ENTREE LIVRE, le meilleur site du site pour avoir des idées de lecture a inclus " "La première chose qu'on regarde" de Grégoire Delacourt dans sa sélection de livres d'avril. Est-ce vraiment un bon choix ?
Comment enchaîner après un énorme succès ? Cela a du être le problème de Grégoire Delacourt et de son éditeur. Pour le romancier, continuer dans cette veine populaire, sensible, pas mièvre mais sans se renier et montrer que l'on avance sans se répéter. Pour l'éditeur, surfer sur le succès, en publiant très vite un nouvel opus, à l'instar des auteurs stars de l'édition comme Musso et Lévy. Je ne connais pas les coulisses de la fabrication de ce roman, mais ils n'ont pas su trouver la bonne équation.
"La liste de mes envies", l'an dernier m'avait touché par sa description sensible d'une femme ordinaire. On retrouve dans "La première chose qu'on regarde" ce monde ouvrier souvent délaissé par les romanciers, ces personnes humbles et simples dont les sentiments sont tout aussi touchants que ceux d'une bourge du 8ème arrondissement (sinon plus). Arthur Dreyfuss est un jeune garagiste ressemblant à Ryan Gosling en mieux, l'héroïne, Jeanine est un clone de Scarlett Johansson sans le compte en banque. (Je ne suis pas sûr que les plastiques aguichantes des acteurs susnommés soient bien connues de tous les lecteurs populaires visés.) Héros déclassés et dévalorisés par une société fascinée par le clinquant, les deux jeunes gens vont vivre une vraie histoire d'amour où les apparences tiennent une place prépondérante.
Je ne dévoilerai pas plus l'intrigue, pour ne pas enlever l'effet de surprise que, peut être le lecteur pourra avoir s'il se décide de se plonger dans ce roman. Je me bornerai à ne donner que des impressions.
Je me suis jeté sur le nouveau Delacourt avec l'espoir de retrouver ce petit moment délicat et délicieux éprouvé l'an passé. Ma déception est à l'image de mon attente : grande.
J'ai bien senti que l'auteur avait voulu se démarquer un petit peu de son roman précédent tout en conservant cette veine populaire. On retrouve cette empathie pour les gens simples, ce désir de les considérer comme de vrais héros romanesques mais cette historiette, peut être une nouvelle redimensionnée, ne tient pas vraiment la route. Il a voulu y insérer de la dureté (férocité dit la quatrième de couverture , pensant cela plus vendeur), comme si les quelques critiques sur une prétendue mièvrerie de "La liste..." l'avaient atteint. En adoptant un style un peu sec, avec des phrases courtes sans chaleur, Grégoire Delacourt se coupe de la poésie qui faisait le sel de son précédent livre, rendant le récit sans saveur véritable.
Mais le gros reproche que je ferai à ce roman, est l'avalanche de citations, de références, populaires pour certaines ( Céline Dion, Piaf, C. Jérôme, ...) ou beaucoup moins ( Arthur Dreyfus, le vrai, Woody Allen, le baron perché, ...) qui alourdissent considérablement le texte, rendant la narration cahotique et isolant les héros de notre connivence. On suit cahin-caha leur histoire sans jamais être emportés, écrasés par cette volonté de donner de la profondeur et de la rugosité à une histoire qui n'en demandait pas tant.
Grégoire Delacourt est un auteur très sympathique, prévenant lors de ses séances de dédicaces. Peut être en a-t-il trop fait ? Peut être devrait-il s'enfermer loin de ce monde commercial et médiatique, se reconcentrer sur ce qu'il a fait si bien sur ses deux premiers romans et nous écrire une de ces friandises artisanales si délectable et qui nous emporte le coeur, plutôt que ces 260 pages guère convaincantes.
Grégoire, je ne vous en veux pas car je serai tout de même au rendez-vous pour votre prochain livre, mais de grâce, retrouvez votre âme d'homme bon et lucide que vous avez si bien su utiliser dans le passé...
Vous pouvez vous faire votre avis en plongeant dans l'oeuvre en question (version papier ou numérique) ici : Librairie Decitre
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Voilà une critique pertinente à laquelle je ne trouve rien à ajouter.
RépondreSupprimerOn a en effet l'impression que l'auteur veut donner des gages de connivence au petit milieu parisien délétère où il doit à présent être reconnu. Ce microcosme clos et aveugle au monde réel s'appelait "la Cour" au temps de La Bruyère et c’était déjà une bande de crétins superficiels.
La distanciation par le récit à la troisième personne autorise le jugement du narrateur et compromet l'adhésion du lecteur. Le regard parisien s'interpose entre nous et les personnages et gâte tout.
La recherche des citations hétéroclites ou des mots rares tombe dans un maniérisme motivé par le désir d'épater la galerie.
C'est raté, c'est chiqué, mais on attend le livre suivant. Vous dites tout cela mieux que moi, mais je suis moins optimiste...
En effet, les références populaires, les parenthèses, les mots rares, ont donné le coup fatal à ce roman en ce qui me concerne. Sans compter la tendance dramatique poussée à l'extrême. Non, pas convaincue.
RépondreSupprimerLu il y a plusieurs semaines, je ne me souvenais même pas des citations genre Piaf, Dion....
RépondreSupprimerJe suis du même avis que toi
Je suis de ton avis...
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu "La liste de mes envies" mais j'en ai bien sûr beaucoup entendu parlé. Je n'ai donc pas de point de comparaison avec ses précédents romans mais j'ai trouvé dans celui ci quelques touches qui m'ont déplus.
En fait je suis mitigée car autant le début et la première partie du roman m'ont agacée, autant j'ai vraiment apprécié les 100 dernières pages. Comme si c'était presque 2 romans différents... Etrange...