Ce premier roman qui obtenu le prix FNAC 2013 a le mérite de brasser de nombreux thèmes en rapport avec le féminin, le corps des femmes, la procréation, sans jamais tomber, bien au contraire, dans le consensus mou. Pas de discours béni oui oui, sur les beautés et les joies de l'accouchement. Ici, c'est vrai, violent, cru, sanguinolent, douloureux, jouissif parfois, pour ce qui est sans conteste un moment fort dans la vie d'une femme (d'un homme aussi bien sûr, mais pas sur le même niveau). Etre mère n'est pas évident, bien moins joli que veulent bien le montrer tous les guides des futures mamans, et surtout une épreuve semée d'embûches psychologiques. Julie Bonnie met le doigt où ça fait mal. Le regard courroucé des soignants sur les mères qui, malgré les diktats actuels, refusent l'allaitement maternel. Celles qui cèdent aux injonctions bien pensantes et qui, faute d'une réelle envie de nourriture au sein, ratent ces premiers moments avec leur bébé. Les autres qui ont peur de mal faire et que le syndrome de la mauvaise mère guette derrière chaque geste comme si la mère parfaite existait ! Et les enfants morts-nés, et les fausses couches... Mais il y a aussi, heureusement, les moments merveilleux, doux et tendres même si parfois noyés dans une réalité qui a autre chose à faire que de poupougner des bébés. Le tableau ne serait pas complet s'il n'y avait pas, en plus, un portrait cinglant du travail en maternité, du stress quotidien à côtoyer la vie, la mort, la suffisance des médecins, de la solidarité de moins en moins présente dans des équipes surmenées à qui on demande d'en faire toujours plus !
Tous ces moments dans le livre sont formidablement bien rendus et touchent le lecteur grâce à une écriture simple et précise. Par contre, j'ai été moins convaincu par le récit du passé de l'héroïne, de sa vie assez marginale de stripteaseuse. Le passage de la femme spectacle au corps nu qu'elle exhibait avec plaisir à cette puéricultrice qui s'enfonce de plus en plus dans la dépression, offre un contraste fortement symbolique. Mais, alors que l'écriture précise et sincère fonctionne bien dans la partie "maternité", ces mêmes phrases ont peiné à me restituer le sentiment de liberté et de relatif bonheur dans la partie " saltimbanque".
Cependant "Chambre 2" est un livre prenant, incisif, original qui ne laissera personne indifférent. Un premier roman que la Fnac a eu raison de mettre en avant parce qu'assez singulier dans sa démarche à contre courant. Un livre qui dérange un peu, qui bouscule les idées préconçues mais qui sait aussi rester très humain et dont la sensibilité à fleur de peau touche indéniablement le lecteur.
Oh, tu me fais envie. Je l'ai repéré à plusieurs reprises dans ma bibliothèque sans sauter le pas. J'ai eu peur d'un regard très froid sur le sujet.
RépondreSupprimerSi je le trouve à la bibliothèque, je le lirai
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