samedi 16 novembre 2013

Gauguin, loin de la route de Maximilien Le Roy et Christophe Gaultier


Sous une couverture qui évoque d'emblée " le Douanier Rousseau" se cache un portrait des dernières années de la vie de Gauguin. Les auteurs parlent d'une variation. C'est bien vu car Gauguin a déjà inspiré en littérature moultes biographies ou évocations diverses et variées. Cette fois-ci notre guide se nomme Victor Segalen, médecin, ethnographe, grand curieux. Il débarque aux îles Marquises quelques mois après la mort du peintre dont la personnalité plutôt originale n'a eu aucun mal à de répandre d'îles en îles... Tout en suivant ses pérégrinations sur les traces de Gauguin, nous aurons, en flash-back, un aperçu des derniers mois de celui qui échangeait ses toiles pour quelques litres de vin. Anarchiste, refusant toute autorité, défendant les autochtones haut et fort, il est la cible de la justice qui cherche à clouer le bec à cet empêcheur de tourner en rond. Rongé par la maladie, entouré de vahinés dont il partage la couche, le peintre se dirige doucement vers la mort.
Avec des planches laissant la part belle au dessin, le portrait dressé est à la fois émouvant et réaliste. A vif à l'approche de la mort, Paul Gauguin y apparaît plus vrai, plus entier. Nous comprenons d'autant mieux son talent qui vient du rejet de quelconque influence artistique au profit d'une inspiration puisée dans son environnement immédiat, de ces îles et de ces femmes aux formes pleines. La beauté du dessin de Christophe Gaultier n'est pas sans rappeler parfois l'artiste mais, avec l'appui des couleurs de Marie Galopin, cet album reste une véritable création de très grande tenue. Et comme le scénario n'est pas en reste, vous obtenez un ouvrage extrêmement réussi qui montre, encore une fois, que la bande dessinée n'a rien à envier à la littérature générale et qu'elle mérite bien l'appellation de 9 ème art.



Livre lu dans le cadre de masse critique du site BABELIO


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