Clément , prof de philo parisien, se retrouve nommé à Arras ! La cata ! Comment un intello tel que lui, connaissant Kant et Proust comme sa poche, hantant les soirées branchées de la capitale, va-t-il survivre à cet horrible exil ? C'est simple, son instinct de mâle va le porter à draguer une sympathique et accorte coiffeuse jusqu'à la fourrer dans son lit. Jennifer (prononcez Jennifeur...) est littéralement emballée, amoureuse et un peu étonnée qu'un mec aussi cultivé s'intéresse à elle. Comme la relation s'installe, chacun va découvrir le monde et surtout les goûts de l'autre. Dostoievski, Kant et Giono seront lu par amour par la jeune femme, tandis que le karaoké et un nanar avec Jennifer Aniston (Qui c'est celle là ? ) seront appréciés du bout des lèvres par Clément. La relation dure mais les corps ne suffisent plus à asseoir une relation satisfaisante.
Après le débat autour de la théorie du genre (mais ici seul le titre pourrait nous y faire penser) et en plein coeur de celui sur la fracture sociale, Lucas Belvaux aborde dans ce film, un thème bien plus insidieux, voire encore plus brutal, la violence de classe et son creuset qu'est la culture.
On sait bien que toute bonne comédie romantique va essayer d'associer deux personnalités antagonistes dans le secret espoir de les voir s'aimer malgré tout. Le thème de la différence de classe, depuis le prince et la bergère, en passant par "Pretty woman" ou plus près de nous "Mon pire cauchemar", a été souvent exploité. "Pas son genre" en possède au départ tous les codes mais va très vite nous intéresser réellement en déviant un peu de la route habituelle. Tout d'abord, le réalisateur va laisser tomber le rythme soi disant trépidant de la comédie pour prendre son temps à installer la situation. Pendant presque deux heures, il va observer ce couple, sans jugement (les critiques sont réservées à cette pauvre ville d'Arras). Le spectateur aura l'opportunité de s'attacher aux deux amoureux et surement plus à Jennifer, dont le caractère solaire est évidemment plus séduisant que l'air plus ou moins emprunté de Clément. Mais surtout le film fonctionne très bien grâce à ses interprètes. Si Loïc Corbery est parfait en de philo spécialiste de l'amour, plus attaché aux mots qu'aux êtres, Emilie Dequenne est tout simplement époustouflante d'abattage et de charme. Elle rayonne à l'écran apportant au film son côté pétillant. Ils composent à eux deux un couple très crédible qui va, petit à petit conduire le spectateur à s'interroger sur cette histoire d'amour. Clément est-il vraiment amoureux ? Peut-il vraiment accepter les goûts de Jennifer qui fait tant d'efforts pour partager les siens ? N'est-ce qu'un plan cul pour combler l'ennui des soirées arrageoises (oui les habitants d'Arras sont des Arrageois...) ?
A force de questions, le film passe lentement de la comédie au suspens psychologique, pour dévoiler au passage toute la violence intime que la différence de culture peut engendrer.
"Pas son genre" est une vraie bonne surprise. Bien écrit, magnifiquement interprété, titilleur de méninges, il prouve qu'une bonne comédie romantique peur aussi être intelligente ET passionnante. Et si vous hésitez encore avant d'acheter votre billet, vous découvrirez qu'Emilie Dequenne est aussi une très bonne chanteuse avec une mention spéciale pour son interprétation de "I will survive".
Me tarde d'avoir tes impressions. j'ai bcp aimé!
RépondreSupprimerNous sommes d'accord!! quelle jolie comédie, et réflexion sur le fossé de la "culture", de l'érudition.
RépondreSupprimerQuant aux talents de chanteuse d'Emilie Dequenne, j'ai omis d'en parler...elle est incroyable de sincérité. As-tu lu le papier du Monde ?
a bientôt
pop corn :)
Oui j'ai lu le papier dans Le Monde, formidablement bien vu et bien écrit.... je ne peux que faire preuve d'humilité à côté .
RépondreSupprimerBonjour Pierre D., je confirme, un film prenant avec une Emilie Dequenne exceptionnelle. Bonne journée.
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