mardi 13 mai 2014

Les Tchouks, on fait une cabane ! de Benjamin Richard et Kerascoët

Il peut sembler normal pour les nouvelles éditions "Rue de Sèvres", spécialisées dans la bande dessinée, de publier une collection adressée aux jeunes enfants. Sa proximité avec l'Ecole des Loisirs ( elles en sont une des extensions) leur offre un point de vue privilégié. C'est donc avec une grande curiosité que j'ai ouvert cette première parution : "Les tchouks : on a fait une cabane !". J'ai lu. J'ai relu. Je l'ai fait lire autour de moi à des adultes qui s'occupent de la petite enfance.Tous,on a eu le même avis : c'est nul !
C'est le premier mot qui est venu chez tout le monde ! C'est dur de le dire comme ça, mais hélas c'est la vérité.
Ces mots si durs sont évidemment à l'image de la déception éprouvée. Comment une maison d'édition ayant pignon sur rue peut publier un truc aussi bas de gamme  mais fleurant également le mauvais marketing ?
C'est l'histoire (?) d'un groupe d"amis (?) dont les noms sont tous en "chouk". Si l'on ne prend pas le temps de les détailler dès l'ouverture de l'album, on ne sait pas trop par la suite  quel personnage parle ni où il se situe dans la page. Un peu gênant mais on arrive à s'y faire. Dans celui-ci , ils veulent construire une cabane qui aura la particularité de ne pas pouvoir accueillir de grands. Rien de neuf sous le soleil, ils la construiront, essuieront un méchant orage et éprouveront avec satisfaction la super solidité de la construction.
J'ai eu l'impression que pour cette bande dessinée ( ? ) que l'on avait cherché de mettre là-dedans tous les ingrédients qui plaisent aux enfants et aux parents. Pour les bambins, quoi de plus mignon qu'une bande d'animaux composée d'un lapin, un hérisson, un ours , d'un chien, d'un chat, d'un mouton, ... ? Pour les parents, un texte rappelant le Petit Nicolas et, cerise sur le gâteau, deux pages vaguement documentaires (ici sur les maisons et sur l'autre album de la série des bateaux) pour donner une caution pédagogique à la chose. Le problème, c'est que rien ne fonctionne. Le ton adopté par le texte, un peu ampoulé tout en se voulant proche d'un soi-disant langage enfantin, est tout sauf intéressant. (Notons cette sublime phrase : "Patatchouk est revenu en courant... juste avant qu'il y ait un orage du tonnerre avec des éclairs qui éclairent et des tonnes de tonnerres. "). La page documentaire tombe comme un cheveu dans la soupe et les dessins, entre Emilie et le Petit Prince paraissent un rien mièvres.
Finalement, pensant que je n'étais pas la cible idéale des aventures des Tchouks, j'ai lu cet album avec un groupe d'enfants de la tranche d'âge adéquate (4/6ans selon l'éditeur). J'ai mis tout mon coeur dans la lecture (et franchement il m'a été difficile de trouver un ton intéressant dans ce texte aux dialogues soi disant drôles mais surtout lourdingues ). J'ai eu droit à une écoute polie (les enfants sont vraiment bien élevés de nos jours !) mais au final, lors d'un débriefing amical, l'indifférence polie a été de sortie. Les albums des Tchouks ont été mis en évidence dans la bibliothèque de la classe....et depuis, ils prennent la poussière, ils n'ont jamais été repris !
Je ne comprends pas bien l'intérêt de ces publications sauf que peut être les Tchouks veulent tailler des croupières aux best sellers pour enfants dans les rayons des supermarchés. Mais moins clinquants que Martine, moins joyeusement colorés que les petites bêtes d'Antoon Krings, je pense qu'ils auront du mal à attirer le chaland. Espérons toutefois pour l'éditeur que je me trompe lourdement mais, s'il veut faire de la vraie BD pour enfants, il serait peut être urgent qu'il aille lorgner chez le concurrent (mais vrai spécialiste ) Dupuis et sa formidable collection Puceron à partir de 3 ans, mais surtout qu'il n'essaie pas de transformer un album quelconque en vague BD sous le prétexte qu'apparaissent trois ou quatre phylactères comme c'est le cas ici .
Album lu dans le cadre de "Masse critique " du site Babelio.

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