lundi 3 décembre 2012

Monkey me de Mylène Farmer





  Chère Mylène,
Je vous écris cette lettre, non pas parce que je suis fan mais parce que je suis une victime collatérale de vos productions lyriques. Boum, boum ! En effet, ma compagne écoute vos oeuvres en boucle comme celles de ses deux autres artistes préférés, à savoir Jean Louis Murat et Léo Ferré. Boum, boum !  Si vous avez déjà interprété un fort beau duo avec le premier cité, je vois mal le deuxième vous accompagner vocalement. Boum, boum ! En tant que presque groupie, mon épouse, comme quoi votre public composé uniquement de gays hommes doit être une légende, mon épouse donc, a téléchargé (légalement) votre dernier opus et nous avons passé notre soirée à l'écouter en boucle. Boum, boum !  Sans être du tout allergique à vos couplets, reconnaissant même que certains de vos titres passés sont de grands classiques de la chanson francophone et étant assez admiratif devant votre carrière et aux parti-pris couillus que vous avez affirmé dans vos refrains et dans votre manière de vous mettre en scène, je dois avouer que j'ai été déçu par "Monkey me"votre nouveau CD. Boum, boum ! Si la chanson d'ouverture "Elle a dit", bien écrite et bien rythmée, narrant la souffrance d'une jeune fille face à ses choix sexuels, m'a attiré l'oreille, je ne peux pas dire la même chose de la suite. Boum, boum ! C'est une véritable soupe disco/techno/électro pas franchement originale, mille fois entendue, surtout chez vous et finalement lassante. Boum, boum ! Oui, boum, boum ! car j'ai encore cette rythmique lancinante dans la tête qui accompagne systématiquement vos onze nouvelles chansons. Boum, boum ! ( Bon, c'est la dernière fois, j'arrête.) Heureusement que la dernière, "Je dis tout", piano/violoncelle, calme, douce, belle, repose un peu nos tympans et me fait dire que vraiment c'est dans ce registre que vous nous apparaissez la plus sincère et la plus sensible. Même ma compagne est de cet avis, un peu frustrée du manque de chansons lentes dans ce disque. Elle a même rajouté que c'est vous qui auriez du interpréter "Sur mes lèvres" que Jean Louis Murat vient de composer pour le nouvel album de Nolwenn Leroy, vous auriez offert à ce titre une couleur que la chanteuse bretonnante peine à lui donner.
Moi, de cet album je ne retiens dons que les deux titres évoqués plus haut et j'espère que mon épouse ne suivra pas l'ordre du titre : "Monkey me" (Singe-moi !) car je n'ai nullement envie qu'elle se colore les cheveux en blanc. Comme vous avez le même âge (au mois près) , je me dis que c'est une façon originale d'assumer ses cheveux blancs mais en version branchée. Cela vous donne certes une image moderne et encore jeune (si l'on en croit la seule photo minimale de votre disque). Cependant, j'espérais qu'avec le temps vous auriez amorcé un virage plus profond au niveau de votre musique, donner de l'ampleur à votre voix et à vos textes plutôt que de les noyer dans un nappage rythmé, qui est bien sur votre image de marque, mais qui a vraiment un air de déjà entendu.
Mylène, je vous donne mon avis, vous en ferez ce que vous voudrez, mais continuez à écrire vos textes un peu sexe, un peu mystiques, un peu mystérieux, continuez à faire des mégas shows mais de grâce ne courez plus après la jeunesse, laissez tomber cette rythmique de boîte de nuit de province, vous n'en serez que plus crédible et donc encore plus belle, encore plus désirable, encore plus femme.
  Pierre

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