vendredi 30 décembre 2011

Agnès de ci de là Varda d'Agnès Varda

Je viens de passer cinq heures devant ma télévision. Oui cinq heures! Et ce fut un émerveillement.
Non ce n'était pas le bêtisier de France 3 en boucle, ni la saison 6 de Plus belle la vie, encore moins une compil de tous les grands événements sportifs de l'année 2011 (je m'en contrefous).
J'ai visionné les 5 épisodes d'une série proposée par Arte la semaine dernière par Agnès Varda et que l'on a eu l'excellente idée d'éditer en DVD. Ces 5 reportages d'une heure sont les pérégrinations de la réalisatrice autour du monde, avec l'ambition de nous parler de l'art et des artistes qu'elle admire. Et c'est éblouissant.
Au départ, je m'étais dit que j'allais en regarder un de temps en temps, mais je n'ai pas pu résister à tout visionner d'un coup tellement ces films sont des stimulateurs de neurones, des passeurs de bonheur et d'intelligence.
Parler d'art en image, sans être rasoir ou pompeux ou pédant est rare. Ici, par la magie du regard tendre, précis et artiste de la réalisatrice, tout est simple, surprenant, beau et accessible. Son oeil vagabonde de ci, de là, parlant d'elle, de sa vie mais surtout des autres, de tous les autres, les artistes bien sûr, mais aussi des hommes, des femmes, anonymes dont elle sait en quelques secondes nous faire partager une lueur de beauté, de présence. Son esprit malicieux et humaniste, toujours en éveil, sautille d'un lieu à un autre. Un objet vu au hasard lui rappelle une sculpture, un tableau, une personne, un souvenir, façon cadavre exquis, mais vraiment exquis.
J'ai été passionné par ces 5 films, j'y ai rencontré des gens formidables et étonnants, comme cette journaliste suédoise, chauve qui a fait de sa maladie un film sur l'importance d'avoir ou pas de cheveux.
J'ai écouté et regardé Christian Boltanski et Annette Messager parler de leur travail avec naturel et émotion. En quelques plans, on comprend qu'un artiste est un être finalement simple mais exceptionnel par la vision qu'il porte sur le monde et qu'il sait nous faire partager au travers de ses oeuvres. Quand Agnès Varda discute avec Soulages, l'homme est fascinant et sa peinture, pourtant pas toujours facile d'accès pour un béotien, caressée par la caméra experte, apparaît fascinante et même évidente.
Et puis, disséminés ça et là, il y a ces bouts de ville, d'arbre, ces objets, ces photos, ces moments de grâce saisis dans l'instant, qui nous disent que finalement, si l'on garde l'esprit ouvert, l'oeil aux aguets, l'art est partout et nous aide à vivre, à affronter un monde cruel.
Ces 5 heures de voyage dans l'art, dans la vie, font un bien fou! Merci Madame Varda d'être cette passeuse, cette artiste qui sait si bien parler à nos sens et à notre coeur et qui arrive à nous émouvoir, à nous distraire, à nous émerveiller avec des petits riens comme avec de grandes choses. Continuez encore très longtemps!









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