mardi 8 mai 2018

Platine de Régine Detambel


"Platine" c'est Jean Harlow dont le nom n'évoque plus grand chose aujourd'hui, sauf à quelques tempes argentées ou à certains cinéphiles. Elle brilla dès sa première apparition qui coïncida avec celle du parlant ( car elle avait une voix ensorcelante dixit les mâles en rut de l'époque ). "Les anges de l'enfer de Howard Hugues en 1930 la positionna aussitôt dans la catégorie "Sexy" . Jean Harlow, en plus d'une ébouriffante chevelure vaporeuse blond platine, avait, pour l'époque, des seins paraît-il parfaits. A cause du code Hays en vigueur ( une censure ultra puritaine sauf pour les armes ... Usa obligent), il était hors de question que ses globes mammaires apparaissent frontalement à l'écran. Seuls les talents conjugués de l'habilleuse, du maquilleur, du chef opérateur, de l'éclairagiste et du réalisateur arrivaient à donner de l'érotisme à la plastique de la star et rendaient ainsi les mâles fous de désir ( y'avait pas You Porn ni Play Boy à l'époque) , les femmes aussi, mais avec une plus grande proportion de jalouses. Jean Harlow ne brilla pas longtemps au firmament d'Hollywood. Vaincue autant par l'image qu'un système impitoyable lui avait imposé que par un entourage malsain, elle ne verra pas les lumières pourtant blafardes de la décennie suivante.
C'est ce destin finalement assez banal pour une star hollywoodienne, moins connu que celui de Marilyn Monroe, autre blonde mythique, que Régine Detambel a choisi de retracer, lui donnant ainsi un nouveau coup de projecteur. "Platine"  se présente devant nous comme une biographie, mais très vite, parce qu'œuvre d'une véritable écrivaine, le texte devient roman, essai, réflexion sur le pouvoir des images, des hommes et de cette célébrité, cadeau empoisonné offert à quelques (mal)heureux élus.
Soigneusement documentée, Régine Detambel insère dans son récit une foultitude de détails, d'anecdotes sans que jamais cela soit pesant ou didactique, gardant à l'esprit d'écrire un roman sur la  triste vie de l'actrice, roman  initiatique mais aussi conte amer sur la schizophrénie obligatoire engendrée par la tyrannie des studios hollywoodiens.
"Platine"  emballe le lecteur comme autrefois pouvaient le faire les films de Jean Harlow. Sortant opportunément au moment du festival de Cannes, on ne pourra pas regarder ce défilé de stars sur tapis rouge sans songer que nombre d'entre elles ( star est féminin, mais la starification est tout aussi dangereuse), derrière leur maquillage et sous des robes ou costumes griffés, sont peut être des Jean Harlow en devenir, harcelées par quelque Harvey Weinstein, jonglant malhabilement avec une image forcément fausse, vacillantes sur leurs stilettos ou par abus de d'expédients divers, elles avancent, toutes dents refaites dehors mais peut être broyées intérieurement. Certaines comme jean Harlow n'iront guère bien loin...Que son tragique destin, ici merveilleusement retracé, serve d'exemple...

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