Nous faisons la connaissance de Pierre Gould, héros récurrent du livre, infatigable collectionneur de livres particuliers. D'une nouvelle à l'autre, nous découvrons des auteurs inconnus qui ont écrit des livres étranges : les livres que personne ne peut lire tellement il sont à tomber d'ennui, ceux qui ont sauvé des vies grâce à leur épaisseur ou à leur recette à guérir une maladie orpheline, ceux qui se corrigent tout seul dans le but d'atteindre un résultat parfait ou encore les livres gigognes dont chacun en renferme une infinité d'autres. C'est drôle, faussement érudit mais infiniment créatif et jouissif pour l'esprit.
Intercalées apparaissent d'autres nouvelles sur le thème de villes tout aussi fantastiques, joyeux hommage à Italo Calvino sans doute. Là, Bernard Quiriny nous balade à Oromé en Bolivie, ville qui s'autodétruit ou à Caori au Brésil où chaque seconde de votre visite reste en mémoire toute votre vie dans les plus infimes détails. Il y en a huit autres de cet acabit, à faire pâlir d'envie le plus luxueux des catalogues de voyage.
Et puis, il y a une troisième couche de nouvelles, elles aussi fantastiques dans tous les sens du terme, intitulées ou pas "Notre époque". Les thèmes sont divers mais tout aussi déjantés. Que se passe-t-il lorsque la nuit d'un 31 décembre, tous ceux qui ont fait l'amour se réveillent habitant le corps de leur partenaire et vice et versa ? Ou alors que devient-on lorsque la loi permet de changer de nom et de prénom autant de fois qu'on le désire ? Dans ces nouvelles là, Bernard Quiriny est à son sommet, déroulant son raisonnement jusqu'au délire tout en gardant un ton sérieux et précis.
Vous aurez compris que la lecture de ce livre risque de vous devenir indispensable. Mais attention, juste un petit conseil à tous ceux qui aiment lire une petite nouvelle avant de s'endormir : ne lisez pas ce recueil! Vous serez immanquablement victime d'insomnies dues à une trop forte stimulation de votre cerveau, ces petites nouvelles ont le don de vous poursuivre, de vous titiller les méninges et même de vous rendre (pour certains) fous de jalousie devant autant d'inventivité.
Je viens de terminer cette collection de nouvelles assez singulières. Si j'ai souri au début, l'abondance d'invraisemblances m'a très vite fatigué. Et j'ai refermé ce livre en me promettant de ne le conseiller à personne de mon entourage. Je n'ai pas aimé non plus le mot "dégglomération" - sorti de l'imagination de l'auteur - dont l'orthographe me semble plus que suspecte (l'ensemble "égg"), ni les mots "calle" et "campo" qui dans le sens de "rue" et "place" sont utilisés à Venise seulement.
RépondreSupprimer