Abandonnés par leur père décédé, puis par leur mère partie en Algérie soigner sa génitrice mais jamais revenue, six enfants, déjà grands, sont condamnés à vivre (survivre ) comme ils le peuvent dans une maison autrefois contemporaine mais qui commence à montrer des signes de décrépitude.
" La maison de l'architecte polonais et de sa femme algérienne restée au pays " se présente sous la forme de petites chroniques, de moments de vie de cette fratrie atypique. Bien qu'ils soient frères et soeurs, certains sont blonds à l'image de leur père, d'autres, ayant hérité des gènes de leur mère, plus typés méditerranéens.
Comme nous plongeons de plein pied dans leur vie, sans trop de préambules, j'ai eu du mal à bien les distinguer tous et la lecture m'a, au début, un peu résisté. Puis petit à petit, le charme opère, la chronique s'installe doucement, brassant avec finesse, filiation et racisme ambiant, démerde et solidarité, choc des cultures. Sans jamais appuyer le trait, en privilégiant des moments simples de cette vie pas ordinaire, les auteurs arrivent à rendre ce quotidien précaire assez prenant sans toutefois parvenir à m'enthousiasmer. La construction un peu brouillonne et une fin un peu mélodramatique y sont sans doute pour beaucoup.
Mais si charme il y a, c'est sans doute grâce à l'omniprésence de cette maison, autant dans le dessin que dans le scénario. Au travers de ses larges panneaux vitrés ( " La lumière du jour à voir avec le bonheur"), pentes inclinées dont les lignes obliques viennent souvent strier l'espace du dessin comme les signes intangibles d'un passé qu'on ne peut fuir, cette habitation parvient à être le personnage principal, à la fois nid protecteur pour ses enfants délaissés mais aussi source de désillusions et de délitement du lien social. Constamment dans les pensées de ces jeunes ou futurs jeunes adultes, elle occupe leur esprit comme la preuve absolue de leurs racines et monument décati à la gloire de leurs parents.
Alors que le quotidien des personnages est assez critique, leur avenir plus qu'incertain malgré un sens certain de la débrouille ou de leur envie de s'en sortir par toutes sortes de moyens ( de l'école jusqu'à des pratiques plus prohibées), le dessin, lui, traduit cette volonté farouche et tonique de croire en la vie en faisant éclater les couleurs, même dans l'adversité. C'est aussi joyeux que leurs soirées familiales aussi pétant de vie que leur foi en l'avenir.
Malgré les quelques bémols signalés plus haut, " La maison de l'architecte polonais et de sa femme algérienne restée au pays " arrive à convaincre en partageant avec fougue et sensibilité cette tranche de vie aussi bordélique que bourrée de solidarité et d'ingéniosité. A coup sûr une BD aussi atypique que les personnages décrits.
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