Je l'avoue depuis maintenant quelques petites années, j'ai flashé sur les albums griffés Michaël Escoffier, auteur ultra talentueux d'ouvrages facétieux ( Le gentil p'tit lapin) ou délirants (Cherche figurants). C'est donc avec gourmandise que j'ai ouvert "Les deux petits monstres" et que, une fois refermé, je l'ai réouvert pour le refermer un peu déçu, très déçu même.
C'est l'histoire de deux petits monstres qui vivent chez un sorcier et, parce qu'ils ne sont pas sages, se retrouvent enfermés dans un livre, chacun sur une page différente. Bien évidemment ils n'auront qu'un objectif : se rejoindre pour faire à nouveau des bêtises.
Encore une fois, nous avons droit à un album original, avec des pop-ups, des trous mais , l'histoire, jouant sur le concept assez abstrait que les pages des livres sont des prisons, fonctionne moyennement bien.
Je décidai alors de le tester sur mon neveu de cinq ans.
A l'idée d'écouter une histoire de monstres, il a vite accouru. L'ouverture du livre a provoqué de petits cris d'enthousiasme à la vue de tout un tas de petits monstres joliment croqués. Ceux du titre sont moins rigolos mais la suite a été écoutée avec attention. Un petit froncement de sourcil quand un des monstres découpe un trou dans la page pour rejoindre son copain, marquant une légère incompréhension. Puis, lorsque apparaît l'escalier en pop-up, les petits doigts grimpent les marches avec plaisir mais le froncement est toujours là, plus prononcé. Et à la fin, quand les monstres sont réunis, je sens bien qu'il y a quelque chose qui coince et mon petit neveu me demande :
- Ils sont ensemble là?
-Heu, oui. Pourquoi?
-Ben, ils ne sont pas sur la même page, c'est pas possible...
-Mais, si puisqu'ils ne sont plus enfermés dans un livre !
- ?????
Bon, je sais, vous qui me lisez et qui n'avez pas l'album sous les yeux vous ne pouvez pas bien comprendre. Je veux seulement que vous ressentiez que l'idée originale de jouer avec les pages d'un livre, aussi sympathique et ludique soit-elle, n'est pas forcément à la portée du public auquel elle est destinée. Et ici, malgré les pages mobiles, la présence de monstres, elle est un peu trop tordue pour un enfant (au moins de mon neveu). Je rajouterai même que les illustrations, toutes dans les tons gris et mauves genre demi-deuil des années 50, n'aident pas à rendre la chose attrayante, bien au contraire.
L'album a été refermé, posé dans la chambre de mon neveu et n'a, depuis dix jours, jamais réapparu au dessus de la pile branlante de ses lectures. Mauvais signe.
Un Mickaël Escoffier raté, ça arrive. Cela ne m'empêche pas d'attendre le prochain avec impatience.
Les deux petits monstres de Michaël Escoffier et Gwendal Blondelle. Kaléidoscope 15 €
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