Les amours de l'insupportable Tony (fille) et du flamboyant mais pervers Giorgio ne m'ont pas réellement emballé. Je passerai rapidement sur le cadre de cette tranche de vie conjugale où les protagonistes naviguent entre caviar et promenade en Jaguar, milieu cultivant parfois plus le paraître que l'être. Cependant, du sentiment, de l'être donc, Maïwenn essaie d'en donner à son héroïne, totalement addict à son mâle dominant. Elle rit comme une bécasse à la moindre blague de son restaurateur adoré ou semble assez complice dans un lit sans que l'on ressente à l'écran une passion physique intense (même la saillie dans la cuisine du restaurant reste très convenue). Elle l'a donc dans la peau son bellâtre pervers narcissique, et bien que Tony ne soit pas dans le genre des mannequins qu'il comble d'habitude, elle offre tous les atouts de la bonne proie à faire souffrir. Et là, Giorgio sort son grand jeu : désir d'enfant sitôt suivi par la location d'un appart pour s'isoler (et donc recevoir des maîtresses), problèmes de fric, copine barrée et suicidaire à aider, .... Tout est bon pour les engueulades, les crises de nerf, les prises d'anxiolytiques, les cris, les pleurs, les nez qui coulent (heu non, LE nez, car Tony n'est pas une mutante, elle n'en a qu'un, Giorgio ne renifle pas, le regard peut s'embuer parfois quand la situation le demande, mais c'est tout).
Je reconnais à Maïwenn un vrai talent pour décaler ses scènes, les rendre prenantes avec des dialogues crus, drôles, paraissant spontanés. Il y a une vivacité, une certaine audace parfois, une énergie réelle. Sa méthode appliquée à un récit choral comme dans Polisse, peut donner un semblant de style à ses films. Dans "Mon roi", avec seulement deux personnages, cela devient vite lassant et un peu répétitif. Elle a beau mixer le tout avec la rééducation du genou de Tony, ça ne prend pas plus (surtout que là aussi, très vite, elle va rire comme une grue au milieu de jeunes lançant des blagues pourries ). On reste au ras des pâquerettes. Pendant qu'elle remonte la pente au bord de l'océan, elle revit sa descente de sa vie d'avant. Aucun soin n'ayant été apporté à la temporalité de cette histoire qui s'écoule sur dix années, le temps semble n'avoir aucune importance ni sur le fonctionnement névrotique du couple ni sur leur aspect physique. Tony fait plus jeune en mère d'élève apprenant que son fils passe en classe supérieure qu'au moment de sa rencontre en boîte avec Giorgio....
On parle beaucoup de l'interprétation (et surtout du prix à Cannes). Si Vincent Cassel est absolument formidable en homme manipulateur, Emmanuelle Bercot pleure bien , crie fort (bien), mais n'arrive pourtant pas à rendre son personnage attachant, loin de là. Le couple ne pas paru crédible à l'écran et le projet final bien dérisoire. Ceci n'est qu'un avis masculin car, ma compagne, elle, s'est parfaitement identifiée à Tony et à sa passion destructrice... Cher lecteur, tirez-en les conclusions que vous voulez... Mais peut être que "Mon roi", même s'il ne se revendique pas du tout de la thématique féministe, est plus parlant pour les femmes...
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