lundi 9 mai 2016

Les amants de Caracas de Lorenzo Vigas

 

Avec ce film vénézuélien qui a obtenu le lion d'or à Venise en septembre dernier, nous avons confirmation que l'année 2015 du cinéma d'auteur ne laissera pas une grande empreinte dans les annales. "Les amants de Caracas" possède tous les clichés du film auteuriste fabriqué pour hanter tous les festivals du monde. On trouve le sujet un peu glauque, ici un cinquantenaire lambda qui paye de jeunes hommes pour venir chez lui et lui permettre de les regarder nus.  La caméra suit le comédien principal, qui ne quitte quasi pas l'écran, un peu mutique ( donc sensé avoir de l'épaisseur), avec un regard intense donc cadré serré avec beaucoup de seconds plans flous pour le côté mystérieux. C'est filmé avec lenteur pour bien se démarquer des productions standards et faire réfléchir le spectateur ( ou l'endormir, cet effet est à double tranchant quand la réalisation et le scénario jouent trop la corde du " je filme contemplatif, j'étire l'histoire, tu vas trouver de la profondeur coco !" ). Une touche de psychanalyse ( l'omniprésence du Père), un peu de social et une fin étonnante qui est sensée éclairer le tout parachèvent l'oeuvre.
Sans que ce soit d'un ennui mortel, "Les amants de Caracas" ne sont guère emballants. Alfredo Castro, l'interprète principal,  possède une présence évidente, promène un regard très particulier, mis en valeur avec justesse par l'affiche, qui ausculte ce qui l'entoure comme un Droopy dopé à la perversion. Mais hélas cela ne suffit pas à emporter l'adhésion. La préciosité de la mise en scène, sa lenteur un peu trop étudiée cassent la dynamique du film basée sur une certaine ambiguïté de son personnage principal aux réactions assez paradoxales. Et lorsque la fin arrive, avec un retournement de situation qui aurait dû nous glacer dans notre fauteuil, nous sommes trop en retrait pour l'apprécier réellement.
Quand a défilé le générique de fin, j'avais en tête un goût de déjà vu sur lequel je n'arrivais pas mettre une image. Et soudain apparaît le nom d'un des producteurs du film : Michel Franco ! Bingo ! J'avais trouvé ! " Chronic de Michel Franco", prix du scénario à Cannes et dont la projection cet hiver m'avait secoué. Même lenteur, même malaise face à un personnage principal assez mystérieux et taiseux et fin surprenante. Seulement, cette fois-ci, peut être le thème moins fort, peut être cette marque de fabrique un peu trop voyante ont fait que l'adhésion fut moindre. Mr Franco semble diriger une petite entreprise cinématographique placée sur les rails de fictions indolentes aux matières peu aimables. C'est sans doute louable, voire courageux mais aux résultat inégaux et peut être moins surprenants quand les recettes appliquées apparaissent comme des tics de producteur.
"Les amants de Caracas" malgré une interprétation impeccable et une toile de fond vénézuélienne originale, n'arrive pas à décoller, la faute sans doute à ce moule narratif qui se révèle à mes yeux contre productif. Le jury du festival de Venise ne devait pas avoir de longs métrages intéressants à ce mettre sous les yeux  pour le récompenser de sa plus haute distinction....


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