mercredi 22 août 2012

Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne Rubinstein


Le roman de Marianne Rubinstein est bien un ouvrage de dame. Pas un de ces récits conventionnels qui fleurissent régulièrement sur les tables des librairies contant les mésaventures d'une quelconque quarantenaire ou plus, un peu écervelée si possible et donc sur un mode comique ou bien geignarde si au bord de la dépression (même si ici, le début...). Ce n'est pas du tout de la chick-lit, avatar de Bridget Jones. Non, c'est un ouvrage de dame dans l'esprit de ce que tissait Pénélope en attendant Ulysse, un travail long, exigeant et plein de finesse.
Pourtant, malgré un épigraphe extrait de la divine comédie, le roman démarre plutôt mal. Ecrit sous la forme d'un journal, nous faisons la connaissance de Yaël, quarante ans, fraîchement lâchée par son mari parti vivre avec une plus jeune. Elle partage son temps entre rumination et venue de son fils Simon dont elle a la garde alternée. Après quelques pages, j'avais l'impression d'avoir lu cent fois et pourtant, je me suis accroché, car derrière les mots, les annotations sur cette déprime, le désarroi du temps qui passe, j'ai perçu comme une lueur intéressante qui s'est précisée au fil des pages.
L'héroïne est prof d'économie dans une fac parisienne. Intelligente, lettrée, son journal au fur et à mesure du temps s'enrichit de notations littéraires, autour du désir, de la peur de vieillir, du sort des femmes après quarante ans. Mélangées à son quotidien, ses rencontres, ses hésitations, ces notations vont peu à peu lui sortir la tête hors de l'eau. Sans psy, sans bonne copine foldingue, elle va revivre à nouveau, finalement sauvée par ses lectures, ses passions culturelles, sa réflexion et son observation de la vie qui continue autour d'elle.
On peut trouver des défauts à ce livre, être agacé par cet étalage psycho-littéraire mais, j'ai pris pas mal de plaisir à suivre cette femme dans sa recherche de nouvelle vie. Ce qui est assez fort, c'est que j'ai eu l'impression que l'auteur sentait les réticences que le lecteur pourrait avoir en lisant et qu'elle déposait au coin de quelques paragraphes des phrases d'illustres penseurs autour du thème de la création littéraire, du désir d'écrire. On lit par exemple page 114 cette maxime de La Rochefoucault : " Nous avouons nos défauts pour réparer par notre sincérité le tort qu'ils nous font dans l'esprit des autres". Ce roman c'est un peu ça : des défauts comme dans beaucoup de romans autocentrés, mais une telle vitalité dans la réflexion et cette véritable envie de partage avec son lecteur font que je l'ai refermé  finalement satisfait de ma lecture.








1 commentaire:

  1. j'aime beaucoup ton billet, j'y retrouve des sentiments partagés lors de ma lecture de cet ouvrage. moi aussi j'ai été attirée par la "lueur"! ;)

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