Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce roman a été aussi long à lire qu'un traité sur la culture du rutabaga dans la région de Stuttgart. J'ai passé plus de dix jours à suivre les tribulations de Bernie Gunther, jamais intéressé par ce roman qui possède pourtant toutes les qualités requises pour me passionner. Au delà d'une réalité historique sans doute minutieusement rendue, mêlée à un humour agréable, jamais cette histoire ne m'a embarqué réellement.
Malgré son éditeur (Le masque), ce n'est pas vraiment un polar, presque un roman historique sur les camps russes de la dernière guerre mondiale et la guerre froide, mais aussi un roman d'espionnage. C'est peut être le cocktail de ces trois ingrédients qui m'a dérouté.
Il est vrai que je partais avec un handicap : je n'avais pas lu, honte à moi, les précédents ouvrages de l'auteur, dont la fameuse "Trilogie berlinoise" que par ailleurs j'ai beaucoup offert sur recommandations. Mais c'est avec une réelle envie que je me suis plongé dans ce qui se révélera pour moi une lecture assez peu passionnante.
L'histoire située en 1954, cueille Bernie Gunther à Cuba où il est arrêté en mer par la C I A, puis longuement interrogé sur son passé de policier sous le régime nazi, d'où de nombreux flash-backs sur ses agissements durant la dernière guerre mais aussi sur l'après-guerre. Bernie, comme tout bon héros, sort sain et sauf des pires situations, de divers complots et même des terribles camps russes.
Seulement, ici, au milieu de tous ces nazis belliqueux, je me suis parfois perdu dans toutes ces pérégrinations un peu rébarbatives. J'ai eu souvent l'impression d'assister, surtout dans la première moitié du livre, à un défilé de tous les généraux, colonels et commandants que comptait le troisième Reich, tellement de noms divers et variés étaient cités. Si les interrogatoires avec les agents de la CIA recèlent quelques parcelles d'humour, j'avoue ne pas avoir vraiment saisi l'intérêt qu'avaient les américains à vouloir faire de Bernie un espion à leur solde. Mais suis-je bon juge car l'espionnage reste un genre qui m'ennuie profondément ?
Ici, en plus d'un personnage principal assez insaisissable, trop peu défini à mon gout, les nombreux retour en arrière dans les lieux sordides de ce terrible conflit, comme de petites nouvelles policières, n'aident en rien une intrigue dont j'ai eu du mal à saisir l'enjeu. En plus, Philip Kerr adopte un point de vue sur le fil du rasoir qui se résume à : tous pourris ! Les russes sont les pires, les américains victorieux ne sont pas mieux, les français des pleutres et les allemands plutôt des victimes, bernés par un régime fou, massacrés par les troupes communistes et abusés par les amerloques.
Même si nous parcourons les heures sombres de notre histoire récente, "Vert-de-gris" ne m'a laissé que la sensation d'un roman lourdement documenté pour une intrigue tirée par les cheveux. Malgré l'ambiguité et l'humour de son héros, cette évocation lorgnant plus sur le roman d'espionnage que sur le polar, m'a laissé un gout d'ennui assez prononcé....Mais, sur ce coup, je ne suis pas sur d'être le bon lecteur....
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