samedi 17 octobre 2015

Crimson Peak de Guillermo Del Toro


Ah ces jeunes filles de bonne famille du début du siècle dernier ! Toutes les mêmes ! Romantiques à l'extrême, piquées d'écriture romanesque, vivant dans un grand confort auprès d'un père aimant (la mère ayant trépassé dignement du choléra) , proies évidentes pour prédateurs, elles ont hanté la littérature puis le cinéma depuis des décennies.
Edith Cushing, l'héroïne de "Crimson Peak" ne dépareillera pas dans cette galerie d'oies blanches. Pourtant courtisée par un jeune et beau médecin blond, elle préférera un joli brun filiforme et pâle mais exhalant un léger parfum d'aventures. Alors que de de troublants événements se passent en coulisse..oh trois fois rien, le père mourra le crâne fracassé contre un lavabo, elle épousera ce cher Thomas Sharpe et partira vivre chez lui en Angleterre, dans un gigantesque château en ruine perdu dans les champs, à quatre heures de marche de toute autre habitation.
C'est vrai que cela rappelle le Rebecca de Daphnée du Maurier ou d'Hitchcock avec un zeste de Hurlevents, un soupçon de la famille Adams (sans l'humour)  mais avec une légère variante tout de même, la jeune femme voit des fantômes. Un détail me direz-vous mais qui a de l'importance car cela permet au film de verser aussi dans le fantastique voire le gore, car les ectoplasmes sont un mix d'Alien et de Freddy et ses longues griffes.
Je tire mon chapeau à Guillermo Del Toro car il a concocté un film absolument superbe visuellement, de la moindre robe à l'hallucinant château. C'est un régal pour les yeux surtout qu'il n'abuse pas d'un montage clipesque. Cela nous laisse le temps d'apprécier les comédiens, tous épatants, avec une mention pour Jessica Chastain qui a abandonné ses habituels rôles de ménagères sensibles pour camper une vraie méchante, vraiment crédible. Je serai par contre moins emballé par le scénario au final assez banal malgré quelques ingrédients plus sulfureux qu' à l'ordinaire (l'inceste par exemple).
C'est là sans doute que j'achoppe un peu. Elles sont quand même gourdes ces blondes héroïnes ! Comment font-elles pour rester vivre dans une demeure comme celle proposée dans le film? L'immense château doit bien posséder 15 étages et 259 chambres, pièces, caves, sa toiture percée laisse tomber feuilles et neige dans le salon et les murs suintent d'un liquide rouge sang ( de l'argile paraît-il ) parfois couvert de papillons noirs et d'insectes divers. La demeure de la famille Adams à côté est un bungalow 5 étoiles posé sur une plage des Seychelles. Et quand en plus on est accueillie par une belle soeur (brune évidemment) qui aurait fait fuir Jack l'éventreur d'un seul regard, on se dit que l'amour a bon dos. Mais l'héroïne gourdasse est curieuse ( dans le sens où elle fouine partout) et donc courageuse, ce qui permet au film de la trimbaler dans des endroits encore plus sordides ou de lui faire rencontrer des fantômes répugnants.
Vous le voyez, rien de nouveau, le film roule gentiment sur des rails énormément empruntés. Il reste quand même un délire visuel vraiment fantastique et une interprétation impeccable. J'ai donc passé un bon moment, avec deux ou trois scènes assez violentes mais aussi un romantisme gothique mâtiné d'Edith Wharton qui donne à l'ensemble la touche d'originalité qui manque par ailleurs au scénario.


1 commentaire:

  1. Bonjour Pierre D. et bien moi aussi j'ai trouvé le film visuellement très beau. Le scénario vaut ce qu'il vaut mais je n'ai pas boudé mon plaisir. Et Jessica Chastain en vrai méchante est excellente (je confirme). Merci pour ce billet. Bonne après-midi.

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