lundi 26 février 2018

Appelle-moi par ton nom de André Aciman


Un été en Italie, les années quatre-vingts, un jeune homme de très bonne famille, Elio, observe l'arrivée d'Oliver, jeune professeur américain invité à passer l'été dans leur grande propriété au bord de la mer. L'attirance est immédiate mais visiblement pas partagée. Sous un soleil radieux, au bord d'une mer d'un bleu infini, ils vont jouer au chat et à la souris. Elio connaîtra les incertitudes du cœur, les affres d'une passion qu'il espère assouvir jusqu'à ce que les corps se rencontrent... Naîtra alors un amour véritable, intense, un de ceux qui marquent une vie à jamais...
L'histoire reste somme toute banale, déjà lu et vu des dizaines de fois, notamment l'an dernier avec  le décevant "Splendeur "de Margaret Mazzantini, déjà en Italie, naviguait peu ou prou sur le même thème de cet amour ineffaçable  et le mois dernier, l'excellent " Les vacances du petit Renard " de Arthur Cahn traitait aussi de l'attirance d'un adolescent pour un homme plus âgé, un été à la campagne ( et à mon avis de façon bien plus convaincante). Cependant, même si le roman ne m'a pas totalement convaincu, force est de reconnaître qu'il arrive à être un brin original dans son traitement et réussit une dernière partie émouvante.
"Appelle-moi par ton nom" se divise en quatre parties dont  l'intérêt va crescendo. Après une exposition assez répétitive, où sont étalés les tourments un peu tirés par les cheveux du jeune héros, atermoiements ressassés de façon un poil agaçante, arrive la rencontre véritable, l'attendu rapprochement des corps, puis une partie romaine qui scellera la passion. Ces trois parties sont toutes parsemées de nombreuses références à des auteurs italiens plus ou moins connus du lecteur, auxquelles vont se mélanger quelques moments beaucoup plus triviaux. C'est ce curieux mélange de la langue littéraire employée que soudain des gouttes de foutre ou autres situations crues vont faire grincer, qui donne au roman cet intrigant relief même si la combinaison surprend et ne s'avère pas toujours convaincante ( disons que la poésie de Dante disséquée façon érudit ne s'amalgame pas toujours très bien  avec un index dans l'anus !).  Mais il faut que le cœur vibre, les corps palpitent et que le désir s'annonce total et intense.
Mais quand les corps se laissent aller, le roman  surprendre un peu plus car, bien plus finaud et bien plus original qu'une simple passion gay éphémère, il prend des chemins bien moins convenus quant à son regard sur les rapports humains et le sexe. Tout en gardant son côté référencé " grande littérature transalpine" , il osera se rire des poncifs et explorer avec subtilité mais assez frontalement, les hasards ambivalents des rencontres et de l'attirance sexuelle.
Je ne dirai rien d'un final, abandonnant enfin toute pause littéraire pour ne se concentrer qu'à l'émotion, choix qui se révèle gagnant.
Même si "Appelle-moi par ton nom" souffre de quelques longueurs et d'un verbiage un peu pompeux, il arrive sur sa deuxième partie à emporter le lecteur. Maintenant, il sera intéressant de voir l'adaptation cinématographique qui sort ces jours-ci sur les écrans...
PS : ce roman avait déjà paru aux éditions de l'Olivier en 2008 sous le titre " Plus tard ou jamais". 

1 commentaire:

  1. Encore une fois on dit qu'il ne faut pas se fier à la couverture, mais là j'avoue que j'aurais plus penser à un livre sur Dieu, sur le très très haut!(à voir leur belle pomme d'Adam!). Certains comme moi qui font parfois le "pari couverture" risquent donc d'être fort surpris...!

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