vendredi 14 février 2014

Les grandes ondes (à l'ouest) de Lionel Baier


Afin de rendre les programmes de la Radio Suisse Romande plus optimistes, son directeur d'antenne envoie au Portugal sa maîtresse, un ex grand reporter mis un peu sur la touche depuis quelques problèmes de perte de mémoire et un vieux technicien pointilleux sur son matériel. Leur but est de montrer comment les subventions et aides apportées par la Suisse apportent soutien et bonheur à une population qu'ils jugent sous-développée. De petite pendule électrique dans une école minable à un robinet offrant eau chaude et eau froide (et même tiède !) en passant par un directeur de station d'épuration vraiment raciste, les reporters font grise mine et n'ont rien à se mettre sous la dent. Mais nous sommes en avril 1974, le Portugal s'apprête à se débarrasser de sa dictature. Nos reporters vont prendre la révolution des oeillets en pleine figure sans rien avoir vu venir.
"Les grandes ondes" est ce que j'appelle un film attachant. Pas vraiment totalement réussi peut être à cause d'un léger manque de rythme, un peu singulier parfois par son mélange de genres qui peut dérouter (quelques légères petites touches poétiques, une scène de comédie musicale), il parvient sur la durée à nous faire sourire, puis à nous émouvoir et même à insuffler au spectateur cette dose d'optimisme qu'avait le peuple portugais au sortir de la dictature. Jouant finement sur une touche vintage en recréant couleurs et ambiance de cette année 1974, le film déploie un discours post soixante-huitard absolument délicieux. Evitant le côté nostalgique et avec les moyens de la comédie, il impose finement des parallèles avec aujourd'hui, rappelant au passage, qu'une bonne révolution, c'est quand tout le monde est uni vers un même désir de liberté et de non violence. Même si les dictatures d'aujourd'hui sont plus insidieuses, leur combat n'en reste pas moins vital. (C'est peu ou prou la conclusion du film)
A l'écran, c'est vraiment une comédie, servie par un excellent trio de comédiens. Michel Vuillermoz compose un journaliste quasi amnésique hilarant et attachant, Valérie Donzelli en féministe prête à tout est au diapason et j'avoue que j'ai découvert un acteur épatant en la personne de Patrick Lapp qui brosse un technicien bourru mais au charme certain, totalement irrésistible.
Beaucoup de fraîcheur dans ce périple portugais. Sa reconstitution bluffante de la révolution des oeillets et son petit plaidoyer pour une certaine libération sexuelle doublé d'un discret mais émouvant hommage à la créativité des journalistes radios et de leurs équipes, font qu'il serait dommage que ce film passe à la trappe par manque de spectateurs. Ne jouant pas les gros bras, ni dans le genre comédie populaire, ni dans le registre film d'auteurs, il propose dans son coin une jolie musique, finalement originale mais surtout pleine d'une humanité qui fait chaud au coeur. Par les temps qui courent c'est assez rare. Courez-y !



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