dimanche 1 juillet 2012

La part des anges de Ken Loach


Certains critiques n'ont pas été sympas avec "La part des anges" de Ken Loach, parlant d'un film mineur. Ce sont souvent les mêmes qui ont tressé des couronnes de laurier pour "Adieu Berthe ", pourtant très anodin.
Certains critiques ont dit que Ken Loach ne faisait plus de films militants comme à sa grande époque, qu'il se contentait de ressasser toujours les mêmes thèmes, n'arrivant plus à choquer le bourgeois.  Pourtant, les héros de "La part des anges" sont des petites frappes, condamnées à des travaux d'intérêt public, pas vraiment gentils, jamais dans le droit chemin et malgré tout le spectateur est en totale empathie avec eux. Je connais des bien-pensants qui ont grincé des dents en regardant cette apologie de la petite criminalité dont les protagonistes bernent avec intelligence tous ces riches amateurs de whisky en utilisant des procédés guère éloignés de ceux pratiqués par cette classe dirigeante et hautaine.
Certains critiques disent que Ken Loach a perdu de verve critique sur la société anglaise. Rien de plus faux ! Si on regarde bien, "La part des anges" nous fait, en creux, le portrait d'une jeunesse perdue pour cause de libéralisme forcené, qui survit comme elle peut dans un monde sans pitié où quelques riches peuvent dépenser plus d'un million de livres pour acheter un petit tonneau de whisky hors d'âge.
Certains critiques disent que le cinéma de Ken Loach est toujours pareil, un peu moche et filmé sans grâce. S'il est vrai qu'il est difficile de faire beau avec la misère crade anglaise, "La part des anges" est parsemé de scènes hyper physiques où la violence est filmée sans concession et avec une énergie sidérante. Et quand le film se fait un remake de "Mission impossible", version pauvre, le réalisateur sait parfaitement maintenir la tension et le suspense jusqu'au bout, jouant habilement avec nos nerfs, sans esbroufe, sans effets spéciaux, sans mise en scène tape à l'oeil, juste avec une caméra placée où il faut, efficace et précise, signature d'un grand professionnel.
Certains critiques ont dit que le "prix du jury" décerné par Nanni Moretti lors du dernier festival de Cannes, était dû à la seule grande complicité entre le distributeur et le réalisateur italien. Peut être, mais en tant que spectateur lambda, je trouve ce prix amplement mérité, justifié par les quelques longs métrages cannois déjà sortis et de sinistre mémoire (sauf Moonrise kingdom ). Donc, plutôt que d'aller se raser à "Cosmopolis " ou "Sur la route", achetez un ticket pour "La part des anges". C'est un tantinet cousu de fil de blanc mais en cent coudées au-dessus de tout ce que sort en ce moment sur nos écrans : un conte politique et social, non dénué d'humour, qui saura maintenir votre attention avec intelligence et humanité durant 1h 40.



3 commentaires:

  1. Je commence à vous faire complètement confiance sur vos critiques de films. Donc, je n'irai pas voir adieu Berthe mais la part des anges. Merci!

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  2. Merci pour votre confiance, j'espère que vous ne le regretterez pas.

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  3. Moi aussi j'ai bien aimé ce film. Votre critique traduit bien ce que j'ai ressenti en voyant ce film. J'aime le cinéma de Ken Loach, et en plus pour une fois, on rigole. J'aime bien ce coté "comédie", cette légèreté. Tous les personnages sont attachants, j'en retiens une très belle histoire d'amitié entre ces quatre jeunes un peu paumés. Je n'avais pas envie d'aller voir un film déprimant. J'en suis sortie ravie.

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