La vie et l'oeuvre de Charles Bronson se résume assez vite. Fils de mineur de Pennsylvanie, il part comme tirailleur sur un avion durant la seconde guerre mondiale. A son retour il s'inscrit dans des cours de théâtre et commence à jouer des seconds rôles exotiques obtenus surtout grâce à son physique entre gitan et indien si particulier et si photogénique. Après quelques rôles marquants, surtout en Europe, il devient star avec des films tournant autour de froids tueurs sans expression.
Bien sûr, comme toute célébrité, un biographe aurait tiré plein de choses de toute cette vie, entre anecdotes et potins de gazette. Et au début du roman, j'ai pensé que c'était le cas. Le récit de l'enfance pauvre au fin fond des USA m'a totalement embarqué. Arnaud Sagnard, très inspiré, aborde cela avec passion et enthousiasme, se permettant de très belles digressions qui éclairent merveilleusement cet enfant qui voit sa famille disparaître petit à petit, vaincue par la poussière de charbon. Mais une fois dans la vie adulte de l'acteur, le roman prend une autre tournure. Le narrateur ( l'auteur ?) semble avoir une fascination dévorante pour Bronson, sa figure minérale ( bien plus chic que de dire inexpressive et muette ) hante sa vie même dans les parcelles les plus intimes comme lors de la presque fausse couche de sa compagne. Le narrateur file sur sa trace aux Etats-Unis, collectionne livres et films, en revoit sans cesse certains et va même jusqu'à retrouver la trace de l'acteur dans les compte-rendus des interrogatoires de Dany Leprince dans l'affaire de Thorigné sur Dué, inquiétante anecdote qui montre l'impact possible des films sur la vie des gens. Et soudain, les vies se mélangent, la mort rôde dans les pages du livre. Des moments racontés d'un film marquant ( Le flingueur.... hmm le titre...) ouvrent chaque partie. Charles Bronson, donne beaucoup la mort sur pellicule, conséquence inconsciente de l'avoir beaucoup approché dans la vie. Le narrateur amalgame cette trajectoire de star avec une vie de fan au bord du gouffre, enfermé dans une passion aux saveurs mortifères.
Le résultat est un roman original, magnifiquement bien écrit, qui éclaire la vie de cet acteur, qui fut en son temps très critiqué pour son apologie cinématographique de l'auto-défense, d'une lueur moins crue, plus nuancée. L'ensemble se lit avec intérêt même si, je l'avoue, la dernière partie qui fait la part belle à de multiples digressions, m'a paru un peu longuette et partant un peu en vrille. Je ne pense pas que les fans de Charles Bronson y trouvent leur compte. Les aficionados des romans exigeants au style littéraire par contre...
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai eu l'occasion d'écouter l'auteur parler de ce roman lors d'une soirée en librairie où il était invité avec d'autres primoromanciers de chez Stock en cette rentrée. Et il est effectivement passionné par Bronson, a mis 5 ans à écrire ce livre et en parle très bien.