lundi 5 octobre 2015

Vers l'autre rive de Kiyoshi Kurosawa


Un femme japonaise donne une leçon de piano à une petite fille très appliquée. La maman de l'élève, joue la cliente un soupçon exigeante et trouve que le morceau gagnerait à être joué avec un peu plus de gaieté. Quand la caméra découvre enfin le visage de la prof jusque là dissimulé derrière les cheveux, on comprend tout de suite que la joie de vivre n'habite pas Mizuki. Et pour cause, elle vit seule depuis trois ans, son mari ayant péri en mer. De retour chez elle, pendant la préparation d'un repas traditionnel, apparaît le fantôme de son mari Yusuke,  un ectoplasme, mais de chair et d'os. Cette apparition  lui propose de partir en voyage pour visiter des personnes rencontrées par le passé et où une mort subite a jeté des non-dits, lourdement enfouis parmi les vivants. Avec leur venue, les fantômes des disparus réapparaîtront, des paroles seront libérées. Ils découvriront aussi un endroit où se cache une grotte que l'on dit être une porte pour l'au-delà...
"Vers l'autre rive" a tous les atours du beau film d'auteur. Un propos ambitieux autour du deuil, des esprits qui hantent les têtes des japonais, issus du shintoïsme  peut être, mais aussi la suite logique du travail du réalisateur autour des fantômes qui ici, n'ont absolument rien d'horrifiques. La mise en scène est au diapason du propos, millimétrée, épousant les mouvements des corps et des esprits, offrant des plans et des séquences d'une infinie beauté. La toile de fond donne à voir un Japon rural loin des villes surpeuplées et invite le spectateur à découvrir un quotidien aux traditions ancestrales.
Mais, malgré toutes ces qualités, je n'ai pas pu aller vers l'autre rive, je suis resté sur le bord, à m'ennuyer un peu. Pas vraiment fana d'ésotérisme, j'ai bien compris le caractère symbolique de ces fantômes et bien accepté l'idée de leur présence. Mais le rythme quand même très lent et ces images nimbées de couleurs grisâtres auxquelles doit s'ajouter cette femme japonaise servile trottinant derrière un mari fantôme, ont empêché sans doute ma complète adhésion. Cette façon de ne pas exprimer ses sentiments ainsi que cette absence de contacts physiques entre les époux, typiquement japonaise sans doute, m'a un peu oppressé même si vers la fin, les corps se rapprochent enfin.
Il y a des films, malgré d'évidentes qualités qui me résistent. Peut être n'était-ce pas le bon moment pour les voir, Peut être n'ai-je pas encore toutes les clés pour apprécier ce cinéma là. Peut être aussi, que je fais un rejet sur les sujets ayant trait au deuil et à l'au-delà (Le deuil non, je ne crois pas, l'au-delà, certainement). Donc, pour "Vers l'autre rive", je me garderai bien d'être ou caustique ou péremptoire. Je passe mon tour. A vous de vous faire une idée si vous êtes curieux ou tentés !




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