mardi 22 mai 2018

Est-ce ainsi que les hommes jugent ? de Mathieu Menegaux



Le titre suggère d'emblée, en plus de son interrogation quasi philosophique, un sentiment négatif qui amène inévitablement le lecteur à penser que tout se terminera mal. Mais rassurez-vous, mené tambour battant, ce nouveau roman de Mathieu Menegaud, de plus en plus habile à trousser un récit convaincant, sera très difficile à lâcher pour quiconque s'y plongera dedans.
Cette affaire de petite fille frappée doublement par le destin, d'abord par le décès de sa mère d'un cancer puis par celle de son père écrasé par la voiture d'un inconnu qui voulait enlevé sa fille, nous empoigne fortement. Puis, le changement d'époque ( 3 ans plus tard), de lieu ( un joli pavillon d'une banlieue chic) et de personnage ( un jeune cadre sup arrêté au petit matin par la police ) nous ancre encore plus dans le livre.
Ce jeune cadre sera accusé de tentative d'enlèvement de la petite fille et du meurtre de son père. Coupable ? Pas coupable ? On ne sait pas trop, même si l'éclairage donné par l'auteur sur cette police ultra zélée nous pousse à une certaine opinion. Nous percevons l'ambivalence qu'elle a à être vraiment acharnée à débusquer les coupables mais capable aussi de certains errements pour arriver à un résultat. Cette histoire rappelle parfois le film de Claude Miller "Garde à vue" ( 1981) mais l'époque n'est plus la même, ni d'ailleurs le regard que l'on peut avoir sur les méthodes que peut exercer une garde à vue sur un citoyen à priori lambda,  ni l'impact dévastateur que cela peut occasionner.
Construit comme un véritable thriller réussi, "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?" se lit d'une traite. Le style simple et direct, sans fioriture inutile, convient parfaitement à cette histoire haletante. Mais bien plus qu'un roman à haute tension, c'est aussi l'occasion pour Mathieu Menegaud de nous faire ressentir le côté aléatoire de la vie ainsi que l'incapacité des hommes d'aujourd'hui à réfléchir posément et qui, dans un monde qui vit à 200 à l'heure, sont toujours prompts aux emballements irréfléchis, surtout quand il s'agit de désigner des coupables.
Voici donc un roman  pertinent sur les rouages intimes d'une société fiévreuse, donc un peu malade  et bien plus facile à lire que ne laissait présager le titre.

2 commentaires:

  1. C'est vrai ce n'est pas du Aragon, mais le titre est un bel écho au poème "c'est ainsi que les gens vivent":
    "Tout est affaire de décor
    Changer de lit changer de corps
    À quoi bon puisque c'est encore
    Moi qui moi-même me trahis
    Moi qui me traîne et m'éparpille
    Et mon ombre se déshabille "

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  2. J'avais beaucoup aimé ses 2 autres romans, hâte de lire celui-ci du coup. Un auteur à suivre visiblement

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