jeudi 15 mai 2014

Grace de Monaco d'Olivier Dahan


Le film démarre par une citation de Grace Kelly (extraite sans doute du bac philo 2013 de la principauté) : "L'idée que ma vie soit un conte de fées est déjà un conte de fées."
La ligne directrice est donnée, ce sera un conte de fées... donc ....
Il était une fois, une très jolie actrice oscarisée et célèbre, qui par amour pour un prince quitte les sunlights artificiels pour ceux plus naturels de la Riviéra. Le beau prince, c'est Rainier de Monaco, régnant sans partage sur un bout de rocher. Il n'a pas un physique de rêve, le charme semble absent, mais l'amour est aveugle ! Et que l'on ne vienne pas dire qu'elle l'a épousé pour l'argent, les caisses monégasques sont vides ! Elle l'aîîîme donc !
Deux enfants plus tard, constamment suivie par une duègne à cheval sur le protocole, Grace glisse nonchalamment sur les parquets vitrifiés du palais. Elle sourit, elle est heureuse. Elle voit peu son mari qui ne l'embête pas, ils ont la bonne idée de faire chambre à part. Soudain, Alfred Hitchcock vient lui proposer un rôle dans son prochain film. Le front de Grace se plisse de souci. Là, il faut le dire, Mlle Kidman qui joue Grace, a un peu de mal à rendre l'expression intense, disons que le trop plein de botox ne lui permet que d'esquisser un léger frémissement d'oreille. L'angoisse monte ... Rainier acceptera-t-il ? Comme il a d'autres chats à fouetter et notamment un honteux blocus mis en place par de Gaulle risquant d'affamer tout le royaume, voire, si l'on en juge les réunions au sommet dans lesquelles nous sommes invités à assister, une troisième guerre mondiale, il donne son feu vert. Du coup Grace roule à 300 à l'heure sur des routes sinueuses, répète d'arrache pied son rôle de blonde frigide et se confie à son meilleur ami, un prêtre, sans qu'il y ait la moindre anguille sous roche.... c'est un conte de fées, je vous rappelle.
Las ! La situation géopolitique évolue mal. Entre un complot fomenter par une perfide belle-soeur et les menaces des chars français risquant d'anéantir la principauté, le projet cinématographique tombe à l'eau. Mais Grace n'écoutant que sa bravoure, va passer à l'action. Super Grace is back ! De l'ex actrice tirée à quatre épingles, on passera sans ciller à la candidate à la canonisation, mais en tailleurs griffés et en Rolls-Royce, faut pas charrier non plus ! Comme son image est déplorable auprès de la population locale (qui est au bord de recevoir une bombe atomique sur la tête, je vous le rappelle), Grace fonce sur le premier marché venu et propose gracieusement son aide à une  brave maraîchère, lui vendant son stock de patates aussi rapidement que des carrés de soie un jour de soldes chez Hermès. Action réussie, les locaux sont conquis ! Puis sus aux bonne oeuvres ! L'hôpital pour les enfants de Monaco ressemble à un orphelinat du Lesotho qui aurait subi les assauts successifs de hordes barbares et de douze bombardements ? Illico, Grace convoque quelques amies riches et organise une grande réception pour organiser sa réhabilitation qui servira aussi de piège géopolitique, attirant un général de Gaulle de retour de huit semaines de farniente aux Seychelles (si l'on en juge par le comédien qui l'interprète, ce dernier ayant profité pleinement de la piscine mise à disposition par la production) et qui subira un discours niaiseux d'adolescente succombera aux charmes de cette princesse finalement redoutable.
Je ne raconte pas la fin. Grace et Rainier finiront-ils par refaire chambre commune ? Albert continuera -t-il d'ennuyer sa soeur Caroline ? Grace sera-t-elle béatifiée ? Onassis succombera-t-il aux charmes de Rainier  de la princesse ? Je ne dirai rien, je ne veux pas gâcher votre plaisir !
Plus ringard qu'un reportage de "Point de vue " ou du défunt "Jours de France", plus sirupeux qu'un roman à l'eau de rose des années 30 , plus hagiographique qu'une bio de Bernadette Soubirou par soeur Marie des anges, "Grace de Monaco" est tout de même une curiosité. Comment peut-on produire en 2014 une telle pâtisserie sucrée jusqu'à l'écoeurement ? Si j'ai du mal à croire que la famille Grimaldi soit choquée par ce film, je peux par contre comprendre la colère du distributeur américain qui refuse de le montrer tel quel. Comment redonner du lustre à ce film, comment enlever toutes ces minauderies, cette fausse tension politique ridicule ? Il veut remonter le film, le rendre plus pêchu ? Sacré boulot et je serai curieux de voir le résultat....il serait étonnant qu'il soit pire...




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