Je suis un lecteur curieux et de temps en temps j'aime lire des biographies. D'habitude je m'intéresse à des personnes dont je connais un peu l'oeuvre ou le parcours ou tout du moins dont le patronyme ne m'est pas inconnu. J'avoue mon ignorance, mais le nom de William Blake, vraisemblablement entendu ou trouvé au détour de quelques ouvrages, ne m'évoquait pas grand chose, seulement un poète anglais que je ne situais même pas dans une époque précise. (C'est vrai que la poésie ne berce hélas, ni mes jours, ni mes nuits). Quand j'ai lu sur la quatrième de couverture : "Anticlérical, antimonarchiste, pacifiste, révolté de la misère et de l'injustice sociale, il voulut changer l'homme et le monde.", je me suis senti tout suite attiré pour faire la connaissance de ce personnage du 18ème anglais.
Avouons-le tout de suite, je suis tombé sur un os. L'homme, le poète est effectivement singulier, original. Sa vie la moins été, oscillant entre pauvreté et moment d'aisance relative et les principaux faits marquants se résumant à quelques déménagements. J'exagère un peu, il s'est marié et a produit une oeuvre considérable jusqu'à sa mort. ( poèmes, gravures, illustrations, ...) Si l'artiste a été considéré à son époque comme fou, et malgré la proximité de quelques érudits de son époque, hormis son oeuvre, il n'y a guère d'autres éléments pour raconter sa vie.
Christine Jordis, voulant rester au plus près de la vérité, tente bien quelques supputations sur certains épisodes de sa vie, mais se borne surtout à présenter, analyser, éclairer l'oeuvre multiforme de Blake.
Sa production est énorme mais surtout totalement décalée pour son époque. Blake détestait tous les pouvoirs, de la monarchie au clergé (bien que profondément croyant). Il avait un discours sur la liberté sexuelle et le mariage très très moderne qui lui a permis d'ailleurs de traverser les siècles jusqu'à nos jours où il est étudié pour ses idées décidément bien contemporaines. Sur ces thèmes là, le livre est intéressant mais j'avoue avoir eu plus de mal à accrocher sur toutes les notions d'intérieur de l'homme auxquelles je dois être moins sensible. Si Blake est considéré aujourd'hui comme un visionnaire de par ses idées, à son époque il l'était aussi mais surtout parce qu'il avait de vraies visions. Des représentations imaginaires intenses, généralement bibliques, lui sont apparues toute sa vie. Il croyait bien plus à ses visions qu'au monde qui l'entourait ( ses oeuvres sont le reflets de cette intériorité ), espérant que l'humain en développerait de semblables pour une existence meilleure. (Si j'ai bien compris).
Oui, j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette analyse finalement très spécialisée, énormément documentée et émaillée de la présence tout un tas de savants,chercheurs, écrivains de l'époque de Blake, pour moi parfaitement inconnus. Cela n'aide pas à la lecture ou tout du moins dilue sérieusement l'intérêt pour un lecteur lambda comme moi.
Bien sûr, il est certain que Christine Jordis livre ici un magnifique travail de recherche et de mise en perspective. Cependant, je pense qu'il s'adresse avant tout à des spécialistes de la littérature anglaise ou à des lecteurs très érudits, ce que je ne suis pas. Mais cette lecture, ardue, aura réussi à me faire connaître William Blake et surtout à bien l'ancrer dans ma mémoire grâce à l'effort produit pour aller jusqu'au bout de cet essai biographique.
Pity de William Blake 1795
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