mardi 27 février 2018

Les garçons sauvages de Bertrand Mandico


Attention vous êtes en présence d'un film qui deviendra sans contestation possible totalement culte. Ne pas le voir d'ores et déjà dans une salle obscure sera autant une faute de goût qu'un manque flagrant de curiosité, car, sur les écrans depuis des mois aucun film ne l'égale en matière d'originalité et de beauté plastique ( oui, les deux à la fois, c'est possible).
Cela vaut-il le coup de raconter l'histoire ? Je ne le pense pas car il faut réserver la surprise et surtout arriver vierge et neutre devant les images sublimes de Bertrand Mandico. On peut tout au plus signaler que nous sommes à l'exacte croisée des récits d'aventures que l'on pouvait lire enfant ( mais avant les années 70), comme un métissage de "L'île au trésor" qui aurait copulé avec "Sa majesté des mouches" qui lui même aurait été revu par un Fassbinder inspiré et Jean Genet. De l'aventure donc mais aussi une sexualité ultra présente mais sans scène de sexe. On retrouve donc un joie enfantine devant un conte, un vrai,  avec des tenants et des aboutissants, des sous entendus qui interrogeront notre perception au monde et surtout au genre, notion décidément très inspirante pour beaucoup de réalisateurs.
L'autre tour de force, qui accompagne pleinement la notion de genre, réside dans l'attribution des rôles des cinq adolescents mâles à des jeunes comédiennes qui se révèlent totalement crédibles et donc évidemment plus que  troublantes ( Vimala Pons en tête...décidément quelle comédienne !). Et quand le film les fera débarquer sur une île étrange, à la végétation très sexuellement évocatrice, le trouble grandira encore, jusqu'à un final assez décapant.
Bien sûr le film risque de déplaire à un public formaté aux fictions bien huilées et  bien pensantes ( tant au niveau des idées qu'à une certaine idée du calibrage des histoires et de leur façon de les filmer). Cependant, si l'on recherche à être surpris mais surtout si on aime la magie que le cinéma peut nous procurer à l'instar d'œuvres d'art visionnaires ou très personnelles, nul doute que l'univers de Bertrand Mandico vous fascinera par son inventivité, son culot et son esthétique au service d'une histoire aussi innocente que sophistiquée. Ce long rêve expressionniste donne un plaisir fou en régalant l'œil avec un noir et blanc sublime, titille notre esprit en le bousculant et le faisant se questionner, joue avec notre sexe de la plus innocente des manières ( mais l'innocence existe-t-elle ? ).
Qu'on se le dise, " Les garçons sauvages"  est le grand film français de ce début d'année, une œuvre inclassable mais vraiment inspirée et qui déclenchera de longues discussions tant les richesses autant cinéphiliques que thématiques qu'il recèle enrichiront les débats.


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