Est-ce une question de forme, de moment ou de film ? Je ne sais, mais "La Vénus à la fourrure" est ce genre de film que l'on regarde placide sans que jamais on plonge dans quelconque enthousiasme ni énervement. C'est à la fois du cinéma un peu pèpère, pas trop mal fichu mais jamais emballant.
Pourtant Emmanuelle Seigner habillée en pute sado auraient dû activer mon oeil de spectateur. Malgré l'attrait de ses appâts débordant de sa tenue moulante en cuir, son jeu hésitant entre vulgarité et domination ne m'a guère électrisé, même si parfois, le trouble passe entre deux moments surjoués. De l'actrice de bas étage voulant à tout prix un rôle dans une pièce à la dominatrice exerçant son pouvoir et sa séduction sur un homme, l'épouse du réalisateur occupe l'écran sans jamais convaincre tout à fait. Face à elle, Mathieu Amalric, qui, tel un caméléon, prend presque l'apparence de Roman Polanski, passe très rapidement de l'auteur/metteur en scène bougon et intransigeant au pauvre mec prêt à toutes les humiliations devant cette poupée hystérique aux agissements mystérieux. Le mâle dominant qu'il est au départ arrive à se féminiser avec aisance et même, dans un plan, à avoir plus de seins qu'Emmanuelle Seigner ! Ceci dit malgré tout le talent de l'acteur, je ne suis pas arrivé à y croire vraiment.
L'intérêt de ce film est à chercher dans la mise en scène de ce qui est en fait du théâtre filmé. Là, on peut dire que c'est plus réussi que dans "Carnage" voilà deux ans, le réalisateur faisant preuve d'un indéniable savoir-faire. Le savant mélange de la pièce inspirée du roman de Sader-Masoch et de l'intrigue contemporaine, que l'on peut sans doute considérer comme brillant, m'a par contre laissé un peu de marbre. Peut être ne suis-je pas assez sensible aux jeux masochistes, ne jubilant pas facilement devant une maîtresse femme mâchonnant son chewing-gum, ne craquant pas devant les harnachements en cuir et autres bottes noires. Evidemment, Roman Polanski, lui, joue pas mal avec son passé, ses films cultes dont on perçoit un clin d'oeil ici ou là, mais tout cela m'a paru un rien artificiel, l'arsenal déployé manquant singulièrement de légèreté. C'est certes filmé avec brio et énergie mais tout cela m'a paru un peu vain et sans grand intérêt.
Entre huis-clos de luxe avec pouffe et séance de thérapie sauvage, "La Vénus à la fourrure" est un peu trop sage pour réveiller le spectateur et pas assez sérieux pour que l'on puisse y croire. c'est en fait le masochisme de bon aloi, formaté pour le dimanche soir sur TF1.
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