Cela faisait un bon moment que j'attendais le nouvel album de celle qui faillit gagner cette émission de télécrochet sur M6. Son premier opus comportait quelques titres vraiment intéressants qui ont longtemps accompagné mes balades solitaires en voiture. Depuis, j'ai eu la chance de croiser la jeune chanteuse (et maintenant comédienne) lors d'un jury littéraire et, sans connivence aucune je le jure, j'ai pu constater que c'est une bien belle personne dans tous les sens du terme.
C'est avec gourmandise que j'ai posé mon casque sur les oreilles et écouté ces 14 titres. Dès le premier morceau on sent que Camélia Jordana n'a pas choisi la facilité. On est accueilli par quelques cordes vibrantes, rejointes par un orgue très années 70, sur une rythmique souple et lente, un soupçon jazzy, très chic. La voix, peut être moins rauque que sur son premier album, se promène agréablement au milieu d'arrangements aussi gracieux que peaufinés par une production soignée. Si le deuxième morceau, plus rythmé et plus classique, semble pouvoir être capable de se faufiler dans la programmation musicale des radios, la suite se révèle moins évidente. Empreints de mélancolie, les titres se succèdent, tous finement orchestrés, narguant avec culot l'image faussement formatée d'une chanteuse vouée par la télé à un avenir de gracieuse potiche chantante. Aucune chanson ne se déroule de façon classique, on est très loin du couplet/refrain/couplet emballé avec une rythmique boum boum à la mode. Ainsi, le titre Madi, démarrant comme une possible chanson ensoleillée mâtinée de biguine se révèle au final un mix entre une fanfare semi triste et un hommage aux Beatles. Quelques titres aux accompagnements minimaux, "J'aime l'orage" avec un fond de pluie et de clapping, et surtout "Berlin" où la guitare sèche épouse avec douceur la voix ici étonnamment mature, surprennent par leur minimalisme.
C'est cette quête de maturité et sans doute de reconnaissance qui finalement ressort de cet album. Il est certain que Camélia Jordana pose ici une pierre qui affirme haut et fort que l'on peut compter sur elle et pour longtemps. Cependant je n'ai pas été totalement enthousiasmé par l'ensemble, peut être à cause d'un déséquilibre entre les textes un peu lambdas et les musiques et arrangements si sophistiqués. Mais tel qu'il est, "Dans la peau " est un bel objet qui diffuse avec talent un parfum subtil. Il accompagnera en douceur les mois qui viennent, véritable bande sonore d'un air du temps un peu mélancolique.
Hier soir, show bien rodé, bien programmé; mais malheureusement, pas vraiment l'impression d'être "dans la peau"...., dans l'échange avec le public.
RépondreSupprimerImpression mitigée.
Anne-M.
C'est possible d'effacer un commentaire?
RépondreSupprimerAujourd'hui, 27 novembre 2015, quel bel hommage, quelle belle interprétation de Brel: "quand on a que l'amour",dans cette cour des Invalides.
Elle était vraiment "dans la peau" des gens, de ces gens, de nous tous, elle a réussi à actionner mon bouton émotion, le timbre de sa voix suave m'a profondément émue et bouleversée...