrainte. Raconter est un bien grand mot, évoquer serait plus approprié. Ici aucune linéarité, simplement des moments, des périodes nous sont décrites au gré de des suppositions ou des trouvailles. Les questions tournent souvent autour de la présence ou non en 1954 de tel peintre ou tel écrivain. C'est un peu décousu, pas réellement passionnant pour un lecteur lambda non spécialisé. On y apprend tout de même les us et les coutumes d'un certain tourisme sexuel, on y croise Paul Bowles, ses amants, sa femme mais aussi Jack Kerouac qui aimait les jeunes marocains et surtout Francis Bacon qui a beaucoup séjourné là-bas. La deuxième partie du livre va  s'intéresser plus longuement à Bacon car on le soupçonne d'être peut être l'auteur ou alors l'inspirateur du pastel mystérieux. Ici aussi, évocation de quelques moments de la vie du grand peintre britannique, toujours de façon un peu disparate, plombe un peu plus le livre.
 Je suis arrivé au bout de ma lecture car j'avais envie de savoir si ce pastel était vraiment une bonne affaire pour Gérard Desarthe. La quatrième de couverture, bonne vendeuse, annonce un épilogue sidérant et lumineux... Son auteur avait du manger de la confiture de dattes au hash pour écrire ça, car on est loin du compte. 
Erudit assurément, "Tanger 54" , avec une bonne idée de départ, mais hésitant constamment entre roman pseudo policier et biographie, laisse comme un goût d'ennui malgré la présence d'artistes disjonctés et hauts en couleur. 


2 commentaires:

  1. Mouais, en effet, pas très convaincu par ce roman..

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  2. Pas d'accord mais alors pas du tout!
    Je viens de terminer la lecture d'une traite de cette histoire qui se présente, en effet, d'entrée comme une enquête dont on attend le dénouement. Au lieu de cela, comme des voiles successifs se superposent des peintures sociétales de moeurs, d'amours, toute une méditation sur la création. L'histoire et l'ambiance si particulières de Tanger, marquée à tout jamais du souvenir de personnalités hors-normes, viennent faire vibrer une prose fouillée. Plus on avance en lecture, plus l'oeuvre s'envole comme une rêverie. comme si le but avoué de la démarche avait échappé au domaine de la reflexion rationnelle pour rejoindre celui de l'imagination. Au fond on se moque de qui a dessiné ce visage. Mais sa découverte est le prétexte à un sacré voyage dans le temps et dans l'espace avec, en prime de l'intelligence, de la culture et de la sensibilité.
    Evidemment on aurait été ravis que Mr D. ait fait une affaire en or (en hors) mais tant pis cela aussi on s'en moque... Et puis comme dans la vraie vie, rien n'est jamais fini, on ne sait jamais, l'histoire continue...

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