Attention exercice périlleux. "Lorette" est le témoignage de la renaissance d'une femme, un cri littéraire rare, voire inédit, la description précise, viscérale, d'un passage de la noirceur à la lumière. "Lorette", court récit, dense, ardu, exhale de toute part une vérité non camouflée, réelle. "Lorette" m'a prodigieusement rasé.
Difficile donc d'être négatif devant l'absolue sincérité de ce texte sans passer pour un (au choix) connard, idiot, inculte, insensible, péteux. Pourtant je vais assumer cette non-rencontre avec ce texte qui dès les premières pages m'a agacé par son côté " je me prends la tête avec pas grand-chose".
Au départ, nous avions une auteure, Lorette Nobécourt ( que je ne connaissais que de nom). A 45 ans elle retrouve son vrai prénom donné à sa naissance, Laurence. Lorette lui a été donné par ses parents vers ses trois ans pour ne jamais la quitter (sauf à l'école). Beaucoup auraient vu dans cette nouvelle appellation, un joli diminutif, plus doux, plus sautillant. L'auteure, non ! Elle y voit le symbole de la putain et c'est par esprit bravache, qu'à l'adolescence elle l'adoptera complètement jusqu'à aujourd'hui, où, soudain, Laurence qui était " l'eau rance" devient "l'or en soi". Vous suivez ? Pas trop ? Pourtant je vous fait grâce des étymologies diverses et lointaines, ainsi que ce discours autour des vibrations et des couleurs de chaque lettre du fameux prénom qui rendent ce changement encore plus obscur à mes yeux de mâle mauvais lecteur. Sont convoqués aussi pour justifier ce passage, Deleuze, Debord, Foucault, Delpech ( non pas lui, évidemment ! Ce que je suis bas de gamme, même si on pense très fort que ses parents se sont peut être connus sur ce tube... )
Tenez, les parents parlons-en, car ces derniers semblent au coeur du problème ( et avoir inspiré pas mal des romans précédents de Laurence Nobécourt). Non contente d'avoir eu de l'eczéma durant toute la durée de son appellation Lorette, elle s'est coltinée des parents pas aimants, surtout une affreuse mère, mais aussi, caché derrière l'alcôve, un tonton avec qui elle a eu des rapports sexuels à 18 ans. Ca n'aide pas, j'en conviens, même si elle est loin d'être la seule. S'en suit une émouvante lettre à sa génitrice pour tenter une ultime conversation pour remettre tout à plat. L'émotion affleure mais, coeur sec, sans doute, je me disais dans ma tête de mâle : " Mais bon sang, Laurence, coupe définitivement les ponts, surtout avec des personnes toxiques ! En général, leur fond mauvais les rend imperméables à toute remise en question." Je ne suis ni femme, ni Lorette/ Laurence, je ne comprends pas cet acharnement à vouloir qu'une Folcoche la regarde et qui du coup la maintient, c'est évident, dans une nuit personnelle intense.
Heureusement pour Lorette, elle va attraper une pneumonie qui va solutionner tout cela ! Je ne plaisante pas, vous ne connaissez pas les pouvoirs bienfaisants de cette maladie ! D'ailleurs, elle résume cela très bien en écrivant : " Parce que l'on n'assimile réellement une connaissance qu'en l'intégrant avec son corps, j'intègre, par la pneunomie , la vibration lumineuse des lettres de mon nom." Certes, elle a de la fièvre, elle est affaiblie, mais c'est à ce moment là que tout devient amour pour elle. Après la trituration psychologique, voici venir la guérison par le mysticisme. La lumière entre en elle; " Me voilà avec la sensation d'être comblée à un endroit de moi-même dont j'ignorais qu'il fut troué." écrit-elle, et un peu plus loin : " La pneumonie c'est le chemin du "je" au "tu", ou comment passer au Toi manifesté en toute chose qui est Lui." Lumineux pour l'auteur, pour moi, nettement moins...
Bon je l'ai dit, l'ouvrage m'est passé à côté. J'ai pensé que la dame manquait de simplicité et qu'elle se triturait un peu trop le cerveau pour solutionner son mal de vivre qui est évident. Reste, un texte halluciné, hallucinant de franchise embrumée, qui correspond évidemment à la réalité de l'auteure. Pour cela, je ne peux que m'incliner et m'excuser d'avoir été un peu mordant plus haut, résultat d'une grande incompréhension, d'un désarroi face à un récit trop complexe et sans doute, très éloigné de mon appréhension du monde. Cependant, et c'est pour cela que la littérature est importante, elle nous permet justement de pénétrer dans des lieux inconnus. Mais la lumière n'apparaît pas à tous les coups et pour "Lorette", je cherche toujours l'interrupteur !
Je fuis ce genre de romans comme la peste et tu me donnes raison. Tu perles très bien de ton ressenti sur ce livre. Je suis beaucoup plus, beaucoup moins, enfin bref, tu comprends !
RépondreSupprimerMais comment tu fais pour aller au bout de livres aussi chiants ? ça ne t'arrive jamais d'arrêter avant ?
RépondreSupprimerRemarque, ça donne des chroniques cocasses et rigolotes, pour nous, c'est tout bonus. Mais quand même, t'es pas obligé...
Je te rassure, ça m'arrive et dans ce cas là, je ne parle pas du livre. Celui-ci avait un avantage : il était court. Cependant, je reste persuadé qu'il'peut passionner des lecteurs....
SupprimerMerci Pierre pour ce moment de bonheur : tes commentaires étaient très drôles !
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