mercredi 30 janvier 2013

Park avenue de Cristina Alger


Si vous ne connaissez pas New-York, Park Avenue est une rue où sont nichées toutes les grandes fortunes de la côte Ouest, planquées dans de luxueux appartements ou maisons balisés à même le trottoir par deux buis en pot méticuleusement taillés. Les rejetons de ces familles, qui ont tous fait leurs études à Harvard ou Princetown, jouissent de jobs grassement payés dans des cabinets d'avocats ou des banques d'investissement. Tout leur sourit. Dotés de physiques agréables et sportifs, ils brassent les dollars par millions et les cocktails par obligation.
Nous découvrons la très huppée famille Darling, la veille du congé de Thanksgiving. Ils sont embêtés les Darling, le financier et bien sûr ami Morty vient de se donner la mort. C'est un peu gênant tout de même car il met ainsi à jour une vaste escroquerie portant sur quelques milliards de dollars. En gros, les financiers de l'entreprise de gestion de fonds des Darling plaçaient l'argent de leurs richissimes clients sur du vent. Panique totale sur Park Avenue, la presse et la justice vont s'en mêler et réclamer des têtes. Oui, mais lesquelles ? Profitant de ce congé providentiel de thanksgiving, c'est autour de leur dinde moelleuse et cuisinée à merveille par une batterie de domestiques, que les Darling vont préparer leur contre-attaque. Les rats, avant de quitter le navire, se resserrent, s'agitent, se mordillent le museau, cherchant quel membre ils vont pouvoir sacrifier afin que les chefs de la tribu traversent la tempête sans trop de dégats.
Cristina Alger, dont c'est le premier roman, connaît bien le monde qu'elle décrit. Surfant sur le thème de la crise financière (qui risque de devenir en librairie un genre à lui tout seul), elle nous raconte ce long week-end où chacun prépare sa riposte ou espère tirer les marrons du feu, faisant voler en éclat la façade si glamour de la famille unie.
Cela aurait pu être mordant, incisif, si Cristina Alger n'avait pas suivi les cours d'un de ces innombrables conseillers en écriture qui ont la fâcheuse tendance de tout édulcorer. L'idée de raconter cette crise de l'intérieur, en auscultant l'émoi de ces puissants, est une bonne idée. Elle permet d'éviter de raser le lecteur avec des détails économiques obscurs. Mais ici, le récit, centré sur une fausse guerre des Atrides au pays des WASP, au style finalement très plat, n'est guère convaincant. Le vitriol, même le poivre sont restés dans les cuisines du sous-sol. L'intrigue se dilue avec pas mal de retours en arrière vaguement  psychologisants qui n'émeuvent guère. Et comme, en plus apparaît une multitude de personnages secondaires, au caractère trop peu fouillé pour être intéressants, j'ai eu un peu de mal à trouver cela passionnant.
Je sais, je suis ignoble, je n'éprouve aucune compassion pour tous ces gens aux chemises sur mesure et brodées à leurs initiales. Et ce n'est pas la prose gentillette et appliquée de Cristina Alger qui va me faire  entrer en empathie. Je n'ai à aucun moment senti un regard pertinent de l'auteur sur ce monde, juste une description sans affect, même pas glaciale, comme si mettre à mal l'économie d'un pays était un nouveau passe-temps vachement rigolo à condition de ne pas se faire prendre.
Quand la presse d'outre Atlantique signale que ce roman est à mi-chemin entre "Le diable s'habille en Prada" et "Le bucher des vanités", elle dit vrai....à mi-chemin seulement sans la construction énergique et drôle du premier et sans la férocité et la force de Tom Wolf. Reste donc un roman lambda, pas déshonorant mais assez quelconque.

Merci à ENTREE LIVRE de m'avoir permis de lire ce livre en avant première.

1 commentaire:

  1. Encore une resucée de l'affaire Maddof? Autant regarder la saison 3 de damages alors... Avec un peu de chance ça doit être au même prix maintenant ;))
    yann

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