En sortant de la projection de "L'exercice de l'état", j'ai eu l'impression d'avoir passer 1h50 à l'intérieur de l'habitacle d'une formule 1. Non pas que le héros du film, le ministre des transports, Mr Saint Jean (interprété par Olivier Gourmet), soit un champion de la conduite ministérielle mais, le rythme et la tension dans lesquels nous portent le film sont aussi intenses que 60 tours du circuit de Monaco à 350 à l'heure.
Servir l'état est loin de tout repos surtout quand s'y ajoutent l'ambition, l'humiliation et le sacrifice.
Ce film nous plonge au coeur de la machine d'état dans une fiction qui fait froid dans le dos. Nous assistons aux journées d'un ministre, toujours sur la brèche, materné par une conseillère en communication et drivé par un directeur de cabinet et de ses adjoints qui s'occupent de tout et même du reste. Toujours entre deux rendez-vous ou vingt SMS, le ministre navigue à vue, donnant des ordres, trouvant une solution à tout problème mais risquant à tout moment la sortie de route. La route d'un ministre est semée d'embûches, de couleuvres qui traversent et qu'il faut bien avaler, de loups aux dents longues qui se mettent en travers de votre trajectoire et qu'il faut bien éviter. Evidemment, le conducteur/ministre est accompagné d'une foultitude de techniciens auxquels il faut bien accorder sa confiance ou bien virer dès qu'une faille se présente.
Mais le pouvoir (ou plutôt l'exercice d'un pseudo pouvoir) est comme une route verglacée, on risque le décor à chaque instant.
C'est cette tension qui est remarquablement décrite dans ce film, accumulant détails du quotidien ministériel, petites phrases assassines et tensions sous les dorures de nos palais républicains et donnant ainsi une richesse de lecture tout à fait stimulante. Du coup, la privatisation des gares françaises nous passionne comme dans un vrai thriller, c'est un peu désespérant mais totalement fascinant.
C'est marrant que vous insistiez sur le "loin de tout repos" alors que le film commence par le ministre qui rêve (avant un réveil en sursaut), qu'on a aussi le ministre qui dort pendant que sa conseillère lui égrène les "retours presse", le ministre dans un quasi-coma éthylique, et encore le ministre qui re-rêve, et/mais se réveille plein d'ardeur...
RépondreSupprimerBlague à part, un bon film de fiction réaliste qui nous permet bien (à nous, spectateurs citoyens) de visualiser l'envers du décors.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez Dasola